Une Canadienne coincée au Pérou présentant tous les symptômes de la COVID-19 sème l’effroi depuis qu’elle a été retrouvée gisant dans un parc d’un petit quartier de Lima, capitale du pays.

Des milliers de Canadiens sont toujours pris dans ce petit pays de l’Amérique du Sud en attente d’être rapatriés sur des vols nolisés.

Depuis lundi, les médias péruviens font tourner en boucle les images de la femme d’une quarantaine d’années abandonnée à son sort, apparemment après avoir passé le test du coronavirus à l’hôpital Edgardo Rebagliati. La Canadienne originaire de l’Ontario aurait d’abord erré dans les rues du quartier Jesús María, avant de passer la nuit dans un parc du district Miraflores.

Les policiers locaux ont parlé aux médias d’un cas de « détresse économique et mentale ». Elle n’aurait ni famille ni proches pour lui venir en aide.

Sur des images captées par des chaînes locales de télévision, la femme semble confuse. On la voit quelques minutes auparavant, en position fœtale, couchée sur le côté, avec un masque médical de protection au visage, tendant les bras à des secouristes.

Mercredi après-midi, un infectiologue bien connu dans la capitale du pays, Eduardo Gotuzzo, a affirmé que la Canadienne avait été placée en isolement. Le premier test de la COVID-19 serait négatif, a-t-il dit. Plus tard, des médias ont rapporté que la femme avait été confiée à l’ambassade du Canada pour être rapatriée sur le prochain vol.

À la direction des communications d’Affaires mondiales Canada, aucun porte-parole n’a donné suite aux demandes de La Presse, mercredi. Selon les derniers chiffres rendus publics par l’ambassade, 2612 demandes de rapatriements ont été remplies au Pérou. À ce jour, environ la moitié des demandeurs seraient de retour au Canada. Ils ont tous été soumis à des quarantaines.

Craintes

Jointe par La Presse, la voyageuse Roxane Fortier raconte que de plus en plus de Canadiens coincés au Pérou commencent à se demander s’il est sage de revenir au pays.

« Je pense à ceux qui ont un hébergement confortable et pas de facteurs de risque. Nous craignons à la fois d’être des porteurs asymptomatiques et de contaminer des personnes vulnérables dans le vol, ou carrément d’augmenter nos chances de contracter le virus pendant le processus de rapatriement », a-t-elle expliqué.

Au Pérou, le président Martín Vizcarra doit annoncer ce jeudi si l’état d’urgence est prolongé, avec isolement obligatoire. Le pays ne rapporte que 480 cas d’infections.

Mariana Morin, résidante de Montréal, a eu la chance d’obtenir un vol pour le Canada, mardi. Elle est arrivée mercredi à Toronto. Quand La Presse a pu la joindre, elle attendait un vol de retour pour Montréal.

« Nous avons séjourné chez mon oncle, à Santa María, un quartier situé à 50 km du centre de Lima. Nous avons été en isolement depuis l’annonce de la fermeture des frontières. Nous n’avons pas de symptômes. Nous n’avions pas le droit de sortir à deux pour aller faire l’épicerie et il fallait respecter des heures pour y aller. La police surveille les rues. Je ne me suis jamais sentie en danger. »

Sur une page Facebook crée par des Canadiens en attente de rapatriement, plusieurs ont cependant dénoncé les conditions de confinement dans un hôtel de Cusco, ville plus au sud du pays. À l’auberge Pariwana, des visiteurs seraient confinés dans des dortoirs avec deux repas par jour. Avec la permission de sortir une heure par jour.

« Plusieurs Canadiens ont peur de ne pas pouvoir se rendre à Lima à temps pour prendre les vols ou d’en faire partie à cause de la mauvaise gestion des codes de réservation envoyés par l’ambassade. Dans des régions reculées, la situation devient plus complexe », a ajouté Mme Morin.

Un premier vol

Dans un communiqué, Affaires mondiales Canada a affirmé que le premier d’une série de vols d’Air Canada visant à ramener des Canadiens du Pérou avait effectivement quitté l’aéroport de Lima, mercredi. D’autres vols sont prévus plus tard dans la semaine. « Nous travaillons avec les autorités locales pour coordonner le transport par avion et par bus. Un vol supplémentaire en provenance du Maroc est en cours de planification, ainsi que des vols en provenance d’Équateur, du Guatemala, du Honduras, du Panamá, du Salvador, de la Tunisie et de l’Ukraine. »