Contrairement à ce qui s’est produit au printemps dernier, le Québec n’est pas la province qui est la plus frappée par la deuxième vague de la pandémie. Tour d’horizon d’un océan à l’autre.

« Montée rapide »

Les trois provinces des Prairies, en proportion de leur population, enregistrent nettement plus de nouveaux cas et sont aux prises avec une explosion exponentielle des infections, tandis que l’Ontario et la Colombie-Britannique n’ont pas réussi à aplatir la courbe et à atteindre un plateau. Partout à travers le Canada, l’inquiétude est grande et les gouvernements provinciaux resserrent les règles. « Ça ne va pas bien au Canada », affirme Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec. « Au niveau canadien, on est dans une montée très rapide. Les chiffres ne sont pas rassurants. »

« Niveau précaire » en Alberta

Les chiffres ne cessent d’augmenter en Alberta, où on a signalé 1549 nouveaux cas lundi. Cette province compte 12 195 cas actifs, soit presque autant que l’Ontario (12 918) et plus que le Québec (11 128), malgré le fait qu’elle ne compte que 4,4 millions d’habitants. Selon sa médecin-hygiéniste en chef, la Dre Deena Hinshaw, « un niveau précaire » a été atteint. Le virus se propage plus rapidement et plus largement que jamais depuis le début de la pandémie. L’Alberta est aux prises avec une croissance exponentielle des nouveaux cas. Lundi, 328 personnes étaient hospitalisées, dont 62 aux soins intensifs. Le nombre de décès atteint 476, en hausse de 5 depuis 24 heures. La Dre Hinshaw a annoncé, dans sa mise à jour quotidienne, qu’elle allait discuter avec les autorités gouvernementales d’une série de nouvelles mesures pour réduire la propagation fulgurante de la COVID-19. « Sur la base de leurs décisions, nous fournirons une mise à jour détaillée aux Albertains [mardi] », a-t-elle dit. Le gouvernement conservateur de Jason Kenney n’impose pas le port du masque et laisse cette responsabilité aux municipalités. À Calgary et à Edmonton, où le masque est obligatoire dans les lieux publics intérieurs, les rassemblements intérieurs sont limités à 15 personnes depuis un mois, mais les restaurants et les commerces sont ouverts. Avec 173 nouveaux cas par 100 000 habitants pour les sept derniers jours, l’Alberta dépasse largement les 97 cas du Québec.

Toronto ferme ses commerces non essentiels

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À Toronto, les centres commerciaux sont ouverts seulement pour la cueillette et la livraison.

À l’approche des Fêtes, Toronto et sa banlieue Peel durcissent les règles sanitaires pour au moins 28 jours. Depuis lundi, les commerces non essentiels sont fermés, de même que les services de soins personnels et les salles à manger des restaurants, un dur coup pour les commerçants et pour le magasinage de Noël. Les rassemblements privés intérieurs sont aussi interdits sous peine d’amende, mais les écoles et les services de garde restent ouverts. Lundi, l’Ontario a enregistré 1589 nouveaux cas, un record, et 19 décès dus au virus, ce qui représente un nouveau sommet pour la province. Ainsi, le nombre de nouveaux cas dépasse maintenant celui du Québec, quoiqu’en proportion de la population, on en compte moins qu’ici, soit 68 par 100 000 habitants au cours des 7 derniers jours. Cependant, la province voisine est toujours aux prises avec une croissance forte et n’a pas réussi, comme le Québec, à en arriver à un plateau. La situation se corse aussi dans les hôpitaux, où certaines interventions chirurgicales et procédures électives ont été annulées pour laisser les places aux patients atteints de la COVID-19. « La situation est extrêmement sérieuse », a dit le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, en point de presse. « Nous ne pouvons risquer de voir nos hôpitaux débordés. »

La Colombie-Britannique renforce ses règles

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Une série de mesures plus strictes ont été mises en place jeudi dernier en Colombie-Britannique, dont l’interdiction des rassemblements privés et le port du masque dans tous les lieux publics intérieurs.

La Colombie-Britannique, qui avait été exemplaire le printemps dernier dans son combat contre la pandémie, se fait rattraper par la deuxième vague et tente elle aussi de maîtriser l’évolution rapide de la COVID-19 sur son territoire. Une série de mesures plus strictes ont été mises en place jeudi dernier, dont l’interdiction des rassemblements privés et le port du masque dans tous les lieux publics intérieurs. Au cours des 24 dernières heures, 594 nouveaux cas et 17 décès ont été enregistrés. Le nombre de cas de COVID-19 dépasse 25 000 depuis le début de la pandémie, comparativement à 132 000 au Québec et à 107 000 en Ontario. Le nombre de nouveaux cas depuis 7 jours atteint 63 par 100 000 habitants.

Le Manitoba bat des records

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La situation est particulièrement difficile dans les hôpitaux du Manitoba, où on compte 296 personnes atteintes du coronavirus, dont 52 aux soins intensifs.

Comme l’Alberta, le Manitoba va de record en record. Lundi, le nombre de cas quotidiens a dépassé 500 pour la première fois, avec 543 nouvelles infections. C’est à Winnipeg qu’on trouve la grande majorité des nouveaux cas. À l’échelle de la province, le nombre total d’infections dépasse maintenant 14 000. La situation est particulièrement difficile dans les hôpitaux, où on compte 296 personnes atteintes du coronavirus, dont 52 aux soins intensifs. On dénombre de nombreuses éclosions dans les résidences pour personnes âgées. La COVID-19 a fait 236 victimes dans cette province depuis le début de l’épidémie. Avec 190 cas depuis 7 jours par 100 000 habitants, le Manitoba est la province la plus durement frappée par la deuxième vague. Les effets de la pandémie sont également marqués en Saskatchewan, avec 1472 cas depuis 7 jours, soit 125 par 100 000 habitants.

La bulle atlantique éclate

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Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador

Formée lors de la première vague pour tenter de freiner la propagation de la COVID-19, la bulle atlantique a éclaté, lundi, avec le départ de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Île-du-Prince-Édouard. Ces deux provinces ont fait savoir qu’elles se retiraient pour au moins deux semaines parce que le nombre de nouveaux cas est à la hausse en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, quoique, à l’échelle québécoise, la prévalence reste très faible – 8 cas par 100 000 habitants au Nouveau-Brunswick et 4 en Nouvelle-Écosse. Ainsi, les personnes des Maritimes qui vont à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard doivent maintenant se mettre en quarantaine. C’était déjà le cas pour les autres Canadiens. « Il n’y a personne qui souhaite un retour au confinement », a déclaré le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, en conférence de presse. En Nouvelle-Écosse, de nouvelles règles, en vigueur depuis lundi, limitent les rassemblements dans la région de Halifax.