(Ottawa) Le Groupe de travail national sur l’immunité face à la COVID-19 a commencé à tester des milliers d’échantillons de sang pour détecter la présence d’anticorps. Il devrait être en mesure de produire une image plus détaillée du nombre de Canadiens infectés par le nouveau coronavirus d’ici quelques semaines.

Cependant, il faudra beaucoup plus de temps avant d’en savoir plus sur le type de protection procuré par les anticorps contre une nouvelle infection, prévient le Dr Timothy Evans, directeur administratif du groupe de travail.

De plus, la plupart des personnes dont le sang est testé ne seront pas informées des résultats en raison de la façon dont le sang est collecté pour les tests, ajoute-t-il.

« Les individus n’auront pas la possibilité de connaître leur statut », a fait savoir le DEvans, qui est également directeur de l’École de médecine des populations et de la santé mondiale de l’Université McGill.

Plus de 105 000 Canadiens ont été déclarés positifs à la COVID-19 depuis le début de la pandémie. De nombreux autres ont été malades, mais n’ont pu se faire tester parce que les provinces imposaient des limites jusqu’à il y a quelques semaines.

Le Dr Evans rappelle qu’un nombre important de personnes atteintes sont asymptomatiques et n’ont aucune idée qu’elles ont déjà été malades. Il mentionne que des tests d’immunité réalisés dans d’autres pays laissent entendre que le taux d’infection réel est de 10 à 20 fois plus élevé que le nombre de cas confirmés.

Le plan du groupe de travail comporte plusieurs volets pour déterminer le véritable taux d’infection au pays. Le DEvans souligne que jusqu’à 1600 échantillons de sang sont testés quotidiennement. Les chercheurs sont à la recherche de signes indiquant qu’un patient a les anticorps provenant d’une infection antérieure.

Les premiers tests sont effectués sur 40 000 échantillons prélevés auprès de personnes ayant donné du sang à la Société canadienne du sang ou à Héma Québec depuis mai.

« J’espère que dans les deux prochaines semaines, nous aurons un premier chiffre », dit-il.

Les premiers résultats révéleront le nombre d’échantillons ayant montré des anticorps, mais n’incluront aucune spécificité quant au genre des personnes testées ou leur répartition géographique.

« D’ici à la fin du mois de juillet, nous nous attendons à avoir une image plus détaillée de ce que nous appelons la séroprévalence, la présence d’anticorps dans le sang, par tranche d’âge et par répartition géographique », souligne le DEvans.

Le directeur administratif du groupe de travail mentionne que la Société canadienne du sang ne peut pas retracer les échantillons jusqu’aux patients qui les ont donnés. On ne pourra donc pas prévenir ceux qui auront des anticorps. Il ajoute que Héma Québec lui a indiqué qu’il pourrait être possible de le faire, mais rien n’a été décidé à ce sujet.

Un autre programme de tests commence actuellement sur 25 000 échantillons de sang prélevés sur des femmes enceintes. Les chercheurs utiliseront du sang prélevé régulièrement au cours du premier trimestre de la grossesse pour dépister les infections sexuellement transmissibles et vérifier l’immunité contre d’autres maladies comme la rubéole. Les tests de dépistage des anticorps de la COVID-19 s’ajouteront à cette liste pour toutes les femmes enceintes au Canada, jusqu’en décembre. Les femmes seront informées si leur test est positif, assure le DEvans.

Evans ajoute qu’il y a également environ 30 000 échantillons de sang détenus dans les laboratoires provinciaux qui sont testés pour les anticorps.

Les tests que le groupe de travail utilise ne nécessitent qu’une petite quantité de sang — moins d’un vingtième d’une cuillère à café, en général — mais c’est toujours plus que ce qui provient d’une piqûre au doigt.

Le Dr Evans fait valoir que la compréhension du nombre de personnes infectées peut aider à orienter les décisions politiques sur le lieu de la première vaccination. On peut aussi déterminer les effets que des mesures spécifiques de santé publique peuvent avoir entraînés dans certains contextes comme les centres de soins de longue durée, les hôpitaux et les écoles.

Le groupe de travail a également un mandat de deux ans pour essayer de voir quel type de protection procurent les anticorps et leur durée de vie. Le DEvans signale que ces études commençaient à peine et prendront du temps, notamment pour voir si les personnes qui ont développé des anticorps ont été infectées au cours d’une deuxième ou troisième vague de la pandémie.