(Halifax) Le Canada sera le dernier pays à manquer de nourriture selon Sylvain Charlebois, un analyste bien connu du secteur agroalimentaire canadien.

Dans une note publiée jeudi, le directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, écrit que les tablettes vides remarquées depuis quelques jours dans les marchés d’alimentation par des gens qui se sont rués vers les magasins peuvent les inciter à penser qu’une grave pénurie est sur le point d’éclater.

Sylvain Charlebois explique que le système d’approvisionnement canadien repose sur le modèle appelé « juste assez, juste à temps ». À son avis, la capacité logistique et d’entreposage à travers la chaîne n’a jamais été aussi musclée ; il rappelle que l’ensemble du territoire canadien est desservi par des distributeurs qui misent sur la coordination parfaite de tous les acteurs au sein de la chaîne.

En début de semaine, l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA) a demandé aux consommateurs d’être patients et compréhensifs en les assurant d’une disponibilité prochaine de leurs produits.

En ce qui concerne les prix alimentaires, les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter non plus selon le chercheur Charlebois. Il ne prévoit pas que la récente ruée dans les magasins incitera des détaillants à augmenter subtilement les prix afin de faire croître leurs profits. À l’ère des réseaux sociaux où, le comportement abusif d’une entreprise peut être capté par une photo et partagé des millions de fois, il serait malvenu, selon lui, d’extorquer les consommateurs, surtout par les temps qui courent.

Sylvain Charlebois signale que la récente forte baisse du prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux permet de réduire les coûts en distribution alimentaire. En revanche, il signale que la dégringolade de la valeur du dollar canadien se fait déjà sentir pour l’achat de certains produits, notamment les fruits et légumes frais.

Sur le marché des devises, le dollar canadien a poursuivi sa glissade mercredi, ayant perdu 2,2 % en se négociant au cours moyen de 68,98 cents US, par rapport à son cours moyen de 70,55 cents US de la veille.

Le professeur Charlebois craint aussi qu’une explosion de cas de COVID-19 aux États-Unis puisse inciter les autorités américaines à fermer complètement la frontière de leur pays avec le Canada. Il rappelle qu’en hiver et au printemps, environ 40 % de tout ce que les Canadiens consomment, au détail ou en restauration, provient des États-Unis ou a transité par les États-Unis.

La décision du gouvernement du Canada d’exclure les Américains des interdictions d’entrer au Canada à compter de mercredi était néanmoins la bonne, selon le chercheur, qui croit qu’Ottawa a ainsi pu négocier de bonne foi le passage des produits agroalimentaires dans les deux sens.