Il y a une semaine, le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, a prévenu que le nombre de nouveaux cas de COVID-19 devra diminuer sous la barre des 1000 par jour pour donner le feu vert aux rassemblements restreints à Noël. Le DArruda a ajouté que d’autres facteurs seront pris en compte dans la décision : le nombre d’hospitalisations et la capacité de dépistage et de traçage. Or, on s’éloigne de l’objectif pour deux critères, alors qu’on pourrait faire mieux pour l’autre. Explications.

Loin des 1000 cas

Au lieu de diminuer, le nombre de nouvelles infections a augmenté depuis la sortie du DArruda. Il a grimpé de 10 % environ. La moyenne mobile sur sept jours s’élève maintenant à 1317 cas confirmés par jour, alors qu’elle était de 1182 il y a une semaine. Il reste seulement 10 jours pour inverser cette tendance à la hausse et descendre sous le seuil des 1000. Or, le taux de reproduction des cas de COVID-19 au Québec – le fameux Rt – a augmenté dans la dernière semaine et se situe maintenant à 1, selon la mise à jour hebdomadaire de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Il était sous ce seuil il y a une semaine, ce qui permettait alors de dire que l’épidémie est contrôlée. À l’heure actuelle, chaque Québécois infecté transmet le virus à une personne en moyenne ; c’est ce que signifie un Rt à 1. Mardi, le DArruda a voulu nuancer l’objectif de 1000 infections en disant qu’« on pourrait être à 1100 cas avec des hospitalisations contrôlées et une capacité d’enquêter, puis on est corrects » pour des rassemblements à Noël. Le hic, c’est que ce scénario paraît peu probable pour le moment.

Des hospitalisations en hausse

En une semaine, le nombre de personnes infectées au coronavirus qui se trouvent à l’hôpital a bondi de 10 %. Le Québec a maintenant franchi le cap des 700 hospitalisations. Pour la deuxième semaine de suite, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a signalé vendredi que les hôpitaux hors du Grand Montréal pourraient déborder d’ici un mois, en pleine période des Fêtes. Des hôpitaux font déjà du délestage d’interventions chirurgicales pour traiter des cas de COVID-19, ce qui allonge les délais d’attente pour plusieurs. Le retard accumulé ce printemps est loin d’avoir été rattrapé. Il y a encore plus de 130 000 personnes en attente d’une opération, dont le tiers depuis plus de six mois, selon les plus récentes données du ministère de la Santé et des Services sociaux. À l’heure actuelle, 1310 travailleurs de la santé sont atteints de la COVID-19, 1045 sont en dépistage et 4187 sont en absence préventive. Le nombre de travailleurs absents augmente chaque jour, selon le premier ministre François Legault.

Améliorer le dépistage et le traçage

Il y a encore des progrès à faire en matière de dépistage et de traçage, selon l’INSPQ. D’après une mise à jour de ses projections sur l’évolution de la pandémie, elle estime que, « pour infléchir la courbe des cas, des hospitalisations et des décès, […] il est important d’améliorer le dépistage, le traçage et l’isolement en réduisant les délais à chacune des étapes ». Une nouvelle application de dépistage – Health Connect – devait être offerte partout au Québec cette semaine afin d’améliorer la situation. Or, elle est « en phase de déploiement » dans quatre régions seulement pour le moment (Montréal, Montérégie, Québec et Outaouais), selon le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Cette application vise à optimiser la prise de rendez-vous dans une clinique de dépistage et à envoyer le résultat par message texte. Le nombre moyen de tests de dépistage faits chaque jour a diminué au cours de la dernière semaine. Alors qu’on en faisait 28 242 en moyenne dans la semaine du 15 novembre, on est passé à 27 203 dans celle du 22 novembre. Le Québec teste moins que la moyenne canadienne (25 699 personnes testées par 100 000 habitants, contre 30 305 dans l’ensemble du pays et même 41 669 en Ontario). Le nombre de personnes affectées au traçage a augmenté cet automne, alors que l’on est passé de 800 en septembre à 3000 enquêteurs aujourd’hui, selon le cabinet du ministre Dubé. Il convient que, « maintenant, le défi est dans le traçage ». Bonne nouvelle, l’INSPQ souligne que les Québécois ont réduit leurs contacts sociaux cet automne. « Les données des deux premières semaines d’octobre suggèrent une tendance à la baisse de 18 %, soit un contact de moins par jour en moyenne. » On est passé d’une moyenne de cinq à quatre contacts sociaux par jour. Avant la pandémie, les Québécois avaient huit contacts sociaux par jour (trois au moment du confinement du printemps). Le magasinage des Fêtes risque toutefois d’augmenter ces contacts.