(Calgary) Le syndicat représentant les agents correctionnels canadiens a dit qu’un programme mettant des seringues propres à la disposition des détenus dans un certain nombre de prisons ne sera pas étendu à de nouveaux établissements pendant la crise de la COVID-19.

Le Service correctionnel du Canada a lancé le programme en 2018, permettant aux détenus qui utilisent des drogues injectables d’avoir accès à des seringues propres.

Il est déployé dans tout le pays depuis juin 2018 et est offert dans au moins neuf des 49 prisons fédérales, dont celle de Joliette.

« Il n’y a rien de nouveau. C’est complètement arrêté au chapitre de l’instauration de nouvelles politiques », a déclaré James Bloomfield, président régional des Prairies du Syndicat des agents correctionnels du Canada.

Le Service correctionnel du Canada (SCC) a déclaré que le programme d’échange d’aiguilles se poursuit dans les établissements où il est déjà en cours et que la suspension de l’expansion n’est que temporaire en raison de la COVID-19.

« Nous avons suspendu temporairement le processus de consultation pour une nouvelle mise en œuvre du programme, car ça nécessite de vastes consultations et des interactions en face à face, a indiqué l’agence, dans un communiqué. Ça correspond aux lignes directrices de l’Agence de la santé publique du Canada sur la distance sociale. »

M. Bloomfield estime qu’il n’y a probablement qu’une cinquantaine de détenus à travers le pays qui sont inscrits au programme d’échange de seringues.

Il a déclaré que l’établissement albertain Drumheller, seule prison à offrir un site d’injection sûr, sera en mesure de gérer son programme sur une base limitée en fonction de la disponibilité des professionnels de la santé.

Le syndicat préfère l’idée des sites d’injection plutôt que des échanges d’aiguilles, car les travailleurs estiment que cela constitue une menace pour le personnel.

« C’est le moins pire des deux maux », a dit M. Bloomfield.

Il a dit que la priorité pour les prisons du Canada est de garder la COVID-19 à l’écart.

« Une fois en dedans, c’est comme un bateau de croisière. Nous sommes tous au même endroit et ça ne va pas bien se passer. »

Le service correctionnel voit le programme comme un moyen de prévenir la propagation des maladies infectieuses par ceux qui s’injectent des drogues et partagent des seringues en prison.

Le service a déclaré que les taux de VIH en prison sont 200 fois plus élevés que dans la population générale, et les taux d’hépatite C sont 260 fois plus élevés.

Sandra Ka Hon Chu, directrice de la recherche et de la défense des droits auprès du Réseau juridique canadien VIH/sida, a dit qu’elle serait « naturellement inquiète et avec raison » si le programme, qui empêche la propagation des maladies infectieuses, était suspendu.

« La suspension du programme signifie que les détenus continueront d’être exposés au risque d’infection par le VIH et le VHC ainsi qu’à d’autres atteintes à leur santé, a-t-elle déclaré. Comme pour les autres soins de santé essentiels, le SCC doit être capable de continuer à fournir des soins de santé essentiels à ses détenus. »