Alors que quatre personnes ont eu des réactions allergiques sévères au vaccin de Pfizer-BioNTech contre la COVID-19, La Presse a parlé au DGaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), pour faire le point sur les réactions allergiques liées à la vaccination.

Qu’est-ce qui est en cause dans les réactions allergiques au vaccin de Pfizer jusqu’à maintenant ?

En Grande-Bretagne, où deux des réactions allergiques ont eu lieu, les autorités croient que c’est le polyéthylène glycol (PEG) qui serait responsable des fortes réactions. D’autres vérifications doivent encore être faites pour que le produit soit identifié hors de tout doute.

Le site web du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), qui a recommandé à l’Agence de la santé publique du Canada d’approuver le vaccin, nomme le PEG comme étant le seul allergène potentiel parmi les ingrédients du vaccin de Pfizer.

« Le polyéthylène glycol est un produit très fréquent, mais pour lequel les allergies graves sont très rares. Des gens qui savent qu’ils sont allergiques au PEG ne devraient pas recevoir le vaccin », précise le DDe Serres.

Les deux travailleurs de la santé britanniques avaient des antécédents de graves allergies et avaient avec eux leur EpiPen.

« Ce sont des gens qui ont des allergies sévères antérieures, indique le DrDe Serres. On ne parle pas ici d’allergies saisonnières comme le rhume des foins ou d’allergies alimentaires comme les œufs. Ce sont des allergies aux médicaments. »

Est-ce normal qu’un vaccin cause une réaction allergique ?

« Avec n’importe quel vaccin ou médicament, on a des gens qui vont faire des réactions allergiques graves, mais c’est très, très rare. C’est sûr que si on donne des vaccins à des millions de personnes, de temps en temps, des gens vont faire de ces réactions très rares », explique-t-il.

Les réactions allergiques font partie de l’évaluation des risques et des bénéfices liés à la vaccination, selon Gaston De Serres.

« Ces réactions allergiques, on est capables de bien les traiter. Les gens ont besoin de recevoir de l’adrénaline et vont généralement très bien s’en sortir », poursuit-il.

Comme on s’apprête à vivre la plus grande campagne de vaccination jamais entreprise, il est normal qu’il y ait quelques cas de réactions allergiques.

Pour notre expert, la rapidité à laquelle le vaccin a été mis au point n’est pas en cause dans la réaction allergique au vaccin.

« La taille des études, de 30 000 à 50 000 participants, c’est une taille adéquate pour la mise en marché de vaccins, et ce, depuis des années, explique-t-il. Les scientifiques n’ont pas lésiné sur la taille des échantillons. Elles permettent de voir des réactions fréquentes, mais des réactions qui arrivent une fois par million, aucune étude n’est capable de trouver ça. »

Il est aussi normal, pour tous les vaccins, d’avoir des effets secondaires comme un peu de fièvre, des douleurs musculaires ou de la douleur au site de l’injection. « Comme [un vaccin] n’est pas de l’eau, on va avoir des gens qui vont avoir des réactions », commente-t-il.

Est-ce qu’une personne ayant de graves allergies peut être vaccinée ?

Oui, à moins qu’elle ait une allergie spécifique au polyéthylène glycol ou tout autre ingrédient présent dans le vaccin.

« Si quelqu’un a fait une allergie grave au vaccin ou à ses composantes, elle ne devrait pas le recevoir. C’est comme ça pour tous les vaccins. »

« Pour les gens ayant des allergies en général, il n’y a pas de précaution particulière », indique-t-il.

Quelles sont les mesures en place pour soigner une personne qui ferait une réaction allergique ?

Comme pour toute campagne de vaccination, l’équipe de vaccination demande aux patients de rester sur place une quinzaine de minutes après avoir été vaccinés, car c’est à ce moment que se passerait la réaction allergique. Par exemple, en Grande-Bretagne, la réaction a eu lieu passé huit minutes.

Il est également obligatoire pour tous les lieux de vaccination d’avoir le matériel pour traiter des réactions allergiques sévères. Les travailleurs de la santé qui s’occupent de la vaccination sont également formés en conséquence.

« Ça fait partie de la vaccinologie », précise notre expert.

Selon la Loi sur la santé publique, les professionnels de la santé sont obligés de déclarer s’ils voient un patient qui présente des symptômes ou qui fait une réaction qui serait due au vaccin. Cette surveillance sert à repérer les effets rares causés par la vaccination qui ne peuvent être observés lors d’études cliniques.

Est-ce qu’on sait si d’autres vaccins pour la COVID-19 ont causé des réactions allergiques ?

Pour l’instant, non. Il n’y a pas de données disponibles encore pour les autres vaccins en développement.

L’étude clinique sur le vaccin de Pfizer n’a révélé aucune réaction allergique durant les essais cliniques.

« Tout le monde qui travaille en sécurité vaccinale suit de façon attentive ce qui va se produire dans les prochains mois », conclut le DDe Serres.