(Toronto) La Société canadienne de pédiatrie s’intéresse au syndrome inflammatoire qui frappe les enfants et que certains associent au nouveau coronavirus.

La société a indiqué qu’elle s’attend à publier une directive aux pédiatres d’ici la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine à propos des symptômes qui s’apparentent à ceux du syndrome de Kawasaki, même si aucun lien avec la COVID-19 n’a été établi jusqu’ici.

Une importante recherche est en cours avec le Programme canadien de surveillance pédiatrique pour déterminer combien d’enfants sont sévèrement affectés par la COVID-19 et de quelles manières. Une porte-parole a affirmé que cela pourrait inclure des cas qui seraient associés au syndrome de Kawasaki, la principale cause de maladie cardiaque chez les enfants.

Une pédiatre spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Sainte-Justine de Montréal a dit que la COVID-19 pourrait être la cause de plus d’une dizaine de cas associés au syndrome de Kawasaki dans l’établissement.

La Dre Fatima Kakkar a souligné que ces cas ont été signalés au cours des trois ou quatre dernières semaines, et qu’il est plutôt inhabituel d’en constater autant en si peu de temps.

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Dre Fatima Kakkar

Aucun de ces enfants n’a reçu un diagnostic positif au nouveau coronavirus, mais puisque le syndrome de Kawasaki serait déclenché par une infection virale, les médecins soupçonnent qu’il y a un lien avec une infection à la COVID-19 qui n’a jamais été diagnostiquée, a-t-elle souligné.

Habituellement, un cas chez un enfant du syndrome de Kawasaki est rapporté chaque semaine ou deux fois par mois au maximum, a révélé Mme Kakkar.

« Grâce aux mesures de confinement et de distanciation sociale, aucun autre virus ne circule présentement », a évoqué Mme Kakkar mercredi.

« Nous ne voulons de toute évidence pas établir un lien à 100 % parce que nous n’avons toujours aucune preuve crédible, mais il y a des soupçons. Et je crois qu’avec les statistiques qui viennent d’autres pays, le fait est que le virus qui circule présentement est celui qui cause la COVID-19. »

Des cas semblables ont été rapportés aux États-Unis et en Europe. Cette semaine, le département de la Santé de la ville de New York a publié une alerte pour une quinzaine de cas, avant de rappeler qu’il est important d’identifier rapidement les symptômes et qu’il est « essentiel » de consulter un spécialiste.

Mme Kakkar a ajouté que ses collègues et elle doivent maintenant déterminer si les patients — dont l’âge varie entre un an et la fin de l’adolescence et qui sont tous rétablis — ont déjà été infectés au nouveau coronavirus, bien que des tests d’anticorps ne soient toujours pas disponibles au Canada.

Elle a souligné que des efforts sont déployés pour obtenir un test clinique fiable, ou encore un test sur des enfants qui feront partie d’un protocole de recherche.

L’administratrice en chef de la santé publique au Canada a aussi abordé cet enjeu mercredi, et prévenu les parents que les enfants atteints par la COVID-19 ont souvent des symptômes légers — ceux sévères sont plutôt rares dans leur tranche d’âge.

Néanmoins, la Dre Theresa Tam a mentionné que les parents qui sont préoccupés devraient contacter leur spécialiste de la santé.

« Les pédiatres connaissent très bien le syndrome de Kawasaki puisqu’il est souvent provoqué par des infections virales ou d’autres maladies infectieuses. Il n’est donc pas spécifique à la COVID-19, et ils (les pédiatres) savent comment le traiter. »

Le syndrome de Kawasaki se caractérise par une fièvre prolongée, un gonflement des ganglions, des arthrites, une éruption cutanée, ainsi qu’une inflammation de la paume de la main et de la plante du pied.