(Ottawa) L’ambassade chinoise à Ottawa a affirmé lundi que le million de masques N95 non conformes arrivés au Canada en provenance de Chine le mois dernier était le résultat d’un enjeu « contractuel » qui a maintenant été corrigé.

Le Canada est cependant demeuré muet à ce sujet jusqu’à présent.

Tant la vice-première ministre Chrystia Freeland que la ministre de la Santé Patty Hajdu ont semblé perplexes lundi lorsqu’elles ont été interrogées sur une déclaration publiée sur le compte Twitter de l’ambassade chinoise lundi matin.

« Il a été rapporté qu’un million de masques exportés au Canada depuis la Chine ne respectaient pas les normes pour les professionnels de la santé, a écrit l’ambassade. Les plus récentes informations que nous avons de communications avec Affaires mondiales Canada est que le problème était un enjeu contractuel et qu’il a été résolu. »

Lors de la mise à jour quotidienne, Mme Freeland a semblé perplexe et s’est tournée vers Mme Hajdu assise à ses côtés en secouant la tête.

« Nous devrons vous revenir avec les détails, a déclaré la ministre Hajdu. Je suis désolée, nous n’avons pas ces informations techniques pour le moment. »

Ce sont les inspecteurs du ministère de Mme Hajdu qui ont rejeté la cargaison de masques N95, qui est arrivée au Canada durant la troisième semaine d’avril.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

La ministre de la Santé Patty Hajdu

Ni son bureau, ni Affaires mondiales Canada n’avait fourni d’explication lundi soir.

La Chine et le Canada avaient des explications différentes récemment quant aux raisons pour lesquelles deux avions canadiens sont revenus de Chine sans le matériel médical qu’ils étaient allés récupérer. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que cela était dû à la congestion à l’aéroport de Shanghai et aux limites strictes relativement au temps que les équipes passent au sol. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a ensuite déclaré que c’était « inexact ».

Le Canada dépend grandement de la Chine pour obtenir suffisamment d’équipements de protection individuelle pour les travailleurs de la santé pour lutter contre la pandémie de la COVID-19. Il a mis en place un système spécial de chaîne d’approvisionnement à Shanghai pour sécuriser les produits dans ce que Mme Freeland a appelé le « Far West » des fournitures médicales.

Des millions de masques N95, de masques chirurgicaux, de blouses, d’écouvillons pour les tests de la COVID-19 et d’autres équipements sont déjà arrivés au Canada en provenance de Chine, et bon nombre d’entre eux ont passé les tests.

Mais à plus d’une occasion, au Canada et ailleurs, notamment en Finlande, aux Pays-Bas et en Espagne, des produits fabriqués en Chine ont été retournés lorsqu’ils ne respectaient pas les normes nationales. En plus des masques N95, le Canada a rejeté une cargaison d’écouvillons pour les tests de la COVID-19 en provenance de Chine parce qu’ils étaient contaminés par de la moisissure.

Les masques N95 sont ainsi nommés car ils sont censés filtrer 95 % des petites particules. Le 24 avril, le sous-ministre des Services publics et de l’Approvisionnement Bill Matthews a affirmé devant un comité de la Chambre des communes que le problème était principalement lié aux élastiques utilisés pour fixer les masques et non à la filtration. Il a dit qu’il était possible qu’ils puissent être utilisés par des travailleurs qui n’étaient pas directement en contact avec des patients atteints de la COVID-19.

M. Matthews a indiqué que les deux entreprises qui fabriquent les masques et les écouvillons avaient l’intention de corriger la situation. On ignore toutefois si ces masques ont été remplacés ou s’ils ont été envoyés à d’autres travailleurs de la santé.