(Québec) Même si on devait assister à une recrudescence de la contagion au coronavirus au Québec, le gouvernement Legault n’entend pas procéder à une large opération de confinement, la stratégie qu’il avait adoptée en mars dernier. Un plan de « reconfinement » existe, et cette fois, on procédera de manière beaucoup plus « ciblée », ont indiqué à La Presse des sources proches du dossier.

Pas question donc de revenir au « mur à mur » dans les restrictions, la formule que vient de choisir la Californie, qui fait face à une recrudescence importante des cas. Le gouverneur, Gavin Newsom, a annoncé cette semaine que les bars, les restaurants et les cinémas de tout l’État fermaient de nouveau. Une série de commerces seront aussi bouclés dans une trentaine de comtés à risque, dont la mégalopole de Los Angeles. Cet État populeux avait, le premier, décrété un confinement général en mars dernier.

Dans une tournée médiatique en Mauricie mardi, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a soutenu qu’il ne voulait pas revenir en arrière, reconfiner, à cause notamment de l’impact psychologique de cette nouvelle dose d’isolement.

À l’interne, au gouvernement, on est plus pragmatique ; une nouvelle opération de confinement risque de couper le lien avec la population, qui n’accepterait pas un nouveau sacrifice.

Le gouvernement Legault a les yeux rivés sur le « taux de contamination », le fameux R0, qui doit être autour de 1 pour qu’on puisse prétendre maîtriser la situation. Québec avait commencé à déconfiner quand il avait observé qu’un individu positif n’avait transmis le virus qu’à 1,2 personne. Cet indice, davantage que le nombre de cas observés, sert de déclencheur à la Santé publique.

Mais à l’interne, on avoue ne pas avoir l’assurance, actuellement, du stade où se situe le Québec ; la première vague est-elle terminée, se trouve-t-on en face d’éclosions sporadiques ?

Les bars d’abord

Au Québec, si le nombre de cas augmente, la première cible sera à coup sûr les bars, que Québec a rouverts à contrecœur. Après leur réouverture, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait vite annoncé une restriction nouvelle – la vente d’alcool doit se terminer à minuit et les clients doivent quitter les lieux avant 1 h du matin.

En dépit des récriminations des tenanciers, M. Dubé n’a pas caché que ces établissements restaient dans sa ligne de mire.

Du point de vue de la santé publique, les débits de boisson sont le type de commerce le plus susceptible de favoriser la contamination. Les clients, souvent jeunes, s’y trouvent à proximité les uns des autres, dans des espaces clos, pendant de longues périodes. Et ces clients sont susceptibles de contaminer leurs parents, puis les clients des commerces où, souvent, ils travaillent, observe-t-on à la Santé.

En revanche, les restaurants ne figurent pas aussi haut que les bars dans la liste des cibles d’un retour au confinement.

Les centres d’hébergement et de soins de longue durée, épicentres de la première vague, seront abordés de façon bien différente qu’en mars. On ne prévoit pas d’interdire l’accès aux proches aidants dans des régions où le virus est virtuellement absent, par exemple.

Chantiers et écoles épargnés

En cas de résurgence de la contamination, Québec compte intervenir de manière chirurgicale pour endiguer une éclosion en isolant une ville, une localité, voire un quartier. Au ministère de la Santé, on s’interroge cependant sur la praticabilité d’une stratégie de confinement pour un quartier, qui supposerait la mise en place d’un cordon de surveillance autour d’un site.

Le secteur de la construction, qui avait été rapidement déconfiné, n’est pas dans la ligne de mire du gouvernement. Autre bonne nouvelle, Québec a observé que le secteur de l’éducation n’est pas un vecteur important de contamination. Pas question de boucler à nouveau les écoles primaires et secondaires, mais on continuera de tenir à l’œil les cégeps et les universités.