Le travail dans plusieurs des garages et ateliers de la Société de transport de Montréal (STM) est perturbé depuis jeudi matin par des grèves et débrayages spontanés effectués en réaction à une décision de l’employeur de suspendre le président du syndicat des employés d’entretien, Gleason Frenette, pour « intimidation et violence verbale ».

Le directeur général de la STM, Luc Tremblay, a affirmé à La Presse que « M. Frenette s’inscrit dans le même processus que tout autre employé au comportement "difficile", et est soumis aux mêmes obligations que les autres en ce qui concerne notr politique de tolérance zéro en matière d’intimidation ».

Selon lui, le leader du syndicat de l’entretien, qui représente 2500 employés, a commis « cinq ou six récidives » depuis janvier dernier alors qu’il avait été sanctionné une première fois avec une suspension de 10 jours, toujours pour le même motif.

En entrevue, le principal intéressé a affirmé que cette sanction découle « d’une compilation des fois où je me serais montré désagréable dans les rencontres de coordination des mesures d’urgence mise en places pour lutter contre la COVID-19, à la STM. »

« À un moment donné, je leur ai dit que je prenais des notes à tous les jours sur des cas de laxisme qui nous sont rapportés par des syndiqués, et je leur ai dit que s’il fallait qu’il y ait un mort parmi nos membres à cause de cela, il y a des têtes qui vont rouler. Ça pourrait aller jusqu’à de la négligence criminelle. Ils m’ont répondu que je les menaçais et qu’ils allaient me gérer. »

La sanction est tombée jeudi matin, lorsque M. Frenette a reçu la lettre officielle de suspension.

L’annonce a été immédiatement suivie de débrayages spontanés, « circonscrits à quelques lieux de travail », selon la STM.

De source syndicale, au garage Stinson, un magasinier s’est prévalu d’un refus de travail pour motifs de sécurité parce qu’il n’avait plus d’écran de plexiglas pour le séparer des dizaines de personnes qui se présentent à son comptoir chaque jour. Des mécaniciens se seraient ensuite regroupés sur l’heure du dîner, avant de déserter les lieux de travail.

« Certains employés ont accepté de retourner à leur postes au moment de publier ce communiqué » à 14 h, jeudi, a fait savoir la STM

La COVID dans les transports

Mardi, c’est le syndicat des chauffeurs de la STM qui reprochait à l’employeur de ne pas en faire assez pour prévenir la propagation de la COVID-19 dans ses autobus, après que 14 chauffeurs aient été déclarés positifs au coronavirus. La STM a désavoué une publicité syndicale invitant tous les usagers des transports collectifs à se couvrir la bouche avec un « masque maison » avant de monter dans les bus ou le métro, et refusé de limiter à 15 le nombre des passagers dans les autobus.

Alors que l’achalandage quotidien s’est effondré à seulement 10 % ou 15 % de la fréquentation normale pour cette période de l’année, environ 5 % des 17 000 voyages effectués ces jours-ci par les autobus de la STM transportent au-delà de 15 passagers, selon des données de la société.

Au début d’avril, raconte M. Frenette, l’atelier de grande révision Youville, dans le secteur Ahuntsic, où sont réparées les voitures du métro, a été en arrêt de travail durant une journée et demie « parce qu’il n’y avait pas de mesures pour la distanciation et la désinfection ».

Selon lui, après cinq semaines de mesures d’urgence, « il y a encore des lieux de travail où la consigne de distanciation physique de deux mètres n’est pas respectée » et du laxisme dans la surveillance des espaces communs, comme la cafétéria ou l’horloge de pointage.

Le directeur général de la STM nie tout en bloc.

« Encore une fois, proteste M. Tremblay, M. Frenette essaie de brouiller les cartes entre sa responsabilité syndicale et son comportement personnel. Ce n’est pas son statut de président de syndicat qui est en cause. Il est un employé de la STM, et depuis maintenant plus d’un an, il accumule les incidents d’intimidation, de harcèlement, de propos injurieux et d’agressivité sur les lieux de travail. »

« Il s’attaque à nos gestionnaires d’une façon inacceptable, et ce n’est pas parce que ça se passe loin des yeux du public, dans le fond d’un garage, qu’on va tolérer ça », a tranché le directeur général.