Marta Rebolledo est arrivée à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau samedi après-midi, en provenance de Washington. Il y a une semaine, cette professeure était en Espagne, cette fois-là aussi pour des raisons professionnelles. À son arrivée à la douane canadienne, elle a simplement dû répondre à la question nouvellement d’usage, à savoir si elle rentrait d’une province des environs de Wuhan, d’Italie ou d’Iran. Sinon, rien.

Dans l’avion d’Air Canada, souligne-t-elle, ils n’étaient que 11 passagers.

« Comme je suis passée par des aéroports, et par souci de protéger les autres, je vais m’imposer moi-même une quarantaine, dit-elle, à l’extérieur du terminal. Mais on ne m’a rien recommandé. »

Sylvain Grignon, qui rentrait de France où il s’était rendu par obligation familiale, ne s’est pas fait suggérer de précautions particulières, lui non plus. « Mais comme je suis médecin, je dois observer une quarantaine. Je vais m’installer dans le sous-sol chez moi. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Léa Boyer

« J’ai porté le masque pendant le voyage, dans l’avion et l’aéroport, mais j’étais l’une des rares à le faire. J’avais hâte d’arriver, ça m’a stressée, ce voyage », a dit Léa Boyer, de retour de Floride. Elle ne s’est pas non plus fait poser de questions sur d’éventuels symptômes à surveiller, et on ne lui a pas donné de consignes à respecter.

Plusieurs des passagers que nous avons croisés et qui rentraient au pays nous ont dit qu’ils n’entendaient pas prendre de précautions particulières au cours des prochains jours, si ce n’est se laver les mains régulièrement.

Mécontentement

En ce samedi bien calme à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, où les automobilistes pouvaient prendre tout leur temps en venant déposer leurs proches, Mourad Ouchia venait, lui, y conduire un de ses amis, qui est agent de bord. M. Ouchia est lui-même rentré d’Algérie il y a quelques jours. « À Montréal, plusieurs avions ont atterri en même temps, je suis arrivé avec quantité de passagers américains. Tout le monde était envoyé au même endroit. »

Son ami (l’agent de bord, qui n’a pas voulu donner son nom par crainte d’embêtements avec son employeur) se montrait furieux du laxisme canadien et français.

J’étais à Charles-de-Gaulle il y a quelques jours et c’était comme à Montréal. Aucun contrôle. À l’inverse, quand je suis passé par Dakar, au Sénégal, là, c’était la prise de température et il y avait des questions. C’est possible, ça, de le dénoncer publiquement ?

Un agent de bord

« Je suis rentré au travail aujourd’hui et je ne suis pas du tout à l’aise, a aussi confié une employée de l’aéroport qui n’a pas non plus voulu donner son nom. Ils laissent rentrer n’importe qui. »

Certains voyageurs de retour au Québec ont dit s’être fait poser quelques questions supplémentaires par les douaniers. Comme Yolande Martin, qui est rentrée de Houston avec United Airlines et qui s’est fait demander si elle se sentait bien.

Mais la grande majorité des voyageurs interrogés ne se sont rien fait dire de particulier, en dehors de cette nouvelle question dans un formulaire sur les environs de Wuhan, l’Iran et l’Italie.