Les amateurs de sports en plein air sont euphoriques : alors qu’ils voyaient un été morose se pointer le nez, l’annonce de la reprise de certaines activités extérieures par le gouvernement Legault les remplit de bonheur.

« Je vais pouvoir sortir de ma cour ! », s’est exclamée la journaliste et passionnée d’activités sportives Chantal Machabée.

Les amateurs de vélo de montagne, de randonnée pédestre, d’équitation, de tennis et de golf, notamment, trépignent d’impatience en attendant la date fixée par le gouvernement : le 20 mai, soit dans moins d’une semaine.

Beaucoup compteront les dodos, souligne la thérapeute Marie-Daniel Lussier, qui pratique la randonnée pédestre. « C’est prouvé que de remplir ses poumons d’air frais est ultra important pour notre niveau de bonheur. Ça a un effet direct. Dans le contexte que l’on vit, c’était primordial de rouvrir l’accès à la nature. »

C’est une bonne thérapie et un moyen de décompresser. Nous en avons grandement besoin avec ce qui se passe depuis les derniers mois.

Maude Maisonneuve, coadministratrice du groupe Facebook Randos et camping au Québec

« Pour démontrer que l’ouverture des sentiers en montagnes est une bonne décision », elle espère que les randonneurs respecteront la demande de la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, de ne pas se déplacer d’une région à l’autre pour s’adonner aux activités extérieures.

Isabelle St-Hilaire, propriétaire des Écuries Équi-AMI, partage la même excitation. Elle est prête à accueillir tous ceux qui veulent monter en selle. « J’ai encore des points d’interrogation. Je me demande par exemple si on va pouvoir donner des cours en groupe, même à ceux qui ne sont pas autonomes à cheval, mais notre association va nous donner tout le détail [jeudi]. Au moins, on ouvre ! »

Les gens qui pratiquent des sports avec partenaire sont tout aussi « énervés ». Marie-Annick Boisvert ne regardait pas le point de presse de François Legault mercredi, lorsqu’il a annoncé l’« excellente nouvelle ». Mais la mordue de tennis a été inondée de textos de proches qui lui disaient qu’elle ne serait pas obligée de frapper des balles contre un mur tout l’été. « Je suis euphorique ! Il y en a qui aiment courir ou faire du vélo, alors ils réussissaient à pratiquer leur sport. Mais moi, mon plaisir est de jouer avec l’autre… alors j’avoue que j’ai pris du poids depuis le début de la crise ! »

Le tennis en simple est permis pour le moment, mais est interdit en double. Quelques activités ont reçu des directives de ce genre pour s’assurer que les sportifs respectent les mesures de santé publique.

L’été sur les verts...

Au golf, par contre, même les quatuors sont permis. Au grand bonheur de Chantal Machabée, qui passe une bonne partie de ses étés sur les verts. « J’ai reçu les plus belles confidences de mes fils sur un terrain de golf, dit la journaliste sportive. On ne va pas pouvoir manger au restaurant du club après la partie, l’un des aspects que j’aime du golf, mais même si le social sera différent, on va au moins frapper notre petite balle ! »

Bruno Hamelin, directeur général du Club Laval-sur-le-Lac, partage son excitation. 

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Bruno Hamelin, directeur général du Club Laval-sur-le-Lac

Vous ne pouvez pas savoir à quel point nous sommes contents pour nos membres, qui ont en majorité 70 ans et plus. Ils espéraient tellement qu’on leur donne la chance de sortir et de s’amuser.

Bruno Hamelin, directeur général du Club Laval-sur-le-Lac

... ou sur deux roues

Quant aux cyclistes, ils pouvaient déjà pratiquer leur sport. Mais selon Suzanne Lareau, présidente de Vélo Québec, maintenant que les règles sont plus claires, les gens pourront rouler en petits groupes. « Ce n’est pas l’été pour rouler en peloton ou sortir en club, mais en gardant ses distances, il sera possible de sortir avec d’autres cyclistes sans problème. »

Pour ceux qui pratiquent le vélo de montagne, ils viennent d’apprendre que les pistes rouvriront, dont celles du Centre national de cyclisme de Bromont. « Ça va faire du bien à notre organisme. Depuis le 12 mars, nous étions fermés au public, et ça nous faisait mal financièrement », a confié son directeur général, Nicolas Legault.

Depuis mercredi, les résidants de Bromont sont autorisés à utiliser les sentiers du centre. « C’est bon qu’on ouvre juste à un groupe restreint de personnes pour voir comment on peut fonctionner en respectant les mesures de distanciation physique. Par la suite, quand les gens de la Rive-Sud [de Montréal] et les Montréalais vont arriver, on va être rodé et sécuritaire. »

Parmi les sportifs interviewés, beaucoup ont dit sensiblement ce que Marie-Annick Boisvert a lancé en guise de conclusion : « Mon sport, c’est mon plaisir, c’est ma passion. Au moins, mon été ne sera pas complètement perdu. »