Les premières doses de vaccin contre la COVID-19 sont arrivées dimanche soir au Canada, a annoncé le premier ministre Justin Trudeau.

Un avion d’UPS en provenance de Louisville, au Kentucky, s’est posé peu avant 20 h à l’aéroport de Mirabel, près de Montréal.

La vaccination doit débuter lundi matin au centre gériatrique Maimonides, aux prises avec une forte éclosion de COVID-19. Dimanche soir, l’établissement ne savait toujours pas quand les doses lui seraient acheminées.

« On nous a dit que les vaccins étaient en route, mais j’aimerais bien savoir quand ça va arriver. On est prêts. On prend notre mal en patience », a indiqué Francine Dupuis, présidente-directrice générale du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-ODIM), lorsque jointe par La Presse dimanche matin.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Un avion d’UPS en provenance de Louisville, au Kentucky, s’est posé peu avant 20 h à l’aéroport de Mirabel.

Le bilan de la COVID-19 a continué de s’alourdir, dimanche. Le Québec a fait état de 1994 nouvelles infections et de 33 morts. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s’est tourné vers Twitter pour encourager la population à ne pas se relâcher sa vigilance si près du but. « Le vaccin est la ligne d’arrivée de notre marathon. Il nous reste seulement quelques kilomètres à parcourir. »

« On est contents que ça commence à Maimonides, parce que ça fait presque neuf mois qu’on est en situation de stress. Alors c’est peut-être le début de la fin du stress », témoigne Franck Lasry, fils d’une résidante à Maimonides.

Dans les dernières semaines, le Centre gériatrique Maimonides a transféré 20 résidants dans des hôpitaux voisins dans le but de contenir une éclosion de COVID-19. L’établissement compte 22 cas actifs et déplore 15 morts.

Le Centre gériatrique Maimonides a été désigné parmi les deux premiers établissements de la province à recevoir le vaccin contre la COVID-19.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le Centre gériatrique Maimonides, à Montréal

Le centre situé à Côte-Saint-Luc, dans l’île de Montréal, attend deux boîtes de 975 doses chacune du vaccin Pfizer-BioNTech, ce qui représente assez de doses pour les quelque 350 résidants et 500 employés.

Les premières doses devaient commencer à être acheminées dès dimanche soir vers les 14 centres de distribution, a indiqué l’Agence de la santé publique du Canada. Quelque 30 000 doses sont attendues d’ici la fin de la semaine prochaine. D’autres livraisons, par avion et camion, sont prévues dès lundi.

« Tout le monde là-bas est fébrile. Tous les jours, ils se demandent si ça va arriver aujourd’hui. Pour eux, c’est une lueur d’espoir », affirme Mme Dupuis.

Le CHSLD Saint-Antoine de Québec sera le deuxième établissement de la province à recevoir le précieux vaccin. Gisèle Lévesque, qui réside dans ce centre depuis mars, sera la première citoyenne à recevoir le vaccin. Selon ses nièces, Mme Lévesque s’est montrée calme après avoir appris qu’elle serait la première à être inoculée contre la COVID-19. « J’ai été choisie », a-t-elle dit, tout simplement.

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Gisèle Lévesque la première citoyenne de Québec à recevoir le vaccin.

Un taux d’acceptation élevé

Chaque résidant et employé du CHSLD doit donner son consentement pour obtenir la vaccination. La famille d’un résidant peut donner son consentement si celui-ci n’est pas apte à le faire. Certains déplorent n’avoir pas eu assez de temps pour réfléchir aux choix qui s’offraient à eux.

« On aurait voulu avoir un peu plus d’informations. On nous a contactés jeudi et ils nous ont donné à peu près deux heures pour envoyer notre consentement. Ça crée une certaine précipitation », explique M. Lasry, qui a donné son consentement pour sa mère, atteinte de démence.

Selon les estimations du CIUSSS-ODIM, environ 95 % des résidants ont accepté le vaccin, contre 40 % des employés. Cela signifie que de 300 à 350 résidants seront vaccinés. « Beaucoup d’employés demandent à être vaccinés plus tard pour voir comment les autres réagissent au vaccin », explique Mme Dupuis. Elle affirme que les doses restantes seront administrées au personnel d’autres CHSLD, « pour ne rien perdre ».

Un défi logistique

Le centre gériatrique se prépare depuis longtemps à l’arrivée des vaccins. De l’équipement a été acheté et une équipe d’infirmières spécialement formées pour l’administration des vaccins Pfizer-BioNTech a été mise sur pied. Du personnel supplémentaire est aussi dépêché sur place au cas où une personne réagirait mal au vaccin.

Le CIUSSS-ODIM et l’entreprise américaine Pfizer ont eu des « échanges fréquents », afin de mettre en œuvre la logistique derrière l’administration des vaccins. À partir de ces entretiens, le CIUSSS-ODIM a créé une boîte à outils qui servira aux prochains établissements sur la liste des vaccins.

« On ne sent pas d’inquiétude sur le terrain. On est très, très prêts », affirme Francine Dupuis. Vendredi dernier, l’équipe soignante du centre s’est même prêtée à une simulation, qui s’est « bien déroulée ».

Le bilan s’alourdit

Les nouvelles données recensées par Québec portent le total de personnes contaminées dans la province à 163 915. Depuis le début de la pandémie, 7508 Québécois ont succombé à la COVID-19.

La Capitale-Nationale a dénombré dix décès de plus que la veille, tandis que la Montérégie en a rapporté cinq. Les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Mauricie–Centre-du-Québec déplorent chacune quatre morts, et les régions de l’Estrie et de Lanaudière en comptent trois. Finalement, Montréal, Chaudière-Appalaches, Laval et les Laurentides dénombrent un nouveau décès.

En ce qui concerne le nombre d’hospitalisations, il est de 880 à l’heure actuelle, soit 20 de plus que la veille. Parmi celles-ci, le nombre de personnes se trouvant aux soins intensifs a diminué de 6, pour un total de 123.

Le Québec a réalisé 38 320 tests le 11 décembre. Au cours des sept derniers jours, la moyenne quotidienne de tests est de 33 574.

De nouvelles restrictions

Le premier ministre François Legault annoncera mardi de nouvelles restrictions pour la période des Fêtes, dans l’espoir de casser la deuxième vague de COVID-19 qui gonfle chaque jour.

Quelques scénarios sont à l’étude au gouvernement : les élèves du primaire pourraient rester à la maison une semaine de plus et retourner à l’école le 11 janvier, comme ceux du secondaire. Les centres commerciaux pourraient fermer ; seules les boutiques ayant une porte d’entrée extérieure pourraient rester ouvertes.

Depuis quelques jours déjà, le gouvernement et la Santé publique déterminent les secteurs d’activités qui pourraient fermer, des secteurs jugés non essentiels et où il y a le plus d’éclosions, comme La Presse le révélait mardi dernier. Ils souhaitent réduire les contacts sociaux et cherchent donc à cibler les secteurs lui permettant d’atteindre l’objectif.

Vendredi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dit que le gouvernement souhaitait adopter une approche équilibrée, et il évoquait l’idée de permettre de petits rassemblements à l’extérieur.

– avec Tommy Chouinard, La Presse et de La Presse Canadienne