(Ottawa) Les équipages de deux navires de la Marine royale canadienne ont reçu l’ordre de s’isoler dans un hôtel de Halifax pendant deux semaines, alors que le gouvernement fédéral annonçait lundi qu’il était prêt à mobiliser du jour au lendemain jusqu’à 24 000 soldats pour lutter contre la pandémie de COVID-19.

Le contre-amiral Craig Baines, commandant de la force opérationnelle interarmées pour l’Atlantique, a ordonné aux marins des NCSM Ville de Québec et Moncton, ainsi qu’à l’équipage d’un détachement d’hélicoptères maritimes, de s’isoler pour s’assurer qu’ils ne seront pas infectés au moment opportun.

Des efforts sont en cours pour trouver un hôtel approprié, a déclaré le contre-amiral Baines dans une lettre aux marins et à leur famille. Il ajoute que le confinement obligatoire ne commencera qu’en avril. Au bout de deux semaines, les navires et hélicoptères se rendront en mer, où ils seront prêts à répondre à une urgence nationale, si nécessaire.

Cette option permet d’éviter la transmission communautaire à bord d’un des navires, si un marin était infecté dans sa famille, a expliqué le commandant. « Je reconnais que cette décision sera très difficile pour nos marins et leur famille, écrit-il. À bien des égards, ce sera comme s’ils étaient partis en déploiement, alors qu’en réalité, ils seront très proches. »

La Marine américaine a connu des infections à la COVID-19 sur deux de ses porte-avions à propulsion nucléaire au cours de la semaine dernière ; la promiscuité à bord a permis à la maladie de se propager comme une traînée de poudre.

M. Baines n’a pas pu dire combien de temps le Ville de Québec et le Moncton resteraient en mer, suggérant que cela dépendrait en grande partie de la pandémie.

Pas encore de demande formelle

PHOTO ADRIAN WYLD, THE CANADIAN PRESS

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan

L’ordre d’isolement obligatoire intervient alors qu’Ottawa a promis que l’armée serait prête à répondre à une demande formelle d’aide d’une province, d’un territoire ou d’une municipalité, que ce soit pour lutter contre la COVID-19 ou pour prêter main-forte lors d’une catastrophe naturelle — comme une crue printanière. Cette demande d’aide n’a pas été formulée à ce jour, a confirmé lundi le premier ministre Justin Trudeau.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a précisé plus tard que l’armée était prête à mobiliser jusqu’à 24 000 soldats pour participer à la lutte contre la pandémie de COVID-19. Cela équivaut à près du quart de l’effectif total des Forces armées et serait l’une des plus importantes mobilisations en temps de paix de l’histoire du Canada.

L’effectif sur un pied d’alerte comprend 10 unités de l’armée de terre ainsi que des navires de la Marine et des aéronefs et équipages de l’armée de l’air. Les réservistes et les Rangers nordiques sont également en état d’alerte, a déclaré le ministre Sajjan.

« Ces équipes flexibles peuvent opérer comme forces d’intervention locales pour apporter un soutien humanitaire, des contrôles de bien-être, des interventions en cas de catastrophe naturelle et d’autres tâches, selon les besoins », a-t-il précisé.

Le ministre Sajjan a également laissé la porte ouverte à ce que des militaires aident à faire respecter les directives de santé publique. Le chef d’état-major de la défense, le général Jonathan Vance, a indiqué de son côté que les militaires pourraient fournir du personnel médical et des ingénieurs, si nécessaire.

La semaine dernière, le général Vance a essentiellement mis tous les militaires canadiens sur le pied de guerre en leur disant de rester en bonne santé et d’être prêts à intervenir. Il a également demandé aux militaires qui étaient sur le point de quitter volontairement les Forces de reconsidérer leur décision et il a encouragé les anciens combattants à revenir.

Pendant ce temps, l’armée canadienne doit aussi maintenir sa présence dans plusieurs missions à l’étranger, tout en évitant une attaque potentielle au pays.

Le gouvernement fédéral examine toutes ses missions à l’étranger et procède aux ajustements nécessaires, a déclaré le ministre Sajjan. Il travaille également en étroite collaboration avec ses alliés et « surveille tous les adversaires qui pourraient profiter de la situation ».