(Tanger) Le Maroc a annoncé samedi soir la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de ses vols en provenance et à destination d’une vingtaine de pays afin de prévenir la propagation du nouveau coronavirus, alors que le ministre marocain du Transport a été déclaré positif.

Les pays concernés sont l’Autriche, le Danemark, la Grèce, la Suisse, la Suède, la Norvège, la Turquie, le Liban, l’Égypte, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, la Jordanie, la Tunisie, le Sénégal, la Mauritanie, le Niger, le Mali, le Tchad, le Canada et le Brésil, précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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Dans le même temps, le ministre du Transport Abdelkader Amara a été déclaré positif à la maladie COVID-19 alors qu’il revenait d’un voyage officiel en Europe, a annoncé samedi soir son département dans un communiqué. Il restera confiné chez lui pendant 14 jours, selon la même source.  

Les autorités marocaines avaient déjà suspendu les liaisons aériennes vers la France, l’Algérie, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Portugal et l’Italie.

Des milliers de touristes se sont retrouvés bloqués dans le pays qui a accueilli en 2019 quelque 13 millions de visiteurs.  

Rabat a néanmoins autorisé vendredi des vols vers quelques pays avec qui les liaisons avaient été suspendues, notamment la Belgique, l’Allemagne, la France et l’Algérie.

Quelques milliers de touristes français, traditionnellement le plus gros contingent de visiteurs au Maroc, sont toutefois toujours bloqués, essentiellement à Marrakech et Agadir, les deux pôles touristiques, selon une source diplomatique à Rabat.

Traversiers à Ceuta et Melilla

Le trafic maritime des passagers est également suspendu dans tous les ports marocains de la Méditerranée et de l’Atlantique. Mais les traversiers fonctionnent normalement depuis les enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, comme l’a rappelé l’ambassade d’Espagne au Maroc sur son compte Twitter.

Quelques centaines de touristes, principalement des Espagnols ont été autorisés à passer les seules frontières terrestres entre l’Europe et l’Afrique, dont Rabat avait annoncé la fermeture vendredi, selon les informations obtenues par l’AFP côté espagnol et marocain.

« Le passage est ouvert pour les Français motorisés détenteurs d’un billet de ferry », a précisé dans un tweet l’ambassade de France au Maroc.

Côté aérien, l’aéroport de Marrakech était samedi plein de passagers en attente d’informations, comme le montrent des images diffusées sur les réseaux sociaux.

« Pris en otage »

« Des tas de gens ont dormi à l’aéroport, il y a des femmes enceintes, des familles avec des enfants, tout le monde est à bout de nerf », s’indigne Sabrina, une Parisienne de 30 ans jointe par téléphone par l’AFP.

« On est pris en otage ici […] On n’a eu aucune consigne. On ne peut plus partir », témoigne une infirmière française de 55 ans rencontrée par l’AFP devant l’aéroport de Tanger.  

« De nouveaux vols sont en cours d’organisation pour vous permettre de regagner la France. Je demande aux autorités marocaines de veiller à ce que tout le nécessaire soit fait au plus vite », a écrit le président français Emmanuel Macron dans un tweet à l’adresse des touristes français bloqués. Son message a suscité au Maroc un flot de réactions indignées sur les réseaux sociaux, car jugé « condescendant ».

Partout, des passagers tentent de changer leurs billets, mais tous les avions sont pleins et les prix des billets flambent, selon les informations obtenues après de différents voyageurs.

Alors que l’Europe est devenue l’épicentre de la pandémie, le Maroc reste relativement épargné avec 18 cas détectés, dont un est décédé et un autre guéri, selon le dernier bilan officiel, avec dix nouveaux cas recensés dans la nuit de vendredi à samedi, dont un bébé.

Tous les cours ont été suspendus dans les écoles et les universités, tous les événements culturels et sportifs annulés et les rassemblements publics de plus de 50 personnes sont interdits.