C’est un grand jour pour de nombreux élèves et enseignants de la province, qui vivent ce lundi une deuxième rentrée dans la même année scolaire. Un retour qui a été organisé en catastrophe et dans des conditions qui auraient été inimaginables il y a encore quelques semaines. Les écoles se disent prêtes, mais appellent à la souplesse de tous.

Alors, à quoi doit-on s’attendre de cette rentrée ? Le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) rit quand on lui pose la question.

« C’est incroyable, le travail qui a été fait dans les écoles par le personnel enseignant, le personnel de soutien et le personnel de direction pour mettre tout ça en place ! dit Nicolas Prévost, presque incrédule. On a travaillé très fort pour être prêts, mais on va demander aux parents d’être indulgents s’il y a des petites choses qui ne fonctionnent pas. »

Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, avait bien averti, il y a quelques semaines, que ça ne serait pas « l’école d’avant ». Nous y voilà donc.

« Penser que l’école sera telle qu’elle était vécue au 13 mars, on oublie ça. Ça va être un mode très… j’aime pas dire militaire, mais on va respecter les deux mètres, il y aura des chemins pour suivre un parcours particulier, il va y avoir une routine de lavage de mains très fréquente, les gens vont vivre dans leur classe, vont dîner là », illustre Karine Toupin, responsable des communications à la Commission scolaire de Portneuf.

Les enfants ne retrouveront pas l’enseignement auxquels ils sont habitués dès leur retour en classe, dit la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE).

Dans les premiers jours, on va déstresser les gens, démystifier certaines craintes et appréhensions, répéter des consignes.

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement

Des renforts venus du secondaire

Loin des zones chaudes où la COVID-19 frappe le plus fort, les parents ont répondu présents quand on leur a demandé s’ils voulaient que leurs enfants retournent à l’école. À la Commission scolaire Kamouraska–Rivière-du-Loup, par exemple, c’est huit enfants du primaire sur dix qui reviennent. Si on se dit heureux de la « confiance des parents », l’enthousiasme a complexifié le retour, notamment à Rivière-du-Loup, où les écoles débordaient déjà.

On a préféré pour l’instant ne pas réquisitionner les écoles secondaires, et les parents qui le souhaitent peuvent envoyer leurs enfants à temps partiel. « On ne voulait pas déraciner nos jeunes qui vivent déjà une situation stressante et anxiogène. Se retrouver dans une école qu’ils ne connaissent pas, avec des enseignants qu’ils ne connaissent pas, ce n’était pas ce que les parents souhaitaient, et on les comprenait », dit Geneviève Soucy, secrétaire générale intérimaire de cette commission scolaire.

La plupart des directions d’école ont eu à le faire, observe toutefois la FQDE. « On a eu besoin des locaux et des bras du secondaire », dit Nicolas Prévost. Ainsi, il est devenu possible qu’un élève de 5e année se retrouve dans une classe dont le titulaire est un enseignant d’histoire du secondaire.

À Donnacona, par exemple, les enfants de 6e année seront envoyés à l’école secondaire. Une façon pour eux de se familiariser avec leur future école, dit la porte-parole de la Commission scolaire de Portneuf.

Tirer des leçons

La FSE dit qu’elle veillera au grain pour s’assurer que tout se déroule bien ce lundi.

« Le premier ministre a toujours dit que tout ça doit se faire dans la conformité des directives de la Santé publique. Si on découvre que des directions d’école n’ont pas donné le signal d’alarme qu’ils n’étaient pas prêts et que la rentrée se fait quand même, on pense à nommer ces endroits », affirme Josée Scalabrini.

« Si vous n’avez pas le matériel désinfectant ou que vous ne respectez pas le deux mètres, il y a un problème », dit-elle.

Il ne faut pas voir cette rentrée scolaire comme un laboratoire, mais il faudra tirer des leçons de cette rentrée pour septembre prochain, observe pour sa part le président de la FQDE. « Ce qui va se passer va nous aider à nous préparer », dit Nicolas Prévost.

Les écoles primaires et la COVID-19

8 mars 2020

Au retour de la relâche, Québec demande aux écoles de surveiller la situation de la COVID-19 de près et d’inviter les voyageurs en provenance de la province de Hubei, en Chine, et de l’Iran « à s’isoler volontairement ». La Commission scolaire de Montréal invite à la prudence, même si, « à l’heure actuelle au Québec, le risque de contracter le virus est jugé faible ».

12 mars 2020

Quatre jours plus tard, un jeudi, les commissions scolaires et les établissements privés annoncent les uns après les autres que les écoles seront fermées le lendemain. Les cégeps et les universités font de même. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dit pour sa part qu’il ne « demande pas de fermer des écoles à ce moment-ci ». L’Ontario a pris la décision de fermer ses écoles pour trois semaines.

16 mars 2020

En entrevue au Journal de Montréal, le ministre de l’Éducation affirme qu’aucun enseignant n’est forcé de faire de l’enseignement à distance.

26 mars 2020

On sait maintenant que les écoles seront fermées jusqu’au début de mai. Québec demande aux enseignants de joindre leurs élèves au moins une fois par semaine, en portant une attention particulière aux plus vulnérables.

31 mars 2020

Québec lance sa plateforme en ligne pour aider les parents à faire l’école à la maison et annonce que dès la semaine suivante, des trousses pédagogiques seront transmises aux élèves.

10 avril 2020

En point de presse, le premier ministre François Legault dit qu’il « n’exclut pas » de rouvrir les écoles avant le 4 mai, ce qui soulève un tollé. Il se ravisera une dizaine de jours plus tard.

27 avril 2020

Québec présente son plan de réouverture des écoles. Ce sera le 11 mai dans presque tout le Québec, sauf pour les élèves de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui devront attendre une semaine de plus.

7 mai 2020

Québec repousse au 25 mai l’ouverture des écoles dans la région de Montréal.

11 mai 2020

Sur une base volontaire, les élèves des écoles primaires à l’extérieur de la grande région montréalaise peuvent retourner sur les bancs d’école. Les parents « qui le jugent plus approprié » peuvent poursuivre la scolarisation de leurs enfants à la maison, dit le ministère de l’Éducation.