(Montréal) Les relations de travail ont été houleuses, et des inquiétudes persistent chez des employés de la Société de transport de Montréal (STM) alors même qu’un certain déconfinement de la population se profile, à en croire un leader syndical.

Le président du Syndicat du Transport de Montréal, Gleason Frenette, dit croire que la STM a été loin d’être « proactive » jusqu’à maintenant en ce qui a trait aux mesures de protection.

Un achalandage important pourrait reprendre alors que bon nombre d’entreprises et industries vont redémarrer leurs activités ce mois-ci.

La STM a dit vendredi en être à finaliser des mesures « post-confinement », s’attendant à recevoir des recommandations dans les prochains jours de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et du ministère des Transports du Québec.

La porte-parole de la STM Amélie Régis a parlé pour l’instant de mesures « exploratoires » — bloquer certains sièges dans le métro et indiquer la voie à suivre avec des pastilles au sol — en vue du déconfinement graduel, à l’instar de pratiques adoptées ailleurs au pays ou dans le monde.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Mais rien n’est encore déterminé avec certitude, dans l’attente de nouvelles consignes de santé publique.

Actuellement dans les autobus, les sièges à l’avant sont condamnés et les usagers doivent entrer par la porte arrière afin de protéger le chauffeur.

Il y a environ une semaine, la STM a annoncé la mise à la disposition de ses clients de désinfectants à mains, amorçant l’installation de 224 distributeurs à l’entrée des stations du réseau du métro.

La porte-parole Amélie Régis a indiqué qu’un appel d’offres était en cours pour l’obtention de couvre-visages pour les quelque 10 000 employés. La distribution se fera de façon volontaire, mais l’objectif serait de pouvoir remettre deux de ces couvre-visages lavables à chaque employé en faisant la demande.

Certains groupes d’employés de la STM portent déjà des équipements de protection lorsque la situation l’exige. C’est le cas des inspecteurs, des chefs d’intervention, des préposés à l’entretien sanitaire et des chauffeurs du Transport adapté qui portent des masques de procédures.

M. Frenette soutient que le port de masques n’était non seulement pas recommandé par la direction, mais que des chefs d’opération menaçaient de mesures disciplinaires des employés qui en portaient. Il aurait s’agit d’une question d’« image », selon lui.

Disant ne pas pouvoir commenter une situation particulière, la porte-parole de la STM a fait valoir que la direction a toujours voulu suivre les consignes de la santé publique.

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« On se collait à la Santé publique (..) qui disait que le masque n’était vraiment pas nécessaire. C’est une crise sans précédent. Ça évoluait vite autant pour nous que pour les gouvernements », a fait valoir Mme Régis.

Mme Régis n’a pas pu préciser d’échéancier pour la livraison des nouveaux couvre-visages, tout en disant que l’objectif est de les avoir pour le retour d’usagers au cœur de la réouverture de plusieurs entreprises le 11 mai dans la région de Montréal.

La STM a vécu une baisse considérable de l’achalandage depuis le début du confinement — 82 % dans le réseau d’autobus et 91 % dans celui du métro. Mais avec la reprise graduelle de bon nombre d’activités, la STM devra assurément ajouter des cordes à son arc.

Mme Régis affirme que le taux d’absentéisme a été d’environ 20 % — tandis qu’il est généralement de 8 % —, et estime qu’il y aura suffisamment de personnel pour assurer le service alors même que l’achalandage devrait gonfler.

Selon M. Frenette, 70 employés ont été diagnostiqués à la COVID-19, dont environ 40 chauffeurs, essentiellement dans le circuit d’autobus.

Faisant valoir que le coronavirus est « volatil », le leader syndical juge qu’une protection supplémentaire aurait été nécessaire pour « isoler complètement » le chauffeur avec un type de « compartiment ».

Or, la proposition syndicale aurait été rejetée d’emblée, selon lui.

La porte-parole de la STM a indiqué que l’ajout de plexiglas serait étudié dans la prochaine étape, et qu’il y avait eu notamment des enjeux de « visibilité » pour la conduite du véhicule.

Au « coude à coude »

Surtout, le leader syndical fait valoir que les usagers étaient au « coude à coude » sur certains itinéraires au cœur de la période de confinement. Il aurait souhaité qu’il y ait un contrôle serré sur le nombre d’usagers.

« On aurait dû fermer ça ce transport en commun-là », a laissé tomber M. Frenette, disant qu’il ne fallait pas s’étonner qu’il y ait beaucoup plus de cas à Montréal qu’ailleurs.

« Notre meilleur client, c’est la COVID-19, c’est lui qu’on transporte le plus. »

La porte-parole de la STM a soutenu qu’il y avait moins de 15 personnes à bord dans 95 % des voyages, et que le chauffeur d’autobus pouvait actionner à l’endroit de la direction un « bouton surcharge » pour signaler un achalandage trop important. Les responsables évaluent la situation et ajoutent des renforts les jours subséquents si cela est jugé nécessaire.

Dans une entrevue à la mi-avril, le président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes de la STM, Renato Carlone, disait avoir demandé aux autorités de limiter la capacité des autobus à 15 passagers et des rames de métro à 150.

Plusieurs membres craignant de mettre leur santé en danger, surtout en vue d’un déconfinement graduel, le syndicat avait lancé une campagne publicitaire demandant aux usagers de porter des masques.