(Montréal) La reprise de l’activité touristique est accueillie avec une certaine appréhension, en particulier dans les petites villes à l’extérieur de Montréal, qui était l’épicentre de la pandémie de COVID-19 de la province.

Si bon nombre de ces municipalités accueillent favorablement le coup de fouet économique apporté par les visiteurs estivaux, certains résidants craignent qu’un afflux de touristes ne les mette en danger.

Ainsi, une pétition lancée le 21 juin exhorte les autorités de la MRC de Matawinie dans Lanaudière, à donner la priorité aux besoins des résidants au détriment des touristes venant de l’extérieur.

Plus de 8000 personnes ont signé la pétition qui dénonce ceux qui auraient pris la région « en otage ».

C’est la trop forte popularité des chutes Dorwin, à Rawdon, qui a déclenché la colère d’une partie de la population de la région.

Le maire de Rawdon, Bruno Guilbeault, ne se souvient pas d’un tel phénomène.

Les parcs municipaux sur les bords de la rivière Ouareau « débordaient » le week-end dernier de touristes venant de l’extérieur de la région. La foule avait deux fois sa taille habituelle, dit M. Guilbeault. Même lorsque les autorités ont installé des panneaux indiquant que les parcs étaient remplis au maximum de leur capacité, les gens n’ont pas rebroussé chemin.

Plusieurs de ces visiteurs ont garé leur voiture sur les pelouses des résidants ou près des berges. De grands groupes de personnes étaient rassemblés à divers endroits.

« J’ai 60 ans. Je suis originaire de Rawdon. J’ai rarement — rarement — vu quelque chose de semblable », dit-il.

Cette lourde fréquentation a poussé la ville à fermer le parc des chutes Dorwin, le parc des Cascades et une plage municipale aux non-résidants jusqu’au 30 juin pour lui donner le temps de mettre en place un meilleur système pour s’assurer que tous puissent maintenir une distance physique pour empêcher la propagation de la COVID-19.

« La décision a été assez facile à prendre. Nous n’avions pas le choix », soutient M. Guilbault.

Le nombre de cas de COVID-19 et de décès liés à la pandémie ont récemment chuté au Québec. Si le directeur de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, a déclaré jeudi que ces diminutions étaient des bonnes nouvelles pour la province, il a enjoint la population à respecter les mesures de distanciation physique pour éviter une deuxième vague. « Il faut encore faire attention », a-t-il lancé.

Les parcs provinciaux

Mais pour la plupart des Québécois incapables de voyager à l’extérieur de la province en raison de la pandémie, les attractions touristiques locales deviennent plus attrayantes.

Le porte-parole de la SEPAQ, Simon Boivin, mentionne que de nombreuses personnes ont manifesté un « vif intérêt » à visiter les parcs provinciaux cette année.

Environ 140 000 laissez-passer annuels pour les 24 parcs extérieurs de la SEPAQ ont été vendus en trois jours cette semaine, souligne-t-il.

Selon lui, le nombre des réservations pour les places de camping de la fin juin à la fin octobre a bondi de 11 % par rapport à l’an dernier.

« L’été est toujours une période chargée pour le réseau de la SEPAQ, mais nous pensons effectivement qu’il est plus populaire cette année », fait valoir M. Boivin.

Les parcs provinciaux ont publié en ligne une liste de directives que les gens doivent respecter pour minimiser le risque de propagation de la COVID-19.

Les centres d’information et autres zones communes à l’intérieur des parcs ont des repères physiques de distanciation, et certains sentiers ont également été équipés de panneaux permettant aux randonneurs de savoir si les sentiers sont à sens unique ou à double sens.

Selon le ministère du Tourisme, il appartient à la police de s’assurer que les règles de santé publique sont respectées. Les municipalités peuvent également prendre des mesures pour gérer un afflux de touristes.

« Nous sommes convaincus que les visiteurs agiront de manière à assurer leur sécurité et celle des lieux où ils passeront leurs vacances », a déclaré une porte-parole du ministère, Virginie Rompre, dans un courriel.

Quant à la situation à Rawdon, M. Guilbault mentionne que les parcs et la plage de la ville rouvriront aux non-résidants à 10 heures, le 30 juin.

Des gardes de sécurité supplémentaires seront en place et la ville a installé des panneaux interdisant le stationnement.

M. Guilbault se dit persuadé que les choses se passeront mieux et que les craintes d’une prise en otage de la région ne se matérialiseront pas. « Nous ne voulons plus de débordements ».