(Lyon) Des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique français (CNRS) s’estimaient vendredi en « bonne voie » pour parvenir à détecter la COVID-19 dans l’air expiré d’une personne malade, en analysant la composition chimique de son souffle.

« On est plutôt confiants d’être sur la bonne voie », a déclaré à l’AFP Christian George, directeur adjoint de l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (Ircelyon). « Il y a encore deux mois, on savait encore peu de choses sur cette maladie, et là, on commence à avoir des informations qui se précisent quasi de jour en jour », a-t-il relevé.

Depuis juin, une équipe de chercheurs, installée à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, a comparé les expirations de « quelques dizaines » de patients atteints de la COVID-19 et de sujets sains, grâce à un gros appareil équipé d’un long tube flexible, appelé spectromètre de masse.  

« Quand une personne souffle dans l’appareil, on enregistre la composition chimique de l’air expiré », a expliqué M. George, précisant que chaque expiration contenait « 30 000 informations/seconde ».

« Ce qu’on fait, c’est un traitement statistique pour voir quelles sont les informations qui diffèrent des patients (atteints de COVID-19, NDLR) des personnes saines », a-t-il poursuivi.

« Les premiers calculs ont montré qu’on peut séparer les patients des personnes saines », s’est-il félicité avec prudence, en rappelant que « dans un projet de recherche, tout peut aller de travers jusqu’au dernier moment ».

Il reste en effet des étapes à franchir. Comme la réalisation d’une « spéciation chimique » pour déterminer les composés volatiles typiques de la COVID-19, une sorte de « signature » propre qui se retrouverait dans le souffle.

« On reste très prudents, parce qu’il faut maintenant qu’on s’assure que ce qu’on observe est spécifique à la COVID-19 et que d’autres maladies respiratoires ont une signature bien distincte », a expliqué le chercheur.

Identifier cette signature de la COVID-19 permettrait notamment d’aboutir à un système de détection très simple, de type « éthylotest, avec une lumière verte et rouge » alors que « la machine que nous utilisons actuellement est chère et compliquée à utiliser », a souligné M. George.

Cette complexité en fait un outil peu adapté à l’environnement hospitalier, selon le chercheur.

Toutefois, en cas de « deuxième crise (épidémique) à l’automne », « il n’est pas impossible qu’on puisse être […] prêts pour faire un premier tri (entre les personnes malades et non malades) à l’arrivée de l’hôpital », a-t-il avancé.

Selon lui, cette méthode de détection par le souffle pourrait même marquer « le début » d’une « nouvelle ère du diagnostic médical », et être étendue à d’autres pathologies respiratoires.