(Toronto) Une nouvelle étude révèle que la proportion de décès dus à la COVID-19 au Canada survenus dans des établissements de soins de longue durée est environ le double de la moyenne des autres pays développés.

L’analyse publiée jeudi par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) présente un portrait accablant des soins offerts aux personnes âgées au 25 mai, alors que les résidants d’établissements de soins de longue durée représentaient 81 % de tous les décès liés à la COVID-19 signalés dans le pays, contre une moyenne de 42 % dans tous les pays étudiés.

Les données comparent le bilan du Canada à celui de 16 autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques. La proportion de décès en établissement de soins de longue durée variait de moins de 10 % en Slovénie et en Hongrie à 31 % aux États-Unis et à 66 % en Espagne.

À 5324, le nombre de décès dans les établissements de soins de longue durée au Canada était près de la moyenne, mais les données variaient considérablement d’un pays à l’autre : de 28 en Australie à 30 000 aux États-Unis, et plus de 10 000 en France, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni.

Les chercheurs soulignent les limites qui empêchent certaines comparaisons — les pays varient dans les pratiques de test et de déclaration de la COVID-19 et dans leur définition des soins de longue durée.

En outre, les cas de COVID-19 sont souvent sous-déclarés, et dans le cas de l’Italie, les données n’étaient disponibles que pour 52 % des maisons de soins de longue durée du pays.

Néanmoins, Tracy Johnson, directrice de l’analyse des systèmes de santé de l’ICIS et des nouveaux enjeux, affirme que les données offrent un aperçu précieux d’une tragédie que de nombreuses familles, aidants naturels et résidents tentent d’illustrer depuis le début de la pandémie.

Mme Johnson note que les pays qui ont pris des précautions supplémentaires en soins de longue durée en même temps que la mise en place de mesures de confinement ont enregistré moins d’infections et de décès dans les établissements de soins de longue durée.

Cela inclut l’Australie, l’Autriche et la Slovénie, qui ont commandé de vastes tests et offert des formations dans les établissements de soins de longue durée, mis en place des salles d’isolement pour gérer les éclosions, embauché des effectifs supplémentaires, créé des équipes spécialisées et fourni des équipements de protection individuelle.

Selon Mme Johnson, que l’étude suggère que de telles mesures pourraient être essentielles pour atténuer l’impact d’une éventuelle deuxième vague.

Mais pour l’instant, elle note que plusieurs des installations les plus durement touchées au Canada sont toujours aux prises avec les retombées dévastatrices des infections existantes.

« Même si [des mesures sont instituées], d’autres personnes mourront parce que certains sont infectés en ce moment, et les éclosions ont toujours lieu », souligne-t-elle.

« Cependant, certaines des mesures de contrôle aideront probablement au moins à maintenir les taux inchangés. »

Le contraste des décès dans les établissements de soins de longue durée est encore plus frappant entre les provinces et les territoires, selon le rapport, qui note que les décès dans ces centres représentent plus de 70 % de tous les décès dus à la COVID-19 au Québec, en Ontario et en Alberta et 97 % de tous ceux enregistrés en Nouvelle-Écosse.

Il n’y en avait eu aucun à Terre-Neuve-et-Labrador, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et dans les territoires au moment de l’étude. Depuis, deux résidents en soins de longue durée sont décédés au Nouveau-Brunswick.