(Ottawa) Les plans d’Ottawa pour répondre à d’éventuelles éclosions de la COVID-19 dans des communautés autochtones éloignées, accessibles par avion et déjà vulnérables, sont décriés par des politiciens de l’opposition qui y voient une incompréhension des besoins et des conditions dans ces régions.

Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, a déclaré jeudi à un comité législatif qu’Ottawa se préparait à aider les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis si le coronavirus commençait à se propager grâce à une « réponse de capacité de pointe » qui permettrait aux gouvernements d’accélérer la cadence au besoin.

M. Miller a reconnu que de nombreuses communautés autochtones éloignées sont plus à risque en ce qui concerne la COVID-19.

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« Les populations autochtones sont beaucoup plus vulnérables… la surpopulation, le surpeuplement dans le logement, les résultats en matière de santé sont inférieurs à ceux des Canadiens non autochtones », a-t-il déclaré.

De nombreuses communautés autochtones ne disposent pas de médecins ou d’hôpitaux locaux et dépendent du transport par avion vers des centres urbains pour y être soignées, ce qui les rend encore plus vulnérables.

Le gouvernement fédéral est prêt à payer ce qu’il en coûte pour répondre à d’éventuelles épidémies dans les communautés autochtones, a déclaré M. Miller, des mesures qui comprendraient l’embauche d’agents de santé supplémentaires et la distribution d’eau embouteillée, d’équipement de protection et de désinfectant pour les mains aux communautés autochtones pour aider à la prévention.

Des tentes d’isolement pourraient également être installées pour aider les communautés plus petites et éloignées comptant seulement quelques cliniques avec des services limités.

La députée néo-démocrate Niki Ashton a dit croire que cette réponse ne prend pas les réalités des Premières Nations au sérieux, soulignant que l’offre de soins aux malades dans le Nord canadien dans des tentes n’est pas réaliste. Jusqu’à présent, il n’y a aucun cas confirmé du nouveau coronavirus dans le Nord.

« Cela va prendre beaucoup plus que de l’eau en bouteille. Nous avons entendu parler des tentes. N’importe où dans le nord du Canada pour les trois prochains mois, il n’y aura pas le genre de climat où des tentes de toute nature peuvent être utilisées pour les personnes malades », a fait valoir Mme Ashton.

Le sénateur conservateur Dennis Patterson, qui représente le Nunavut, s’est également moqué de l’idée de tentes dans le Nord à cette époque de l’année.

« Ils n’ont aucune idée. Cela ne fonctionnera pas au Nunavut », a déclaré M. Patterson.

Le ministère des Services aux Autochtones a précisé vendredi soir que ces tentes ne seraient pas utilisées pour abriter les gens, mais plutôt pour le dépistage si un nombre important de patients avaient besoin de tests pour le coronavirus.

Le logement est une préoccupation dans de nombreuses communautés autochtones, non seulement pour les résidants vivant dans des maisons surpeuplées, mais aussi pour les responsables de santé supplémentaires qui pourraient devoir être déployés dans des communautés éloignées des Premières Nations ou des Inuits, a affirmé Valerie Gideon, sous-ministre adjointe principale à la Direction de la santé des Premières Nations et des Inuits de Services aux Autochtones Canada.

Le gouvernement fédéral évalue ses options. Mais Mme Gideon a affirmé qu’il n’y avait pas de solution « universelle » et que les communautés sont appelées à envisager diverses avenues, comme l’utilisation d’écoles ou de centres communautaires.