Ce n’est plus un seul agent correctionnel en poste au pénitencier de Port-Cartier, sur la Côte-Nord, qui a contracté la COVID-19 mais sept, a appris La Presse.

Deux agents correctionnels fédéraux de l’Établissement de Joliette sont également infectés.

Ces informations ont été confirmées et annoncées par le Syndicat des agents correctionnels du Canada, affilié à la CSN, sur sa page Facebook ce soir.

« Heureusement, la plupart de ces membres ne présentent que des symptômes peu virulents et restent à la maison ».

« Pendant le week-end, UCCO-SACC-CSN est resté en communication constante avec le SCC pour s’assurer que toutes les mesures d’urgence soient mises en place pour protéger la santé et la sécurité de nos membres et pour s’assurer que la propagation du virus est contrôlée dans la mesure du possible ».

« Nous reconnaissons que ce sont des périodes extrêmement éprouvantes à la fois physiquement et mentalement pour tous les membres, mais nous allons surmonter cela ensemble », écrit également le syndicat qui remercie ses membres pour leur force, leur courage et leur détermination en ces temps très difficiles.

Une vingtaine d’autres agents en quarantaine

Selon des renseignements qui n’ont toutefois pas été confirmés par le syndicat et le ministère de la Sécurité publique du Canada, une vingtaine d’autres agents correctionnels du pénitencier de Port-Cartier auraient été envoyés en quarantaine à la maison et les autorités attendraient les résultats de plusieurs tests de dépistage avant de voir quelles mesures pourraient être prises pour endiguer la propagation du coronavirus.

D’après nos renseignements, des agents infectés ou isolés auraient pris part à une formation il y a deux semaines. Il semble également que le premier agent contaminé ne revenait pas de voyage.

Selon nos informations, le pénitencier est, depuis dimanche matin, en « lock down » (confinement), c’est-à-dire que les détenus sont confinés dans leur cellule 24 heures sur 24. Les effectifs correctionnels et le nombre d’employés civils dans l’établissement auraient également été réduits au maximum en fin de semaine. Les détenus n’effectueraient plus de travail à l’intérieur des murs, par exemple aux cuisines.

D’après des sources, la direction a fait appel à d’anciens agents qui ont déjà été en poste à Port-Cartier et des agents en congé pour faire face à la situation. Il est question également d’allonger les quarts de travail des agents, de façon à diminuer le nombre de changements de relève, et d’aller-retour dans le pénitencier.

« On sent que la tension commence à monter chez les détenus. Il y a eu des discussions parmi les responsables et des plans sont envisagés », nous a confié un agent qui a requis l’anonymat, car il n’est pas autorisé à parler aux médias.

Surveillance et nettoyage renforcé

« Neuf employés de l’Établissement de Port-Cartier ont maintenant rapporté avoir reçu un résultat positif au test de dépistage de la COVID-19. Nous vous assurons que les employés sont en isolement à leur domicile et suivent les directives des autorités locales de la santé », a écrit à La Presse une porte-parole du ministère, Véronique Rioux.  

Celle-ci a ajouté que des mesures ont été mises en place, notamment que tous les employés qui ont pu avoir un contact étroit avec les employés contaminés ont été informés, que l’isolement cellulaire a été imposé à tous les détenus en attendant les directives de la Santé publique et que des mesures de nettoyage « renforcées » ont été prises pour nettoyer l’établissement.  

« L’établissement demeure en isolement cellulaire et tous les détenus font l’objet d’une surveillance pour des symptômes. Nous surveillons de près la situation et travaillons avec l’Agence de la santé publique du Canada, nos employés et le syndicat pour nous assurer que les mesures appropriées sont en place », a ajouté Mme  Rioux.  

Les autorités gouvernementales et de la Santé publique devront vraisemblablement suivre avec attention la situation au pénitencier de Port-Cartier dans les prochains jours. Port-Cartier est un pénitencier à sécurité maximale où sont détenus plusieurs types de criminels ; membres de groupes organisés, meurtriers, agresseurs sexuels et autres.

Samedi, la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, a identifié la Côte-Nord comme étant l’une des huit régions du Québec qui sont maintenant fermées, pour éviter de contaminer ces secteurs qui sont moins affectés par la COVID-19, et où les habitants seraient plus vulnérables si une éclosion survenait.

Les policiers de la Sûreté du Québec vont ériger des barrages sur les routes menant à ces régions pour ne permettre que les déplacements essentiels.

Les détenus de l’établissement de Joliette ont également été confinés à leur cellule.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à
drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.