« Ce n’est pas recommandé, aller dans un club tout-inclus à Punta Cana ou à Cancún », a martelé mardi François Legault. Et c’est justement de Punta Cana et de Cancún que rentraient des Québécois rencontrés par La Presse. À leurs yeux, ils ne se sont pas davantage exposés au virus qu’en faisant leurs emplettes chez Costco.

La section des arrivées de l’aéroport Montréal-Trudeau était somme toute très tranquille, mardi soir. Quelques vols en provenance du reste du Canada, quatre vols en provenance de destinations soleil.

Familles et amis ne peuvent pas rejoindre les voyageurs à l’intérieur. Ils doivent plutôt faire le pied de grue sur le trottoir en guettant l’arrivée de leur être cher de l’autre côté de la vitre.

Patrick Majeau et sa conjointe revenaient d’un séjour de près d’un mois dans la région de Cancún, au Mexique. « On a commencé par un 14 jours dans un tout-inclus. Après, on n’avait pas le goût de repartir, ça fait qu’on a trouvé un Airbnb sur la plage pour rallonger. On avait envie de rallonger encore, vu la situation ici, mais là, on s’est dit qu’il fallait revenir », a-t-il expliqué.

M. Majeau a été impressionné par le niveau de sécurité sur place au Mexique : lavage des mains fréquent et port du masque obligatoire. « On est allés dans une discothèque ou deux, et ils prenaient ta température en entrant », a-t-il précisé.

Pour la suite, le couple affirme qu’il respectera la quarantaine obligatoire, sauf peut-être pour voir des amis tout en restant dans sa voiture.

Il n’y aura pas de visite à la maison, pas de commissions. On fait notre part.

Patrick Majeau

Patrick Majeau et sa conjointe sont rentrés à Joliette dans la minifourgonnette conduite par leur ami René, venu les chercher à Dorval.

André, Valérie et leur garçon revenaient de neuf jours à Punta Cana, en République dominicaine. Originaires de Saint-Sulpice, dans Lanaudière, ils avaient laissé leur voiture à l’aéroport en partant.

« C’était sur la coche », a commenté André au sujet des installations et du respect des règles sanitaires dans leur tout-inclus. Il reconnaît toutefois que « les gens ne mettaient pas tous le masque » sur place.

Au maximum, selon les voyageurs, il y avait environ 200 personnes dans leur complexe hôtelier pouvant en accueillir habituellement 1200. « C’était plus sécuritaire qu’ici au Québec. J’ai été au Costco ici et je me suis senti pas mal plus exposé », a affirmé André.

André et Valérie sont très à l’aise d’être partis malgré le fait que le gouvernement Legault a demandé aux Québécois de ne pas aller en vacances à l’étranger.

Tu sais, des fois, le mental, on a besoin de se reposer. S’ils voulaient vraiment fermer les frontières, ils l’auraient fait.

André

Legault ouvert à des mesures plus musclées

« C’est légal de voyager. Mais ce n’est pas recommandé. Aller dans un club tout-inclus à Punta Cana ou à Cancún, avec des buffets et des gens qui sont près les uns des autres, c’est sûrement pas souhaitable », a affirmé le premier ministre François Legault en conférence de presse, mardi.

Devant ces gens qui s’envolent vers le Sud, malgré les consignes sanitaires liées à la pandémie, il presse le gouvernement fédéral de préciser quels moyens il va prendre pour s’assurer du respect de la quarantaine à leur retour. Et il pourrait lui-même se montrer plus sévère.

Le premier ministre Legault a affirmé mardi être sur la même longueur d’onde que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. « On n’exclut rien. Et on est au même endroit que M. Ford. »

Le premier ministre ontarien a dénoncé la lenteur du gouvernement fédéral à intervenir, alors que les médias diffusent des images d’aéroports remplis de voyageurs qui s’envolent vers le Sud, malgré la pandémie. Tant les aéroports que les frontières relèvent du gouvernement fédéral.

M. Ford s’est dit prêt à imposer des tests de dépistage sur les routes à proximité des aéroports, voire à imposer aux voyageurs une quarantaine dans des hôtels pour s’assurer du respect strict de celle-ci.

Interrogé à ce sujet, le premier ministre Legault s’est dit ouvert aux mesures plus musclées, mais veut d’abord avoir plus de renseignements de la part du gouvernement fédéral à ce sujet.

« On veut avoir plus d’informations sur les mesures de suivi auprès des nombreux passagers – parce qu’il semble y en avoir quand même beaucoup – pour s’assurer que les quarantaines soient très bien respectées », a affirmé le premier ministre Legault.

– Avec La Presse Canadienne