L’hécatombe se poursuit à Montréal. Le tableau des décès liés à la COVID-19 a plus que doublé en quatre jours dans ce qui est devenu l’épicentre canadien de la pandémie. Entre le 12 et le 15 avril, le bilan est passé de 162 à 332 morts. Les Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) sont frappés de plein fouet avec 176 personnes décédées des suites de la maladie depuis le tout début de la pandémie.

En revanche, la directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, considère que le sommet de la courbe épidémique a été atteint sur l’île.

« Habituellement, quand on atteint le pic épidémique, environ 10 à 12 jours plus tard on atteint le pic d’hospitalisations et un peu plus loin on atteint le pic de décès », a-t-elle expliqué lors d’un point de presse qui s’est déroulé en fin d’après-midi jeudi.

« C’est sûr qu’en CHSLD, on a des courbes quasiment indépendantes de la courbe populationnelle parce qu’il y a des éclosions en milieu de vie […] La situation dans nos CHSLD fausse nos chiffres, mais on est encore confiants qu’au niveau de la transmission communautaire, pour la première vague, qu’on a atteint le plateau », a-t-elle ajouté.

Les autorités de santé publique recensaient jeudi 451 nouveaux cas à Montréal, portant à 7281 le nombre total de personnes infectées. Du côté des hôpitaux, Montréal a enregistré, en date de mercredi 11 h, 76 nouvelles admissions, dont six aux soins intensifs.

La Dre Drouin a toutefois tenu à souligner que des 451 nouveaux cas, plus de 200 sont des cas dépistés lors d’enquêtes épidémiologiques auprès de personnes qui ont été en contact avec d’autres cas confirmés. Ils n’ont donc jamais été officiellement testés, mais puisqu’ils présentaient des symptômes, ils ont été ajoutés au total.

« Dans les prochains jours, on va intégrer l’ensemble de ces cas-là. On en a plus de 600, donc c’est clair que la courbe va sembler augmenter beaucoup, mais pour les nouveaux cas quotidiens vraiment récents, on demeure dans un plateau, donc on continue à être très confiants qu’on a atteint le sommet de la courbe épidémique », a-t-elle expliqué.

Pas d’aidants naturels pour le moment

La Dre Drouin a aussi révélé lors de sa mise au point sur la situation montréalaise que près de 75 % des 79 CHSLD montréalais étaient présentement en éclosion, tout comme 23 % des résidences pour personnes âgées.

Contrairement aux autres régions du Québec, les proches aidants de Montréal devront patienter avant de pouvoir prodiguer des soins à leurs proches hébergés en CHSLD particulièrement dans les établissements qui comportent plusieurs « zones chaudes ». Dans celles qui comportent des « zones froides » bien circonscrites, l’intégration des proches aidants se fera progressivement, après une formation.

« Cette intégration-là, on aimerait ça que ça se fasse aujourd’hui, mais ça ne sera pas possible », a toutefois expliqué la Dre Drouin.

« Actuellement, on est en train d’intégrer tous les nouveaux professionnels de la santé : des médecins, infirmières et préposés aux bénéficiaires qui arrivent d’autres établissements. Ça demande une logistique très importante aux établissements pour préparer, former et s’assurer que le matériel est organisé pour toute cette intégration-là. Donc il va falloir être patients, ça va prendre quelques jours et selon le statut de l’établissement, vous serez informés localement par les gestionnaires s’il sera possible ou non d’intégrer », a-t-elle précisé.