(Ottawa) Un sénateur de l’Alberta exhorte Ottawa à financer une entreprise canadienne pour qu’elle puisse mettre au point, à l’échelle nationale, un vaccin contre la COVID-19 afin de réduire le risque que les Canadiens aient à faire la file d’attente pour accéder à un vaccin de fabrication étrangère.

« Je crois vraiment que nous devons maintenir la pression maintenant sur le gouvernement du Canada, que je ne critique pas. Je comprends que c’est une période inhabituelle. Peut-être que c’est en cours, ou peut-être que c’est tombé entre les mailles du filet. Mais nous ne pouvons pas permettre que cela se produise (s’en remettre à une entreprise étrangère) », a déclaré le sénateur Doug Black dans une entrevue accordée lundi à La Presse canadienne.

« Je ne critique personne. Mais je critiquerai les gens s’ils ne voient pas cela comme une occasion de protéger les Canadiens. »

Doug Black ajoutait sa voix à celle de nombreux professionnels de la santé qui se demandent pourquoi le gouvernement Trudeau n’a pas encore pris de décision sur la proposition de 35 millions visant à financer Providence Therapeutics.

L’entreprise Providence Therapeutics a indiqué au gouvernement qu’elle pourrait livrer cinq millions de doses de son nouveau vaccin ARNm d’ici la mi-2021 pour une utilisation au Canada si elle était en mesure de réussir les essais sur des humains.

Le chef de la direction de Providence, Brad Sorenson, a déclaré à La Presse canadienne qu’il n’avait pas eu de réponse du gouvernement depuis la fin du mois de mai, après que son entreprise eut soumis sa proposition en avril et après que le gouvernement l’eut contactée en tant que possible fabricant de vaccins.

En Europe et aux États-Unis

La technologie de l’ARNm est nouvelle, mais Doug Black et d’autres estiment qu’elle a du potentiel.

Ils soulignent les milliards de dollars que deux autres entreprises ont reçus du gouvernement américain pour poursuivre des recherches en utilisant la même nouvelle approche, qui consiste à utiliser un fragment clé de matériel génétique au lieu de travailler avec un échantillon inactif de virus vivant.

La société américaine Moderna a entamé lundi les essais sur 30 000 personnes après avoir reçu des centaines de millions de dollars du gouvernement américain.

La semaine dernière, les États-Unis se sont engagés à payer à l’Allemande BioNTech et à son partenaire américain Pfizer 1,95 milliard pour produire 100 millions de doses si leur vaccin s’avère sûr et efficace chez l’homme.

« Je vois l’engagement pris par les gouvernements européen et américain envers cette technologie identique et je me dis : “Hum, pourquoi ne poursuivons-nous pas cela de manière énergique au Canada ?” », a déclaré le sénateur Black.

« Toutes les pierres doivent être retournées dans la recherche d’une solution canadienne contre la COVID. »

Des professionnels de la santé ont également écrit au ministre de l’Innovation Navdeep Bains pour lui demander de prendre une décision.

Le porte-parole du ministre Bains, John Power, a indiqué qu’il ne pouvait pas commenter des propositions spécifiques, mais a précisé que le processus d’évaluation était en cours.

L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la docteure Theresa Tam, a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse que l’ARNm est une technologie expérimentale plus récente « mais tout à fait digne de faire partie de l’analyse et elle sera considérée comme faisant partie du portefeuille d’investissement ».

Le gouvernement fédéral a créé un fonds de 600 millions pour soutenir les essais cliniques et la fabrication de vaccins au Canada.