(Québec) Le gouvernement Legault rappelle à l’ordre des professionnels de la santé qui refusent de se conformer aux règles sanitaires strictes imposées dans les résidences privées pour personnes âgées.

Le gestionnaire d’une trentaine de résidences réparties partout au Québec s’est plaint mercredi du non-respect des consignes par le personnel soignant envoyé par les CLSC pour prodiguer des soins à domicile aux résidants.

Encore jeudi, des responsables d’un Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) ont répondu à un gestionnaire qu’ils n’allaient pas tenir compte des directives du gouvernement, même quand elles émanent du premier ministre lui-même.

« Concernant ce qui est dit en conférence de presse par le premier ministre ou un (e) ministre, il faut être prudent avec ces informations », peut-on lire dans une note qui a été acheminée à La Presse canadienne.

« Nous travaillons uniquement avec les communiqués officiels qui vous sont envoyés par le CIUSSS […]. Si l’information venait à changer concernant le respect des mesures mises en place par les résidences privées pour aînés à l’égard des travailleurs du CIUSSS, il est certain que vous en serez informés. Nous n’avons cependant aucune consigne officielle à cet effet à l’heure actuelle. »

« On suit le protocole »

Or la ministre de la Santé, Danielle McCann, a tenu à riposter jeudi après-midi. Elle a dit qu’elle en avait parlé aux dirigeants des CISSS et des CIUSSS du Québec la journée même.

« Les résidences pour personnes âgées prennent des mesures importantes pour protéger leur clientèle et on doit les respecter, a-t-elle déclaré en conférence de presse […]. Je pense qu’il faut que ça soit appliqué sur le terrain. Donc, quand on arrive dans une résidence pour personnes âgées autonomes, on suit le protocole qui a été mis en place par la résidence, qui est très sécuritaire, et on suit ce protocole dans toutes les régions du Québec. »

Rappelons que des préposés aux bénéficiaires refusaient de se plier au protocole dans les résidences, sous prétexte qu’ils n’avaient pas reçu de consignes des CISSS et des CIUSSS à cet égard.

Dans des établissements, il est demandé au professionnel de retirer ses effets personnels qui sont mis dans un sac, puis d’enfiler un sarrau, de signer un registre où il doit déclarer s’il a été en contact avec des personnes infectées, quelle autre résidence il a visitée, etc. Des professionnels ont refusé de signer le registre au nom du secret professionnel et de s’astreindre au protocole.

Il a été rapporté que les foyers d’éclosion dans les résidences de personnes âgées étaient largement attribuables aux visites du personnel soignant ou au contact avec des employés infectés.

Zone tampon

D’autres gestionnaires déplorent que des aînés qui obtiennent leur congé après avoir été hospitalisés pour diverses raisons réintègrent ensuite directement leur domicile dans une résidence. Parfois le CISSS les informe après coup que le patient a été en contact avec une personne infectée.

Un responsable de cinq résidences qui hébergent 1000 personnes dans Lanaudière a fait remarquer qu’en moyenne, chaque jour, une ambulance vient cueillir un résidant qui tôt ou tard reviendra, sans avoir eu à séjourner en isolement 14 jours dans un autre milieu.

En entrevue avec La Presse canadienne, le directeur général adjoint des Habitations Bordeleau, Sébastien Buisson, a réclamé au gouvernement la mise en place d’une « zone tampon », soit dans un hôtel ou un autre établissement, pour éviter les éclosions.

Questionnée à ce sujet, Mme McCann n’a pas ouvert la porte à la mise en place de zones tampon. Cependant, elle a précisé qu’il existait pourtant des directives claires concernant le retour des aînés en milieu de vie.

« On dit que pour les gens qui retournent en milieu de vie […], il faut qu’ils soient testés et qu’ils soient négatifs avant de réintégrer ces milieux de vie. Ça, c’est un premier critère, là, de dépistage qu’on se donne maintenant pour éviter, justement, la contagion. »