(Ottawa) Les Canadiens pourraient faire face à une hausse des prix et à une moins grande variété de denrées alimentaires sur les étagères des magasins cette année à cause de la pandémie de COVID-19, a reconnu mercredi la ministre fédérale de l’Agriculture.

Marie-Claude Bibeau s’est dite convaincue, par contre, que le pays aurait suffisamment de nourriture — elle n’a pas suggéré que les Canadiens commencent à cultiver des « jardins de la victoire », comme au temps de la guerre. Mais tout aura un impact, a-t-elle admis, que ce soit une éventuelle pénurie de main-d’œuvre dans les champs ou une éclosion de COVID-19 parmi les travailleurs des usines de transformation.

« Je ne crains pas que nous manquions de nourriture, mais nous pourrions voir quelques différences dans la variété et — espérons que non — peut-être aussi dans les prix », a déclaré Mme Bibeau lors d’une visioconférence mercredi, où elle a répondu à des questions depuis son domicile de Sherbrooke.

Cette semaine seulement, le gouvernement fédéral a annoncé des millions de dollars en nouvelles dépenses en agriculture, dont 20 millions pour l’Agence canadienne d’inspection des aliments afin d’avoir suffisamment d’inspecteurs sur le terrain pour effectuer son travail — en cas d’infections.

Autre problème de main-d’œuvre auquel l’industrie est confrontée : la pénurie de travailleurs agricoles. Quelque 60 000 travailleurs étrangers temporaires viennent au Canada chaque année pour travailler dans des fermes et des usines, mais la fermeture des frontières signifie qu’il y en aura moins cette année.

Ils sont également tenus de s’isoler pendant deux semaines à leur arrivée : cette semaine, Ottawa a annoncé une subvention de 1500 $ par travailleur pour aider les employeurs à couvrir les salaires ou à réorganiser les logements pour s’assurer que les travailleurs peuvent respecter les mesures de distanciation sociale. Le respect de ces mesures sera assuré par les autorités locales, provinciales et fédérales, a précisé la ministre Bibeau.

Le Bloc québécois a jugé « inacceptable qu’Ottawa se décharge de ses responsabilités sur le dos des producteurs agricoles et des entreprises qui n’ont ni l’expertise ni les ressources pour y arriver ». Le groupe de défense des droits des travailleurs « Justicia for Migrant Workers » s’inquiète du fait qu’il incombe aux travailleurs — et non aux employeurs — de se conformer aux consignes sanitaires.

Le gouvernement fédéral songe aussi à des façons d’encourager les chômeurs ou les travailleurs à temps partiel à aller travailler aux champs, a indiqué la ministre. Or, le programme des travailleurs étrangers temporaires existe précisément parce que les Canadiens ne veulent pas de ces emplois — et les producteurs ne veulent pas nécessairement les embaucher non plus, car le travail peut nécessiter une solide expérience de la terre ou d’une production en particulier.

Cette industrie est aussi confrontée au problème des épidémies dans les usines de transformation. L’usine Olymel de transformation du porc à Yamachiche, en Mauricie, a rouvert ses portes cette semaine après que la propagation de la maladie parmi ses travailleurs a forcé une fermeture de deux semaines.

La ministre Bibeau a déclaré mercredi qu’elle examinait les demandes de l’industrie à ce chapitre.