Peut-on contracter la COVID-19 en mangeant ? Pour l’instant, aucune étude n’a encore démontré que les aliments étaient une voie de transmission du coronavirus. Les risques sont probablement faibles, mais la prudence s’impose. Voici quelques informations pour y voir plus clair.

Que sait-on de la transmission de la COVID-19 par la nourriture ?

À l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve que la maladie pourrait être causée par l’ingestion d’aliments qui contiendraient des traces du virus SARS-CoV-2. L’Agence canadienne d’inspection des aliments et le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêcheries du Québec (MAPAQ) écartent tous deux cette piste pour l’instant. « Actuellement, en ce qui a trait à la transmission par la nourriture, il n’y a pas de cas connus », explique Lawrence Goodridge, microbiologiste alimentaire et professeur en sécurité alimentaire à l’Université de Guelph. « Par contre, la situation évolue rapidement, d’heure en heure dans certains cas, alors ça ne veut pas dire que ce que je vous dis aujourd’hui, ne pourrait pas changer. »

Une personne qui doit s’isoler 14 jours au retour d’un voyage à l’étranger devrait-elle cuisiner pour sa famille ?

Non, répond Jennifer Ronholm, professeure adjointe au département des sciences alimentaires et de la chimie agricole de l’Université McGill. « Il n’y a pas assez de preuves en ce moment dans une direction ou l’autre pour déterminer si cela peut se transmettre par la nourriture. D’ici quelques semaines ou quelques mois, nous aurons peut-être une réponse solide », croit la microbiologiste. « Une consigne qui ne changera pas, par contre, c’est que quiconque présente des symptômes de la COVID-19 ne devrait pas préparer de nourriture pour qui que ce soit. » Cela s’applique aussi pour les gens à qui le gouvernement demande de s’isoler volontairement par précaution, dit-elle.

Même si la voie de transmission principale demeure le contact étroit avec une personne contaminée, plusieurs études ont montré que le nouveau coronavirus pouvait survivre plusieurs heures, voire des jours sur plusieurs types de surfaces. Faut-il s’inquiéter des aliments ?

Selon une étude publiée en 2018 dans le journal Food and Environmental Virology, les virus respiratoires, dont les coronavirus, peuvent survivre plusieurs heures sur des fruits et légumes. « Jusqu’à quatre jours sur la laitue », précise Lawrence Goodridge. « Même si le risque n’est pas considéré comme élevé, les gens malades ne devraient jamais préparer de la nourriture. » Dans une directive émise cette semaine, le MAPAQ souligne que même si ce n’est pas le principal mode de transmission, il est possible de contracter la COVID-19 en touchant une surface ou un objet où se trouve le virus puis en portant la main à sa bouche, à son nez ou à ses yeux. « Il est donc important de toujours observer les règles d’hygiène de base qui consistent à bien se laver les mains avant de manger et de cuisiner », précise le document.

Devrait-on cesser de tâter les fruits et légumes à l’épicerie ?

Pour l’instant, il vaut peut-être mieux abandonner cette habitude, plutôt douteuse de toute façon sur le plan de la salubrité. « La probabilité que le virus passe d’une personne malade à, disons, une pomme, que le virus survive sur la pomme jusqu’à la maison et qu’il passe ensuite à la bouche du client quand il la mange, puis dans ses voies respiratoires : quand on regarde toute cette chaîne, la probabilité est tellement peu élevée qu’elle est probablement infiniment minime », nuance cependant Jennifer Ronholm.

Est-ce que le nouveau coronavirus survit à la cuisson ?

Probablement pas. « Je ne connais aucun virus qui peut survivre à une température de 350 °C », répond Jennifer Ronholm. En principe, ajoute Lawrence Goodridge, la chaleur devrait facilement tuer le virus, ajoute-t-il. « On sait que des virus considérés comme plus robustes comme les norovirus, qui causent la gastro ou l’hépatite A, sont inactivés par la chaleur. Si vous cuisez ou faites bouillir des aliments avec le virus, il sera inactivé. » Selon le MAPAQ, le coronavirus ne peut pas se multiplier dans les aliments.

Une étude publiée cette semaine par le New England Journal of Medicine a révélé que le nouveau coronavirus pouvait survivre jusqu’à trois jours sur des surfaces de plastique et jusqu’à 24 heures sur du carton. Devrait-on prendre des précautions avec les emballages des mets livrés ?

Un bon lavage de main après avoir ouvert tous les contenants et avant de manger suffit, dit Lawrence Goodridge. C’est aussi une bonne idée de minimiser les contacts avec son livreur en payant d’avance en ligne, par exemple. Selon Mme Ronholm, le risque de faire livrer de la nourriture à domicile n’est pas plus grand que celui d’aller à l’épicerie. « Plusieurs restaurants se sont maintenant tournés vers la livraison à domicile et les commandes à emporter, ce qui est une excellente idée, à condition que les personnes qui travaillent en cuisine ou qui font la livraison n’aient pas de symptômes. Il n’y a aucune raison d’entrer en proximité avec son livreur. Parce qu’une chose dont on est sûrs, c’est que la COVID-19 se transmet facilement d’un humain à un autre. »