Les autorités sanitaires et carcérales pensaient bien en avoir fini avec la COVID-19 à l’Établissement de détention de Montréal, communément appelé Bordeaux, mais le coronavirus effectue un retour dans un secteur qui n’avait pas encore été touché, a appris La Presse.

Depuis vendredi, deux agents correctionnels et trois détenus affectés et incarcérés dans le secteur B-6, un pavillon sécuritaire qui abrite principalement des prévenus (en attente de procès) pour crime grave, ont été déclarés positifs. L’un des trois détenus a même été hospitalisé pour des problèmes respiratoires. On ignore son état de santé pour le moment.

Avant ces nouvelles infections, il s’était écoulé plus d’une semaine depuis le dernier cas signalé, et les autorités considéraient pratiquement les détenus et agents infectés antérieurement comme guéris, et la propagation dans l’établissement, comme terminée, affirme Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec.

« C’était toutefois un peu hypothétique, car on ne teste pas les détenus une 2e fois. On craint maintenant une nouvelle éclosion. La Santé publique ne comprend pas comment la COVID-19 a pu revenir dans un secteur qui n’avait pas été touché auparavant. On constate que cela semble vouloir couver longtemps à Bordeaux », affirme le chef syndical.

Au plus fort de la pandémie à Bordeaux, soit autour du 20 mai, une quarantaine d’agents et plus de 90 détenus ont été infectés. Une personne incarcérée de 72 ans a été transportée à l’hôpital où elle est morte, devenant le premier cas de décès à la COVID-19 dans les 17 établissements de détention québécois. À un certain moment, plus de 90 agents correctionnels — dont la quarantaine infectée — se sont retrouvés en même temps à la maison, pour se rétablir ou pour un isolement préventif de 14 jours parce qu’ils avaient été en contact avec des collègues ou des détenus contaminés.

Des détenus rébarbatifs

Selon M.  Lavoie, une trentaine de détenus du secteur B-6, où a lieu la nouvelle apparition de la COVID-19, refusent de subir un test de dépistage, vraisemblablement parce qu’ils craignent d’être envoyés en isolement 24 heures sur 24 durant au moins 14 jours, croit le dirigeant syndical. Ils ont tout de même été confinés en cellule par mesure préventive.

Par ailleurs, un autre détenu a été déclaré positif à l’Établissement de détention Rivière-des-Prairies et isolé. Une enquête épidémiologique pour retrouver toutes les personnes qui ont été en contact avec celui-ci a été amorcée dans la prison.

Avec le déconfinement amorcé à l’extérieur des murs et l’amélioration de la situation à Bordeaux, les autorités avaient commencé à discuter de la possibilité de rétablir certaines activités pour les détenus, mais Mathieu Lavoie croit qu’une telle décision serait prématurée.

Une trentaine d’agents de Bordeaux sont toujours en retrait préventif à la maison.

« Il faut prendre le temps, car si on ouvre certaines activités, on s’expose à un risque énorme. Et en plus, on ne se le cachera pas, mais notre personnel est à bout de souffle et on ne sait pas comment on pourrait tenir le fort face à une nouvelle propagation », conclut M.  Lavoie.

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