(Toronto) Alors que le premier lot de vaccins administrés au pays cible les groupes les plus à risque face à la COVID-19, de nombreux Canadiens se demandent à quoi ressemblera un plus vaste déploiement, lorsque ce sera leur tour de se faire vacciner.

L’Association médicale de l’Ontario a réuni un groupe d’experts pour répondre aux questions les plus fréquemment posées par les patients et publier leurs conseils sur les médias sociaux. Voici un aperçu de certaines de leurs réponses, qui ont été modifiées par souci de concision et de clarté.

Q : Que vais-je sentir après le vaccin ? Quels sont les effets secondaires ?

L’immunologiste pédiatrique Zainab Abdurrahman explique que les vaccins contiennent de petits fragments d’un agent pathogène qui font croire à votre corps qu’il est infecté. Cela génère une réponse immunitaire dont votre corps se souviendra s’il rencontre le virus. En conséquence, votre corps passera par les étapes naturelles de la lutte contre une infection et vous pourriez donc ressentir des symptômes comme de la fièvre, une douleur localisée, un gonflement au site d’injection et un inconfort général.

« Vous pouvez vous attendre à ressentir les mêmes effets qu’avec le vaccin antigrippal, ou comme vous pourriez vous sentir avec tous les autres vaccins que vous recevez », explique la docteure Abdurrahman.

« Ce ne sont en fait que des signes du fonctionnement de votre système immunitaire. »

Q : J’ai entendu que les personnes qui ont déjà eu un choc anaphylactique ne devraient pas recevoir le vaccin. Qui d’autre ne devrait pas recevoir le vaccin ?

La docteure Abdurrahman note que deux personnes au Royaume-Uni ont eu des réactions allergiques graves après avoir reçu leur injection, mais qu’elles se sont rétablies rapidement après avoir reçu de l’épinéphrine. Cependant, elle souligne que des personnes souffrant d’allergies ont été incluses dans les essais et qu’un examen des données cliniques n’a montré aucun risque accru d’anaphylaxie avec le vaccin.

Elle ajoute que la Food and Drug Administration des États-Unis, Santé Canada et la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique affirment que les seules personnes qui devraient éviter le vaccin de Pfizer sont celles qui ont eu une réaction allergique à la première des deux doses du vaccin, ou les personnes allergiques à l’un de ses composants.

La docteure Abdurrahman note que le composant polyéthylène glycol semble provoquer certaines réactions, mais affirme qu’il s’agit d’une allergie très rare.

« Si vous avez cette allergie, vous êtes bien connu d’un allergologue à ce stade. Le polyéthylène glycol se trouve en fait dans de nombreux médicaments que nous utilisons régulièrement, le plus fréquent étant les Tylenol », dit-elle.

Le Comité consultatif national de l’immunisation recommande aux femmes enceintes ou qui allaitent d’éviter le vaccin. La docteure Mariam Hanna, pédiatre allergologue, affirme qu’il n’y a pas suffisamment de données sur ce groupe pour savoir comment elles réagiraient. Pourtant, elle permettrait à certaines de ces femmes d’envisager la vaccination avec l’accord de leur médecin.

« Nous faisons preuve d’une extrême prudence, mais nous devons toujours trouver un équilibre entre les risques et les avantages — le risque de ce que nous savons (contre) le risque de ce que nous ne savons pas — et parvenir à une décision équilibrée à cet égard », explique la docteure Hanna.

Q : Le vaccin contre la COVID-19 est-il sûr ?

La docteure Hanna soutient que la sécurité des vaccins est rigoureusement examinée dans les essais cliniques, et cela se poursuit lorsque le vaccin est déployé dans le monde réel. Bien que des effets secondaires bénins soient attendus, des experts aux niveaux local, provincial, national et international sont à l’affût des effets indésirables qui pourraient suggérer la nécessité d’une évaluation plus approfondie.

« Nous savons que c’est sûr. Nous continuons de collecter des données qui garantiront leur sécurité », souligne la pédiatre.

« Les données du monde réel sont probablement la partie la plus excitante à examiner au fur et à mesure que les vaccins sont mis en œuvre, de sorte que lorsque c’est à votre tour de vous faire vacciner, les données de sécurité ne portent pas seulement sur 44 000 patients (de l’essai clinique), elles se chiffrent en millions à ce stade. »

Q : Pourquoi les enfants ne peuvent-ils pas recevoir au vaccin ? Comment atteindre l’immunité collective si nous ne pouvons pas vacciner les enfants pendant une autre année ?

La docteure Hanna mentionne que le vaccin actuel est approuvé pour les personnes de 16 ans et plus, et que les essais en cours portent sur les jeunes âgés de 12 à 15 ans, et sur les enfants de moins de 12 ans. Mais il n’est pas possible d’extrapoler simplement les données d’essais impliquant des adultes aux enfants.

« Le système immunitaire d’un enfant se comporte un peu différemment tout au long de son enfance et c’est pourquoi nous commençons à examiner différents groupes d’âge », explique-t-elle.

« Les enfants ne sont pas inclus dans le déploiement de la phase 1, peut-être dans la phase 2, mais probablement que la phase 3 inclura certainement les enfants. »

Q : Combien de temps après le déploiement du vaccin pourrons-nous retourner à la vie d’avant la COVID-19 ?

Le vaccin de Pfizer a une efficacité très élevée, ce qui est de bon augure pour son succès dans le monde réel, fait valoir la docteure Vinita Dubey, médecin hygiéniste adjointe à Toronto Public Health. Mais elle prévient qu’il faudra du temps pour voir un impact significatif sur la pandémie.

La docteure Dubey affirme que lorsque le vaccin contre la polio est apparu dans les années 1950, les pics de cas de polio se sont poursuivis pendant des années.

« Nous pouvons certainement obtenir une baisse spectaculaire avec les vaccins, mais cela prendra encore du temps, ce ne sera pas du jour au lendemain. Cela peut encore prendre des mois, voire des années, prévient la docteure Dubey. Cela s’explique en partie parce que nous devons faire vacciner tout le monde, et cela prendra du temps aussi. »

D’ici là, la docteure Dubey rappelle que le public devra toujours prendre des précautions contre la COVID-19 et porter le masque, respecter la distanciation physique, rester à la maison en cas de maladie et poursuivre le dépistage, notamment chez les enfants.