(Québec) La coroner en chef du Québec déclenche une « vaste enquête publique sur certains décès survenus au cours de la pandémie de COVID-19 dans les CHSLD » et autres milieux d’hébergements pour aînés. Un rapport établissant des recommandations pour « éviter un même drame » à l’avenir est attendu pour 2021.

En entrevue avec La Presse, la coroner en chef, Me Pascale Descary, a affirmé que cette enquête est « pertinente et essentielle » et représente « la contribution du Bureau du coroner pour apaiser les familles [endeuillées] et leur permettre de comprendre ce qui s’est passé et éviter que ça se reproduise ».

« On ne ramènera jamais ces défunts, mais si notre enquête peut éviter un même drame [dans l’avenir], ça sera notre contribution », a déclaré Mme Descary. Sur les 5293 décès causés par le coronavirus au Québec en date du 16 juin, 3642 provenaient de CHSLD, 932 de résidences pour aînés (RPA) et 234 de ressources intermédiaires (RI).

Des audiences publiques, une enquête ouverte

La coroner et avocate Me Géhane Kamel présidera l’enquête publique du Bureau du coroner. Elle sera pour l’occasion accompagnée de Dr Jacques Ramsay, un coroner ayant une formation médicale, ainsi que de procureurs et du personnel administratif.

La coroner en chef du Québec prévient toutefois que l’enquête ne couvrira pas tous ceux qui sont décédés de la COVID-19 dans des milieux de vie pour aînés, mais que ceux dont le décès est survenu entre le 12 mars et le 1er mai dans un CHSLD, une résidence privée pour aînés ou un autre milieu de vie pour personnes vulnérables ou en perte d’autonomie, et ce dans un contexte violent, obscur ou qui serait lié à de la négligence.

« J’ai jugé important d’utiliser l’outil d’une enquête publique pour éclairer la population. (…) Il y a une nécessité d’entendre des témoins et de placer le débat dans une perspective publique. C’est une problématique de société suffisamment importante pour élargir le débat au-delà d’un seul décès et pour embrasser plus largement la réflexion et les pistes de solutions », a dit la coroner en chef.

En avril, le Bureau du coroner avait aussi ouvert une enquête sur les décès survenus au CHSLD privé Herron de Dorval. « L’analyse portera donc dans un premier temps sur les faits entourant les décès recensés dans cet établissement. Par la suite, Me Kamel et son équipe sélectionneront des décès dans plusieurs types de résidences et dans plusieurs régions afin de dresser un portrait représentatif de la situation à l’échelle provinciale », a-t-on expliqué au Bureau du coroner.

Québec promet sa pleine collaboration

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a promis mercredi la pleine collaboration du gouvernement dans l’enquête du Bureau du coroner. Elle a également promis que les recommandations qui seraient formulées dans le rapport final seront respectées.

« Quand on fait des recommandations, je les suis. (…) En tant que ministre responsable des aînés et des proches aidants, si je suis là, je vais faire tout ce qui est en mon possible pour qu’on puisse mettre en oeuvre les recommandations du coroner », a déclaré Mme Blais.

« Il n’y a pas un gouvernement qui veut maltraiter les personnes âgées. Il n’y a pas une personne qui se lève le matin en se disant ce matin, je me lève pour aller maltraiter quelqu’un. Ce n’est pas le cas. C’est une triste histoire, on a perdu beaucoup de personnes vulnérables au Québec et on ne veut pas répéter l’histoire », a-t-elle ajouté.

Québec n’exclut d’ailleurs pas, comme le rapportait récemment La Presse, de tenir parallèlement une commission scientifique et technique afin de faire la lumière sur l’hécatombe dans les CHSLD provoquée par la pandémie de COVID-19.

« Tout est sur la table », a résumé la ministre Blais. Le Protecteur du citoyen a également annoncé en mai dernier qu’il lançait « une enquête impartiale et indépendante à l’égard du ministère de la Santé et des Services sociaux et de certains établissements du réseau public de la santé » pour « faire la lumière sur la réponse du gouvernement et du réseau de la santé à la crise de la COVID-19 dans les milieux de vie collectifs pour aînés ».