Alors que la situation reste préoccupante dans plusieurs CHSLD et que le nombre de morts continue d’y croître, les transferts de personnel entre zone chaude et zone froide se poursuivent.

« Des efforts ont été faits pour les diminuer, mais dans les faits, ça existe toujours. Ça reste problématique, surtout à Montréal », constate le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley.

Les CHSLD du Grand Montréal sont frappés de plein fouet par la crise de la COVID-19 depuis des semaines. Obtenir un portrait exact de la situation actuelle est toutefois difficile. Depuis le 1er mai, le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) ne publie plus la liste quotidienne du nombre de cas dans les CHSLD et les résidences privées pour aînés. Le MSSS a expliqué mardi à La Presse qu’une liste mise à jour est en révision et sur le point d’être publiée.

Des décès par dizaines

Sur le territoire du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, des données fournies mardi montrent que 426 cas de COVID-19 sont confirmés dans 11 CHSLD.

Sur le territoire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, 496 cas et 237 décès ont été constatés dans 15 CHSLD du territoire depuis le début de la pandémie. Au seul CHSLD Joseph-François-Perreault, on dénombre 93 cas de COVID-19 et 56 décès. Le CHSLD Benjamin-Victor-Rousselot (48 cas, 37 décès) et le CHSLD Jean-Hubert-Biermans (46 cas, 36 décès) sont aussi particulièrement touchés.

Président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Denis Cloutier explique que la situation dans les CHSLD « est toujours aussi difficile ».

Oui, officiellement, il y a un peu plus de personnel. Mais il y a beaucoup de personnes non professionnelles qui ont été ajoutées. Il n’y a pas plus d’infirmières et d’infirmières auxiliaires.

Denis Cloutier

M. Cloutier souligne qu’environ 400 infirmières et infirmières auxiliaires sont absentes du travail actuellement dans l’est de Montréal, soit parce qu’elles sont atteintes de la COVID-19, soit parce qu’elles sont en attente du résultat de leur test.

« La situation dans les CHSLD est encore difficile. Il y a toujours des éclosions et beaucoup de décès. C’est pour ça que ça prend de meilleurs équipements », plaide M. Begley.

En conférence de presse mardi, le premier ministre François Legault a affirmé que la situation continue d’être difficile dans les CHSLD de la métropole. Il a d’ailleurs promis une « réforme des CHSLD » dans les mois à venir.

La directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, a aussi mentionné en conférence de presse que sur les plus de 2000 décès constatés jusqu’à maintenant dans la métropole, 85 % concernent des personnes âgées hébergées.

L’urgence de tester le personnel

Pour M. Begley, la situation dans les CHSLD montre que les transferts de personnel entre zone froide et zone chaude doivent cesser.

Le MSSS assure que, « dans la majorité des installations, la recommandation de ne pas déplacer le personnel entre les zones chaudes et froides est respectée ».

Mais le MSSS reconnaît que, dans certaines installations, « la recommandation est difficile à respecter afin d’éviter des situations de bris de service ». « Cette situation peut être liée au manque de ressources qualifiées pour répondre aux besoins pour un quart donné. Lorsqu’une telle situation survient, les mesures de prévention et contrôle des infections sont appliquées, et le personnel bénéficie des équipements de protection individuelle appropriés », assure le porte-parole Robert Maranda.

M. Begley croit aussi que le personnel travaillant en CHSLD devrait être testé de façon systématique afin de prévenir les éclosions. « En CHSLD, il faut qu’on teste le personnel tous les deux, trois, quatre jours », dit-il.

En conférence de presse mardi, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a affirmé que le réseau tend vers ce dépistage systématique. « Très, très bientôt, nous testerons plus, surtout les personnes symptomatiques, mais aussi les personnes asymptomatiques, surtout en CHSLD dans le Grand Montréal. […] Nous travaillons sur un plan actuellement », a-t-elle annoncé.