(Montréal) Alors que les visites sont interdites depuis un mois dans les résidences pour aînés, la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer (FQSA) s’inquiète du sort de ceux qui sont atteints de cette maladie, et craint que cet isolement ne dégrade leur état cognitif.

C’est pourquoi la Fédération se réjouissait vendredi de cette récente décision prise par le gouvernement québécois, qui permet le retour des proches aidants en CHSLD, malgré la pandémie de COVID-19.

Au Québec, c’est plus de 80 % des résidants de CHSLD qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’un autre trouble neurocognitif, note la Fédération.

L’isolement est particulièrement difficile pour eux, a expliqué en entrevue Nouha Ben Gaied, la directrice de la recherche, du développement et de la qualité des services au sein de la FQSA.

C’est lié à la maladie elle-même, qui entraîne une perte d’autonomie, des pertes de mémoire, et une difficulté à gérer des activités quotidiennes, dit-elle.

La présence des proches aidants, qui stimulent et interagissent avec les personnes atteintes d’Alzheimer, joue un rôle au niveau du ralentissement de la perte d’autonomie des personnes atteintes de troubles neurocognitifs.

« Le rôle des proches aidants est primordial dans leur prise en charge. Souvent, ils sont leur seul point de repère avec le monde extérieur. Pour les gens hébergés, ce retour des proches aidants ne sera que bénéfique », juge Mme Ben Gaied.

De plus, le réseau d’hébergement pour les personnes âgées en perte d’autonomie manque cruellement de personnel, souligne la FQSA.

Les proches aidants contribueront ainsi à épauler le personnel soignant.

« En l’absence de personnel qualifié et en nombre suffisant pour interagir avec elles, une augmentation de la détresse psychologique des personnes atteintes, de l’anxiété, des problèmes de sommeil ainsi qu’une détérioration des capacités cognitives et fonctionnelles est à craindre, voire même inévitable », soutient la FQSA.

Mme Ben Gaied dit aussi craindre le retour vers les antipsychotiques pour des gens qui n’en prenaient pas avant les mesures de confinement imposées.

La Fédération est toutefois consciente que les proches aidants ne pourront pas être tous admis en CHSLD pour soutenir les membres de leurs familles et leurs proches : il y a des critères à respecter, notamment, il faut qu’ils soient déjà connus des lieux d’hébergement.

Pour les proches aidants, l’anxiété, la frustration et l’angoisse sont aussi bien présentes.

Beaucoup ne peuvent visiter les membres de leur famille, et s’inquiètent terriblement pour eux, surtout considérant les situations qui ont été rapportées récemment dans certaines résidences pour aînés.

Certains vivent avec un sentiment de culpabilité parce qu’ils ont « placé » leur proche dans une résidence.

Les sociétés d’Alzheimer offrent un soutien téléphonique pour eux, ainsi que pour les proches aidants qui habitent avec une personne atteinte de cette maladie et qui n’ont plus de répit depuis la pandémie. Beaucoup de services qui leur permettaient de prendre une pause ont dû être interrompus pour éviter la contagion.

« Les appels deviennent de plus en plus lourds, les gens ont de plus en plus d’anxiété et de détresse », constate Mme Ben Gaied.

Il ne faut pas oublier de soutenir les proches aidants qui s’occupent de personnes qui demeurent à domicile, insiste-t-elle.