(Québec) Il y aurait 1263 décès au Québec d’ici le 30 avril, dans un scénario optimiste, et jusqu’à 8860, dans un scénario pessimiste, selon une présentation faite mardi par le gouvernement sur l’évolution de la COVID-19.

Le scénario optimiste sur le nombre de décès a été conçu en fonction de la vitesse de propagation du coronavirus en Allemagne, pays représentant un faible taux de mortalité ; pour les hospitalisations et le nombre de cas, on a plutôt retenu le Portugal. Quant au scénario pessimiste, l’expérience de l’Italie a été retenue.

Selon les scénarios, le fameux sommet se situerait autour du 18 avril.

Le nombre cumulé de cas confirmés de COVID-19 s’élèverait à 29 212 au 30 avril dans le scénario optimiste ; 59 845 dans le scénario pessimiste.

CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE DU DOCUMENT DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

Le nombre d’hospitalisations atteindrait 1404 dans un scénario optimiste à la mi-avril. Ce serait 3028 dans le scénario pessimiste. À noter que le rythme réel actuel des hospitalisations se trouve sous le scénario optimiste pour le moment (583 ; on est à mi-chemin entre 500 et 1000 dans le scénario optimiste pour le 7 avril).

CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE DU DOCUMENT DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

Toujours au sommet de la courbe, il y aurait 468 personnes hospitalisées aux soins intensifs dans le scénario optimiste, contre 1009 dans le pessimiste. Encore là, le nombre actuel de personnes aux soins intensifs est inférieur au scénario optimiste (164 ; c’est plus de 200 à cette date dans le scénario).

À noter qu’il y a 633 lits disponibles aux soins intensifs actuellement.

CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE DU DOCUMENT DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

Dans le cas des décès, le nombre réel (150 en date du 7 avril) et le rythme actuel d'augmentation sont plus élevés que ce que l'on peut voir dans le scénario optimiste, mais ils sont beaucoup plus faibles que le scénario pessimiste.

CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE DU DOCUMENT DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

« On est plus proche (du scénario) optimiste que du pessimiste », a affirmé le directeur national de la santé publique, le DHoracio Arruda mardi, avant le dévoilement des scénarios par des experts. « Si je me suis trompé, je vais dire que c’est de votre faute, parce que vous n’avez pas appliqué les mesures nécessaires », a-t-il ajouté, rappelant l’importance que la population respecte les règles de confinement.

Il a chiffré à 75 % les probabilités que le scénario optimiste se réalise.

Document Scénarios : évolution de la COVID-19 diffusé par le gouvernment (PDF)

« Je veux juste vous dire que les courbes qu’on a vues, comment le Québec se comporte, c’est encourageant, a ajouté le DArruda. Même si on va présenter des scénarios pessimistes, les chiffres que vous pourriez voir, je ne pense pas qu’on va se rendre là, si on continue. Si tout le monde se relâche après avoir vu les courbes, puis qu’on se remet à remonter, on pourrait ravoir une augmentation en pente, puis tout le travail qu’on va avoir fait, on va l’avoir décalé seulement. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le directeur national de la santé publique, le DHoracio Arruda.

De son côté, le premier ministre François Legault a soutenu que la progression de la COVID-19 « se stabilise » et que le Québec est en voie d’atteindre le sommet de la courbe. Il n’était pas présent au dévoilement des scénarios.

Pour les présenter en conférence de presse, le gouvernement a envoyé au bâton le DRichard Massé, un prédécesseur du DArruda au poste de directeur national de la santé publique. Il est aujourd’hui conseiller médical stratégique à la Direction de la santé publique.

François Legault disait la semaine dernière que « le scénario qui est peut-être plus probable » serait présenté. On a finalement opté pour deux scénarios, l’un optimiste et l’autre pessimiste.

« Je ne voudrais pas alarmer les personnes avec le scénario pessimiste. Vous allez voir, évidemment, quand on regarde le nombre de décès prévus, ça peut être inquiétant », a affirmé François Legault lors de son point de presse quotidien.

Il a précisé que les scénarios ont été faits à partir des expériences vécues en Europe, où le coronavirus s’est propagé avant.

« Donc, évidemment, il y a des pays où ça a été très dur. Par exemple, l’Espagne, l’Italie. Donc, c’est sûr, quand on utilise ces scénarios-là pour faire des projections au Québec, ça peut donner des scénarios où il y a beaucoup de décès. Mais il reste que jusqu’à présent on est beaucoup plus proches des scénarios où les pays ont été les meilleurs. On est dans la bonne direction, on a beaucoup moins de morts que la moyenne en Europe, toutes proportions gardées. Mais il ne faut pas relâcher nos efforts. Il ne faudrait pas que tous les efforts qu’on a faits depuis quelques semaines soient gâchés en changeant ça pour le reste du mois d’avril. Donc, important de respecter les consignes. »

S’il a fait le choix d’être absent de cet exercice, c’est parce qu’il est « important que la population voie que c’est un scénario qui n’est pas politique » selon lui. « C’est un scénario qui est fait par des scientifiques, par des experts. Donc, en toute transparence, ce sont les experts qui vont présenter le scénario puis répondre à vos questions », a-t-il ajouté.

Horacio Arruda avait fait savoir clairement dès le début de la pandémie qu’il est réfractaire à présenter des scénarios, même s’il s’y réfère publiquement à l’occasion ; par exemple quand il a dit que la vitesse de propagation du coronavirus « est en deçà de ce qu’on avait projeté comme étant un scénario chez nous ».

« C’est compliqué, les scénarios. Je peux juste vous dire, ça rime avec Horacio, mais si je pouvais, je m’en passerais », disait-il lundi, évoquant le risque de se faire « couper la tête si jamais (il) n’a pas le bon chiffre ». Mais « le boss le demande, et c’est le premier ministre » alors le dévoilement des scénarios aura lieu, ajoutait-il. Le premier ministre François Legault avait reconnu la semaine dernière la nécessité de présenter des prévisions aux Québécois. Au départ, il disait avoir demandé à la Direction de la santé publique de présenter « le scénario qui est peut-être plus probable ».

Il faut comprendre que c’est à partir des projections sur la propagation du coronavirus, notamment, que le gouvernement prend ses décisions. Concernant le prolongement de la fermeture des écoles tout comme des entreprises et commerces non essentiels, par exemple.