(Ottawa) Le gouvernement Trudeau offre aux provinces de verser dans leurs coffres un transfert totalisant 14 milliards de dollars pour les aider à rouvrir leurs économies de façon sécuritaire, et ainsi éviter une nouvelle vague de COVID-19. L’argent vient cependant avec des ficelles.

Le premier ministre a énuméré vendredi certains usages que devront faire les provinces de cet argent. En plus de servir à l’achat d’équipement de protection, les fonds devront servir à « payer le service de garde, offrir plus de financement aux municipalités, payer des congés de maladie et soutenir les plus vulnérables, comme les aînés qui vivent dans les CHSLD », a-t-il exposé en conférence de presse à Rideau Cottage.

Il n’a pas donné le détail du partage des sommes entre provinces, mais a suggéré que l’argent serait modulé en fonction des besoins. « La situation est différente d’une province à l’autre. Notre plan va en tenir compte », et le fédéral a par ailleurs « une idée très claire sur les éléments qui sont essentiels à cette réouverture sécuritaire », a fait savoir Justin Trudeau.

Et si les transferts fédéraux sont ciblés, donc avec condition de dépenser en fonction de critères établis par le fédéral, c’est parce que « nous reconnaissons qu’à travers le pays, les Canadiens doivent avoir les mêmes outils, la même confiance, pour faire face à une potentielle deuxième vague pour pouvoir réussir à rouvrir l’économie », a dit le premier ministre au lendemain de sa 12e conférence téléphonique avec ses partenaires depuis le début de la crise.

Il a assuré que cette conversation avait été « positive », mais qu’il restait tout de même « beaucoup de détails » desquels discuter dans les prochains jours. Mais, à Ottawa, « on espère pouvoir sortir cet argent bientôt », a signalé Justin Trudeau. N’empêche, déjà, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a critiqué la minceur de l’enveloppe offerte ; pour sa seule province, il évalue les besoins à 23 milliards de dollars, tant les besoins « sont énormes ».

Du côté de Québec, le premier ministre, François Legault, a « dit clairement à M. Trudeau qu’on pense que la façon de répartir le 14 milliards ne devrait pas seulement être en fonction de la population de chaque province, mais également des coûts engendrés par la COVID-19 ». On réclame donc davantage que le 23 % associé au poids démographique du Québec, a-t-il soutenu en point de presse à Orford. La deuxième chose ? « Il faut que ce soit sans condition », a tranché François Legault, sans grande surprise.

Pas de chicane Ottawa-provinces

La vice-première ministre, Chrystia Freeland, s’est quant à elle montrée confiante qu’on ne s’apprêtait pas à vivre une dispute entre Ottawa et ses partenaires, souvent allergiques aux empiétements dans leurs champs de compétence que sont la santé, l’éducation ou encore la main-d’œuvre. « Nous comprenons que ces choses sont dans les juridictions provinciales, mais […] quand je parle avec les Canadiens, pour les Canadiens, la chose importante, ce n’est pas quelle est la juridiction », a-t-elle suggéré au parlement.

À ses côtés, son collègue Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor, est revenu sur la négociation entourant la promesse fédérale d’offrir 10 journées de maladie, qui a notamment fait grincer des dents au Québec. « Sur la question de congés de maladie, le premier ministre [François] Legault a indiqué clairement que la pression financière serait importante si cela était mis de l’avant seulement par le gouvernement du Québec », a-t-il exposé en conférence de presse.

Quant aux municipalités, créatures des provinces, elles seront des maillons cruciaux de la relance, a dit Chrystia Freeland. Elle n’a pas voulu dire quelle portion des milliards d’Ottawa les provinces devront leur verser, mais l’aide municipale est « l’un des buts principaux de cette initiative fédérale », s’est-elle permis de préciser.

Il y a quelques jours, le fédéral a annoncé le devancement d’une somme de 2,2 milliards pour les aider à contrer les contrecoups de la pandémie – on est bien loin des 10 à 15 milliards que réclamait la Fédération canadienne des municipalités. font des erreurs», a ajouté le ministre Miller.

Avec La Presse canadienne