(Montréal) En regardant par la fenêtre un matin, Josianne Plante a été surprise de voir deux dindes sauvages à tête nue se promener à Pointe-aux-Trembles, dans l’est de Montréal.

« Elles marchaient dans la rue et sur le trottoir comme si de rien n’était, a dit Mme Plante. Je n’avais jamais vu ça. »

David Rodrigue, directeur général du Zoo Ecomuseum, à Sainte-Anne-de-Bellevue, dit qu’il y a une légère augmentation des observations d’espèces urbaines telles que les mouffettes, les ratons laveurs, les lapins et les renards dans le Grand Montréal.

Depuis le début de la pandémie, il y a moins de véhicules qui circulent, et les rues et les parcs sont plus silencieux. Selon lui, ça amène probablement des animaux normalement timides à errer plus librement.

M. Rodrigue a dit que la plupart des cas sont des animaux déjà présents en ville, bien que les dindes soient une exception.

« C’est une espèce très méfiante et difficile à approcher, a-t-il mentionné. Que certaines d’entre elles soient entrés en milieu urbain, ça en dit long sur l’effet d’un nombre réduit de personnes qui se promènent. »

Il a entendu parler d’oiseaux affluant en grand nombre dans des zones normalement achalandées, dont le Vieux-Port de Montréal.

Les coyotes, qui ont déjà fait la manchette à Montréal, n’ont pas été aperçus en plus grand nombre, par contre. Ce sont les rats qui ont été repérés le plus souvent.

Selon James Page, de la Fédération canadienne de la faune, il y a de plus en plus d’observations de la faune au Canada.

M. Page a dit que 15 000 nouvelles observations ont été signalées dans les premiers jours d’avril sur inaturalist.ca, où les citoyens peuvent noter leurs observations, contre 9500 pour la même période l’an dernier.

Mais M. Page, un spécialiste des espèces en péril et de la biodiversité, dit qu’il est trop tôt pour parler d’un verdissage des villes ou d’une renaissance de la nature.

Il a déclaré que même si les animaux sont probablement plus visibles, une partie de l’augmentation est probablement due au fait que les gens restent à la maison en raison de la pandémie ; ils sont donc plus susceptibles de repérer la faune.

Marie-Ève Muller, porte-parole du Groupe québécois de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, a déclaré qu’il est trop tôt pour savoir si une réduction du trafic maritime peut avoir un impact positif sur les mammifères marins.

Elle a dit que le trafic maritime dans le fleuve Saint-Laurent n’a pas diminué, ajoutant qu’une réduction des bateaux de plaisance et de l’observation des baleines pourrait être bénéfique. Les baleines sont vulnérables au bruit et aux vibrations des moteurs.

MM. Page et Rodrigue ont dit qu’il reste à voir s’il y aura un effet durable sur les populations animales.

À court terme, ils disent que moins de perturbations pendant la saison de reproduction pourraient permettre à des espèces d’élever de plus grandes portées, tandis que moins de véhicules sur les routes pourrait réduire le nombre de collisions mortelles.

Mais M. Page a déclaré que l’impact humain sur les animaux est toujours énorme, notamment les routes et les barrages qui traversent leurs habitats.

MM. Rodrigue et Page suggèrent aux gens de garder les poubelles scellées et d’éviter de nourrir les animaux sauvages, ce qui leur cause souvent des problèmes plus tard.