(Montréal) Il y a de cela environ dix jours, des chercheurs suisses assuraient que les enfants de moins de dix ans pouvaient étreindre leurs grands-parents en toute sécurité, puisque pas une seule personne n’aurait été infectée par un enfant de cet âge depuis le début de la pandémie.

Quelques jours plus tard, des chercheurs chinois et américains prévenaient plutôt que 7 % des gens qui avaient eu des contacts avec des enfants de moins de dix ans avaient été infectés, soit approximativement le même taux d’infection que dans la population en général.

Puis, la semaine dernière, deux grandes études internationales indiquaient que les enfants étaient en mesure de transmettre le virus.

Avec la réouverture des écoles dans plusieurs coins du Québec, tout ce qu’on sait actuellement concernant le rôle des enfants dans la propagation du coronavirus, c’est qu’on ne sait rien avec certitude.

« Le seul moyen de savoir [si un enfant peut transmettre le virus] est de mettre un enfant devant un adulte et de voir au bout de combien de temps il réussit à lui transmettre son virus, mais évidemment on ne fera pas ce genre d’étude là », a dit la docteure Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine.

« Donc, le seul moyen est de faire des suivis un peu partout, en Chine, en Australie où on a rouvert les écoles, et de voir si à partir d’enfants on a une grande transmission communautaire. »

Les cours ont aussi repris au Danemark et en Allemagne, mais il est encore trop tôt pour déterminer quel impact cela a eu sur la transmission de la maladie.

Plusieurs études tentent d’y voir plus clair, dont l’étude américaine HEROS.

Les chercheurs recruteront quelque 6000 participants, notamment pour essayer de déterminer quel pourcentage des enfants infectés par le SRAS-CoV-2 développent ensuite des symptômes. L’étude s’intéressera aussi à la propagation du virus au sein d’une même famille.

Moins de 2 % des infections rapportées en Chine, en Italie et aux États-Unis concerneraient des jeunes de moins de 18 ans.

Le cas du garçonnet britannique

« Le cas hyper intéressant est celui de l’enfant qui était dans les Alpes françaises », a dit la docteure Quach.

Le garçonnet britannique de neuf ans était en vacances avec sa famille. Il a fréquenté l’école de ski, il a visité plusieurs chalets et on calcule qu’il est entré en contact avec plus de 70 personnes.

« L’enfant était positif, mais il n’a pas réussi à passer son virus à qui que ce soit, a commenté la docteure Quach. Mais il a réussi à passer son influenza, par exemple. »

Certains chercheurs croient que l’incidence de la maladie est moins élevée chez les enfants parce qu’ils ont moins été exposés au virus, entre autres avec la fermeture des écoles.

Les symptômes plus modestes des enfants signifieraient aussi qu’ils sont testés moins souvent que les autres.

Les deux grandes études internationales mentionnées précédemment prévenaient que des enfants asymptomatiques présenteraient des charges virales aussi élevées, voire plus élevées, que les enfants ou les adultes symptomatiques.

« Pour l’instant, ce qu’on sait, c’est qu’ils ne sont pas malades, même quand ils l’attrapent. C’est vrai ! Les étages sont vides [à Sainte-Justine] », a dit la docteure Quach.

Aux soins intensifs

Au Texas, un bébé de trois semaines infecté par le virus a eu besoin de traitements aux soins intensifs pour survivre.

On ne sait pas grand-chose de la santé du nourrisson, entre autres en ce qui concerne d’éventuels problèmes de santé sous-jacents, mais la docteure Quach prévient qu’il ne faut pas sauter aux conclusions.

« Il faut réaliser que les admissions aux soins intensifs ne sont pas toutes égales, a-t-elle dit. En pédiatrie, on a tendance à les mettre aux soins intensifs pour de la surveillance, alors qu’en adulte il faut vraiment qu’ils soient sur le point de mourir pour aller aux soins intensifs. C’est pas pareil. Une admission aux soins intensifs en [pédiatrie] et en adulte, ce n’est pas l’équivalent. »

Avec la réouverture prochaine des écoles et des services de garde, poursuit-elle, des éclosions de coronavirus sont inévitables — tout comme il y a toujours eu des éclosions de varicelle ou de gastroentérite.

« Il faut réaliser que quand on ouvre les écoles, on n’ouvre pas que les écoles, on ouvre plein d’autres choses en même temps parce qu’on essaie de permettre à la société de fonctionner », conclut-elle.

« Alors d’isoler le rôle de l’enfant dans la transmission par rapport à la circulation du virus dans la société, c’est quasiment impossible. »