(QUÉBEC) Le gouvernement Legault réitère l’urgence « d’éteindre le feu » dans les CHSLD où il y a une éclosion de la COVID-19 et demande maintenant tous les Québécois en renfort. François Legault demande aussi « d’accélérer » le déploiement du projet de « maisons des aînés » et n’exclut pas la nationalisation des CHSLD privés.

Le bilan au Québec passe vendredi à 1340 décès liés à la COVID-19, une hausse de 97 victimes. Le Québec compte désormais 22 616 cas déclarés positifs (+778). Sur le plan des hospitalisations, le nombre atteint maintenant 1460 (+49), dont 227 aux soins intensifs (+20).

Le premier ministre François Legault a rappelé vendredi l’urgence « d’éteindre le feu » dans les CHSLD, où il y a une éclosion de la COVID-19, en appelant à l’aide à tous les Québécois. Il invite les volontaires, « même s’ils n’ont pas de qualifications », à s’inscrire sur le site jecontribue.ca.

« Si vous êtes disponibles à temps plein, on a besoin de vous », a-t-il lancé. Il y a quelques jours, le gouvernement Legault a confirmé que l’État révisait la liste de noms disponibles sur le site puisque des milliers de volontaires affirmaient ne jamais avoir été appelés par les autorités pour aller prêter main-forte.

M. Legault a assuré que les personnes qui seront appelées ne feront pas de travail bénévole, mais seront payées à titre « d’aide de service » au salaire de 21,28 $ l’heure, ce qui inclut les primes offertes aux travailleurs de la santé.

Jeudi, M. Legault a indiqué que 9 500 employés étaient absents du réseau à l’heure actuelle. De ce nombre, au moins 4 000 travailleurs sont infectés ou ont été infectés au nouveau coronavirus. Mercredi, Québec a réclamé le déploiement de 1000 soldats des Forces armées canadiennes dans les CHSLD, ce qu’a autorisé Ottawa, jeudi.

François Legault a indiqué par ailleurs avoir demandé au président du Conseil du trésor, Christian Dubé, « d’accélérer » le déploiement du projet de « maisons des aînés » cher au gouvernement caquiste. « Il faut qu’on soit capable d’avoir tout le personnel nécessaire, mais aussi des lieux » plus adéquats à l’avenir, a souligné le premier ministre.

Il cite, entre autres, des lieux plus vastes pour justement « éviter que le feu prenne comme dans une grange où il y a du foin ».

« On vit vraiment deux mondes séparés », a-t-il rappelé. « On a, d’un côté, la situation dans les résidences pour aînés, qui est difficile. Puis on a, de l’autre côté, tout le reste de la société, qui est relativement stable », a ajouté M. Legault, citant l’Espagne, l’Italie, la France, la Belgique, entre autres.

« Donc, ça n’excuse absolument pas la situation dans laquelle on se retrouve dans les CHSLD, mais c’est juste pour vous dire, je pense que c’est partout dans le monde qu’on s’est rendu compte […] que quand lorsque ce virus-là rentre dans une résidence, c’est un peu comme mettre le feu dans le foin. Tout brûle rapidement ».

François Legault n’exclut pas de ramener dans le giron de l’État québécois les CHSLD privés. « Est-ce qu’on devrait avoir tous les CHSLD qui soient publics ? Je n’exclus pas ça. On va regarder la situation comme il faut dans les prochaines semaines, mais il ne faut pas exclure ça », a-t-il dit.

Vers le «déconfinement»

Le premier ministre continue de préparer les Québécois au «déconfinement» progressif de la province. La semaine prochaine, le gouvernement Legault présentera les détails de son plan de réouverture progressif de l’économie et des écoles du Québec, selon l’épidémiologie de chaque région.

« Il reste que, si on met de côté les CHSLD, la situation est sous contrôle. C’est ce que nous disent les scientifiques : La situation est sous contrôle. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas être prudent, mais ça veut dire qu’on va rouvrir la société graduellement », a indiqué M. Legault.

M. Legault a rappelé vendredi que « rien n’ouvrira » la semaine prochaine, mais que c’est le plan qu’on présentera. Il admet qu’il faut maintenant « déprogrammer » les Québécois pour arriver à une immunité naturelle de la population.

« On va rester à deux mètres, pendant plusieurs mois, des autres personnes. Mais on a besoin que le Québec renaisse, là, on a besoin que la vie, entre guillemets, normale reprenne. On a besoin de nos amis. On a besoin de, tranquillement, en étant prudent, de recommencer la vie en société. Et, c’est vrai que ça ne sera pas la même vie qu’avant », a mentionné M. Legault.

Québec rappelle qu’il sera en ce sens « fortement recommandé » de porter le masque lorsqu’il sera impossible de respecter les mesures de distanciation sociale, notamment dans le transport en commun ou à l’épicerie. La santé publique offrira par ailleurs un guide pour se confectionner un masque artisanal.

« Il faut bien le mettre, bien l’enlever, bien le laver. Tout sera dans un guide que l’on a fait en français et en anglais. Il y aura aussi une vidéo », a confirmé le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda. Il est « hors de question » de porter ce genre de masque pour les enfants de moins de 2 ans.