(Montréal) L’édition 2020 du festival des déménagements prend une tout autre allure cette année au Québec, alors que le coronavirus s’invite dans nos boîtes, nos camions et nos escaliers.

Mais rassurez-vous : vous n’aurez probablement pas besoin de porter un masque pour descendre votre vieux frigo du troisième étage avec l’aide de votre meilleur ami.

« Le réfrigérateur sert de barrière physique parce que nous sommes de chaque côté, a expliqué la docteure Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine. Les côtés du frigo vont arrêter nos gouttelettes, comme si on avait un plexiglas entre nous deux. »

S’il est question de colocataires ou de membres d’une même famille qui partent tous ensemble vivre ailleurs, on peut aussi un peu baisser la garde puisqu’on a affaire à des gens qui se côtoient d’emblée tous les jours, poursuit-elle.

Autrement, les précautions d’usage — comme le port du masque et le respect d’une distance d’au moins un mètre, mais idéalement de deux — restent de mise.

« Si on est à un mètre, on ne se crie pas dans les oreilles les uns des autres parce que c’est certain qu’on projette davantage à ce moment-là », a dit la docteure Quach.

De plus, il faut garder en tête que le risque de transmission est relativement faible lors d’un contact de 10 minutes ou moins, ajoute-t-elle. Lorsque cela est possible, on travaille donc chacun dans son coin, sinon dos à dos. Si des échanges face à face sont nécessaires, on procède le plus rapidement possible.

Le plus important est de s’assurer que tous ceux qui participent au déménagement sont en parfaite santé. Au moindre signe inquiétant, estime la docteure Quach, vaut mieux s’abstenir.

« Si le moindrement on a le nez qui gratte ou la gorge qui pique, ce qui pourrait être des symptômes précurseurs de la COVID, on passe notre tour et on envoie quelqu’un d’autre aider », a-t-elle demandé.

Nouvel espace de vie

Le ménage qu’on ferait normalement en arrivant dans un nouvel espace de vie devrait suffire à éliminer le virus s’il est présent.

Les données scientifiques actuelles démontrent en effet que le risque de transmission par le biais de surfaces contaminées est moins grand que le risque de transmission par gouttelettes infectées.

« Ça existe quand même, si quelqu’un vient de faire un gros apitchoum sur la porte du frigo et qu’on se met la main dessus, a précisé la docteure Quach. Autrement, le ménage habituel qu’on ferait en entrant dans un appartement pour se débarrasser de tout le reste, et pas seulement de la COVID, c’est suffisant. Le virus est sensible à tous les produits d’entretien ménager. »

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À moins que l’occupant précédent ait été malade et qu’il ait toussé à pleins poumons, une fois que les meubles auront été sortis, que les portes et fenêtres auront été ouvertes et que l’air aura circulé, le virus qui était potentiellement en suspens dans l’air aura été suffisamment dilué pour qu’on puisse emménager en toute tranquillité d’esprit.

Cela étant dit, c’est possiblement après le déménagement que le danger d’infection sera le plus important, selon la docteure Quach.

« Là où le risque de transmission de la COVID est le plus grand est lorsqu’on s’installe tous ensemble pour manger sa pizza [ou sa salade] et boire sa bière [ou son champagne], les uns à côté des autres [ou en face] en se félicitant d’avoir survécu, a-t-elle ajouté dans un courriel. C’est là que la garde tombe et qu’on risque de s’infecter. Message : on mange ensemble, dehors, mais on s’assure de rester à [deux mètres] des autres. »