(Ottawa) Comme il s’y était engagé, Ottawa délie encore un peu plus les cordons de la bourse pour venir en aide aux Canadiens qui n’étaient pas admissibles à la prestation canadienne d’urgence (PCU) de 2000 $ par mois. Un important coup de pouce pour certains travailleurs comme les artistes et les pompiers volontaires.

La bonification du programme fera en sorte que des personnes qui travaillent à temps partiel et des travailleurs saisonniers dont le revenu a été réduit par la pandémie de la COVID-19 auront désormais droit à un coup de pouce financier gouvernemental. Une mesure rétroactive au 15 mars dernier, selon le président du Conseil du Trésor Jean-Yves Duclos.

On élargit aussi l’admissibilité pour les Canadiens qui occupent des emplois essentiels et qui gagnent moins qu’ils ne le feraient s’ils recevaient cette prestation, tel qu'annoncé par Justin Trudeau lors de son allocution quotidienne à Rideau Cottage, mercredi.

« Des millions de personnes ont déjà reçu la prestation, mais on sait que plusieurs ne sont pas admissibles et ont toujours besoin d’aide. Donc aujourd’hui, on va assouplir les critères d’admissibilité pour permettre à encore plus de gens d’en bénéficier », a-t-il déclaré.

« Si vous gagnez 1000 $ par mois ou moins, vous pourrez maintenant recevoir la prestation canadienne d’urgence, parce que bien des gens ne travaillent pas autant d’heures qu’avant, et d’autres doivent s’adapter aux réalités du travail à la pige ou à contrat », a spécifié M. Trudeau.

Concrètement, les nouvelles mesures permettent aux travailleurs de conserver un revenu pouvant atteindre 1000 $ par mois tout en recevant la PCU de 2000 $ par mois.

« Les travailleurs qui ont épuisé leurs prestations d’assurance-emploi récemment pourront aussi recevoir la prestation. Et à travers le pays, beaucoup de gens n’auront pas de travail saisonnier cette année à cause de la pandémie; la prestation d’urgence sera là pour eux aussi », a-t-il dit.

En point de presse, le président du Conseil du Trésor Jean-Yves Duclos a expliqué que des travailleurs qui continuent de gagner un peu d’argent, mais qui ont perdu leur emploi principal, comme des élus municipaux ou des pompiers volontaires, seront admissibles à la PCU. Jean-Yves Duclos a évoqué un ajustement « majeur » de ce nouveau filet social temporaire.

La PCU a été mise sur pied pour soutenir les Canadiens qui ont été privés de leur gagne-pain en raison de la pandémie de la COVID-19. L’appui financier est de 2000 $ par mois pendant quatre mois.

Le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, a soutenu mardi que 6 millions de demandes de PCU ont été reçues, et qu'un total de 5,4 millions de requêtes avaient déjà été traitées par les fonctionnaires fédéraux.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait fait de l’élargissement de la PCU une condition à son appui au projet de loi sur les subventions salariales qui a été adopté par le Parlement samedi dernier.

Le sort des aînés inquiète

Dans sa déclaration d'ouverture, le premier ministre s'est dit préoccupé par les histoires d'horreur en provenance de centres de soins de longue durée. Il compte en parler lors de sa conférence téléphonique hebdomadaire avec ses homologues des provinces et des territoires.

« C’est un sujet que je vais aborder avec les premiers ministres durant notre discussion demain [jeudi] On doit tous faire mieux. On doit tous faire preuve de leadership pour soutenir les aînés qui ont bâti notre pays », a-t-il plaidé.

Et à en croire les propos de Justin Trudeau, il semble qu'aucune décision quant au déploiement de personnel des Forces armées canadiennes dans certains CHSLD du Québec n'a encore été prise: « On parle avec Québec sur comment on va pouvoir aider », s'est-il contenté d'offrir.

La vice-première ministre du Canada a spécifié qu’Ottawa n’avait aucune reçu aucune demande de Québec à ce sujet. Par contre, le président du Conseil du Trésor a évoqué des « discussions très importantes » entre les deux gouvernements. « C’est possible que ces discussions mènent à des demandes bien spécifiques », a indiqué Jean-Yves Duclos.

À l'Assemblée nationale, le premier ministre François Legault a laissé entendre qu'il envisageait un tel scénario, mardi, disant s'être enquis au sujet du «nombre de personnes dans l'armée détenant une expertise médicale» qui pourraient être mis à contribution.

Du côté du ministère de la Défense nationale, on signalait peu après que le 1er Hôpital de campagne du Canada, l'unité militaire qui fournit «des capacités médicales et chirurgicales aux forces militaires en déploiement au Canada et à l’étranger», n'avait pas été sollicité.

Encore des Rangers au Québec

Le premier ministre Trudeau a, en revanche, confirmé un second déploiement des Rangers canadiens au Québec.

« Après avoir accepté une première demande d’aide des Forces armées canadiennes pour le Nunavik, le gouvernement du Québec nous a envoyé une deuxième demande pour la Basse-Côte-Nord. Je vous confirme que ce sont les Rangers canadiens qui vont aller leur prêter main-forte », a-t-il affirmé.

Précisons que la Basse-Côte-Nord s'étend de la rivière Natashquan à la frontière du Labrador. Il se compose de 15 petits villages, comme Tête-à-la-Baleine et Blanc-Sablon.