(Ottawa) Les risques que le gouvernement Trudeau chute mercredi semblent minces. Le vote de confiance qui se tiendra aux Communes se déroulera alors que la COVID-19 est toujours dans le portrait, et qu’aucun des partis de l’opposition n’a réellement d’intérêt envers un appel aux urnes hâtif.

Les subsides seront mis aux voix mercredi après-midi, une procédure visant à permettre au gouvernement de demander au Parlement d’approuver des fonds pour s’acquitter de ses obligations financières et mettre en œuvre des programmes déjà approuvés. Le tout devrait s’échelonner sur cinq heures pour environ 6 milliards de dollars.

Minoritaires, les libéraux doivent s’assurer de rallier au moins un des partis de l’opposition pour survivre. Mais dans un contexte où les conservateurs n’ont pas de chef permanent et que tant les bloquistes que les néo-démocrates ne disposent pas du trésor de guerre nécessaire pour une lutte électorale, il y a fort à parier que scrutin hâtif il n’y aura pas.

Les bloquistes, qui ont appuyé le gouvernement Trudeau dans le passé, n’ont pas ouvert leur jeu encore. Leur chef, Yves-François Blanchet, parlera de ce vote de confiance dans une conférence de presse mardi matin. Dans le camp du NPD, sans vouloir trop dévoiler ses intentions, Alexandre Boulerice suggère qu’on ne compte pas renverser le gouvernement.

« La priorité, c’est la prolongation de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pour les gens qui vont en avoir besoin début juillet, quand ça va prendre fin pour certains, a dit le chef adjoint du NPD en entrevue avec La Presse. La priorité, c’est d’aider les gens, et je ne pense pas que d’avoir des élections, ça va aider qui que ce soit en ce moment. »

Le Parti conservateur n’a pas précisé ses intentions quant au vote de mercredi.

La PCU sera prolongée

Le chef du NPD Jagmeet Singh a réclamé une prolongation de quatre mois de la PCU, qui offre un chèque imposable de 2000 $ par mois à des gens dont le gagne-pain a été touché par la crise de la COVID-19.

Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué lundi, lors de son allocution quotidienne à Rideau Cottage, que le fédéral ne fermerait pas le robinet. « Si vous avez du mal à trouver un emploi, vous ne devriez pas non plus avoir à vous inquiéter de ne plus toucher la PCU », a-t-il déclaré.

Les détails restent à ficeler, à en croire ses propos. « On est en train de trouver une solution pour prolonger la période de prestations. […] On aura plus de détails pour vous cette semaine, mais pour l’instant, je veux que vous sachiez qu’on va continuer d’être là pour vous et votre famille », a-t-il soutenu.

Il n’a pas précisé comment serait réaménagée l’aide directe qui avait été réclamée par 8,4 millions de Canadiens en date du 4 juin dernier, pour une facture de 43,51 milliards de dollars au Trésor public – et qu’environ 1,2 million d’entre eux ont cessé de toucher, selon Ottawa.

Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) s’en est néanmoins réjoui. « Voilà enfin une perspective qui semble rassurante, a déclaré Pierre Céré, porte-parole du CNC. On le répète, la PCU doit être prolongée, ça doit être la priorité, nous avons hâte de voir les détails. »

Les libéraux ont inclus dans le projet de loi C-17 déposé mercredi passé des retouches aux critères de la PCU, ainsi que de sévères sanctions pour les personnes qui tenteraient de toucher frauduleusement ce chèque.

La mesure législative est cependant bloquée, le gouvernement Trudeau n’ayant pas réussi à négocier un terrain d’entente avec les partis de l’opposition.