(Québec) L’arrivée d’un François Legault masqué à la conférence de presse de mardi a fait vivement réagir le président d’un syndicat d’enseignants.

Sylvain Mallette, de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), a dit trouver « très ironique » cette sortie du premier ministre, considérant que les enseignants ont dû se battre pour obtenir des masques.

M. Legault a défilé devant les caméras mardi le visage masqué, une première depuis le début de la pandémie il y a deux mois. Il a averti que désormais son gouvernement recommandait « fortement » le port du masque.

En entrevue, M. Mallette a rappelé que la FAE a dû longtemps insister auprès du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, afin que son ministère fournisse des masques aux professeurs à temps pour la rentrée.

M. Roberge a prétendu en commission parlementaire le 30 avril que le port du masque chez les enseignants n’était pas nécessaire, puisque la santé publique ne le recommandait pas.

Il a affirmé que les profs pouvaient porter un « foulard » s’ils y tenaient.

Le ministre a finalement changé de cap quelques jours plus tard en disant que le gouvernement allait débloquer des sommes pour fournir de l’équipement de protection aux enseignants qui le souhaitaient.

« J’expliquais : on ne demande pas à être habillés comme des astronautes là, on ne demande pas à ce que ce soit serti de pierres précieuses, on demande un masque », s’est rappelé M. Mallette en entrevue, mardi.

Selon lui, les profs, forts de leur expérience sur le terrain, avaient vu juste en demandant qu’on leur fournisse des masques, même si se couvrir le visage en classe demeure pour l’instant optionnel.

« Quand j’ai vu le premier ministre arriver masqué, bien je me suis dit que c’était comme une forme d’hommage qu’il rendait aux profs qui se sont battus », a ironisé le chef syndical.

Il soupçonne le gouvernement d’utiliser la stratégie du « goutte à goutte » dans le but de préparer les esprits à ce que le port du masque devienne obligatoire dans l’espace public.

Après deux journées d’école, force est de constater qu’il est très difficile, voire impossible, pour les élèves de respecter une distance de deux mètres entre eux, a-t-il observé.

« Est-ce que le gouvernement s’attend à ce que les profs le portent de façon systématique ? […] Si les profs doivent le porter, est-ce que vous vous attendez à ce que les élèves le portent ? »

La FAE dit qu’elle n’a pas ces réponses. De façon générale, elle déplore que les autorités donnent souvent « deux réponses » à une question.

Par exemple, selon M. Mallette, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a affirmé mardi que le port du masque chez les enfants de plus de deux ans n’était pas « absolument nécessaire », mais pas « contre-indiqué » non plus.

Au bureau du ministre Roberge, on se limite à dire qu’« on demande à tous d’observer les recommandations telles que formulées par le premier ministre et la direction de la santé publique ».