(Québec) La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a chaudement félicité les Québécois, lundi, pour « le civisme extraordinaire » dont ils font preuve en adhérant massivement à l’obligation de porter un couvre-visage dans les lieux publics fermés. C’est une habitude qu’il faudra garder longtemps, a toutefois prévenu Mme Guilbault.

« Je veux vraiment remercier les Québécois pour le civisme extraordinaire qu’on a observé depuis samedi », a déclaré la vice-première ministre en point de presse à Québec.

« Il y a toujours quelques cas isolés de récalcitrants, a reconnu Mme Guilbault. Mais dans l’ensemble, les Québécois ont massivement adhéré au port du masque, du couvre-visage, partout au Québec. Alors, je veux vraiment les en remercier. »

La ministre de la Sécurité publique y voit un « outil très important » en ce début de vacances de la construction, qui amènent « un brassage de population ». Un outil que les Québécois devront conserver après les vacances, a-t-elle toutefois précisé. « C’est une bonne habitude qu’on va devoir conserver vraisemblablement pour un bout de temps. Donc, habituons-nous », a dit Mme Guilbault.

Sur une période certainement non définie, assez longue […], je pense qu’il va falloir s’habituer à cette réalité-là, au moins pour les lieux publics et puis les transports.

Le DRichard Massé, conseiller médical stratégique à la Direction générale de la santé publique

Si le masque de procédure offre une protection d’environ 85 % pour contrer les émissions de gouttelettes, il est difficile de mesurer l’effet du couvre-visage dans la population générale, a cependant reconnu le DMassé. « Quand bien même que ça réduirait de 15 %, 20 %, 25 %, 30 %, bien, c’est déjà ça de pris », a plaidé le conseiller médical stratégique. Cela dépend toutefois de la façon dont ce masque est porté, a-t-il souligné. « Il faut absolument que les gens le portent bien, qu’ils le portent tout le temps, qu’ils ne le portent pas comme un couvre-menton. »

La vice-première ministre a dit souhaiter que le couvre-visage devienne une normalité. « Plus on va le porter longtemps, plus ça va devenir banal puis, à un moment donné, on n’en parlera peut-être même plus. Mais, pour l’instant, j’encourage les gens à s’y résigner », a-t-elle conclu.

Peu d’interventions policières

La Sûreté du Québec (SQ) a reçu 72 appels reliés au port du masque au cours de la fin de semaine et n’a donné aucun constat d’infraction, a indiqué la ministre de la Sécurité publique. L’état d’esprit, en ce moment, est plutôt « de faire des rappels, de faire de la sensibilisation », a précisé Mme Guilbault.

Le couvre-visage n’a pas fait beaucoup de vagues à Montréal non plus. Sur 8543 appels reçus à la centrale 911 durant la fin de semaine, seulement 103 touchaient « de près ou de loin » le port du masque, indique le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). « On parle vraiment d’anecdotique », a commenté l’inspecteur André Durocher. Environ la moitié de ces appels visait à demander de renseignements généraux ou à dénoncer des situations, et l’autre moitié était motivée par des conflits ou des demandes d’expulsion. Cependant, « le seul évènement où on a procédé à une intervention, c’est celui qu’on a vu sur les médias sociaux samedi », a indiqué le porte-parole du SPVM.

Inspections au camping

Le début des vacances de la construction a été l’occasion de rappeler l’importance des précautions d’usage, même en camping. « C’est à nous, comme campeurs, de nous assurer que nous, notre petite famille, nos enfants, on respecte les règles, on reste à deux mètres. Si ce n’est pas possible, on met notre couvre-visage », a indiqué Mme Guilbault en conseillant d’éviter « de se rassembler dans des grands, grands groupes ». Québec a d’ailleurs les terrains de camping à l’œil. « Il y aura davantage d’inspections qui vont être faites […] pour, encore là, s’assurer que les règles de santé publique sont respectées à la fois par les propriétaires et par les campeurs. »

Gare aux noyades

La ministre de la Sécurité publique a aussi lancé un appel à la prudence près des points d’eau, soulignant que 52 personnes sont mortes noyées au Québec depuis le début de l’année, contre 36 à la même période l’an dernier. La chaleur et le fait que les Québécois prennent leurs vacances au Québec contribuent au phénomène, a-t-elle reconnu. L’accès restreint aux piscines, qui en amène certains à se tourner vers « des endroits de baignade de fortune qui ne sont pas nécessairement propices à la baignade » également. « Surveillez vos enfants, évitez de consommer trop d’alcool, évitez de vous baigner seuls aussi », a recommandé Mme Guilbeault, en rappelant l’importance de porter la ceinture de sauvetage à bord des embarcations. « Si vous voulez avoir des belles anecdotes de vacances à raconter plutôt que des drames à affronter, soyez prudents », a-t-elle lancé.

Situation « sous contrôle »

Le bilan quotidien du gouvernement du Québec a fait état 2 nouveaux décès imputables à la COVID-19 lundi, pour un total de 5657 morts depuis le début de la pandémie. De plus, 150 nouveaux cas ont été confirmés dans les 24 heures précédentes. « En ce moment, la situation, elle est stable, elle est sous contrôle », a indiqué la ministre Guilbault. « Cette hausse-là a été observée en parallèle du fait qu’il y a eu aussi beaucoup plus de tests qui ont été effectués », a-t-elle fait valoir. Du 14 au 18 juillet, plus de 12 000 prélèvements ont été réalisés chaque jour, avec une pointe de 15 258 prélèvements le 16 juillet, montrent les données publiées par Québec. À ce jour, 57 616 cas de COVID-19 ont été confirmés dans la province. De ce nombre, 251 personnes sont toujours hospitalisées, dont 17 aux soins intensifs. Le nombre d’hospitalisations était le même que la veille, lundi, et les soins intensifs comptaient un patient de moins. Par ailleurs, le comité exécutif de la Ville de Montréal a renouvelé l’état d’urgence pour une durée de cinq jours lundi. Cet état d’urgence local en vigueur le 27 mars dernier confère des pouvoirs exceptionnels pour lutter contre la COVID-19.