(Québec) Le gouvernement Legault adoptera mercredi un décret ministériel pour mettre à l’amende non seulement les propriétaires de gyms, mais aussi les clients des établissements, qui ont l’intention de défier les règles sanitaires en ouvrant leurs portes jeudi.

François Legault a confirmé mardi que le Conseil des ministres, qui se réunit le mercredi, adoptera un décret « pour qu’il y ait, non seulement des amendes pour les propriétaires, mais aussi pour les clients qui se présenteraient dans les gyms et qui n’ont pas le droit d’être là ». Le premier ministre n’a pas offert de détails supplémentaires sur le contenu du décret à venir ni sur le montant des amendes, par exemple.

Pour l’heure, les autorités peuvent donner sur-le-champ une contravention de 1000 $ à des citoyens qui manifesteraient sans porter le masque ou qui participeraient à des rassemblements interdits à la maison.

Les salles de sport indépendantes ont décidé de rouvrir ce jeudi coûte que coûte, même si le gouvernement les a prévenues qu’il y aurait des amendes. Une coalition de plus de 200 gyms, centres de yoga, de danse, d’arts martiaux et de CrossFit a réclamé lundi le déconfinement des salles de sport, fermées depuis le 8 octobre pour freiner la propagation de la COVID-19.

Selon les propriétaires de ces établissements, les gyms ne sont pas d’importants lieux d’éclosion, et ils réclament des preuves du contraire au gouvernement.

« La situation évolue rapidement. Lisez un peu ce qui se passe ailleurs dans le monde. Il y a des manifestations. Il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec les mesures qui sont annoncées dans les restaurants, dans les gyms, peu importe. C’est la même discussion qu’on a partout dans le monde », a souligné M. Legault, qui a rappelé que son gouvernement se trouve « devant des choix difficiles ».

Au lendemain de l’annonce de la reconduction des mesures restrictives en zone rouge pour 28 jours supplémentaires, soit jusqu’au 23 novembre, le premier ministre estime que « la grande majorité des Québécois comprend qu’on ne peut pas actuellement rouvrir les restaurants et les gyms parce qu’il y a des risques de contagion » et que la population respectera les consignes.

Fermeture de la frontière

Interrogé sur les propos de Justin Trudeau qui a mentionné mardi que les festivités de Noël risquent d’être compromises par la pandémie, M. Legault a pris la balle au bond pour décocher une flèche au premier ministre canadien. « Ce qui est important, c’est que M. Trudeau, qui veut gérer les CHSLD, bien qu’il s’assure de mieux gérer les frontières. Au mois de mars, ça nous a fait très mal que M. Trudeau ne ferme pas plus rapidement les frontières », a-t-il lancé.

Il estime que la frontière canadienne doit demeurer fermée « un bon bout de temps » et au moins jusqu’à la fin de l’année 2020.

« Tout est transparent », assure Legault

Le premier ministre a répondu à la critique des partis d’opposition qui reprochent à son gouvernement un manque de transparence et de cohérence dans ses décisions. « Il n’y a absolument rien de caché, tout est transparent. Les gens, bien, ils décideront, là, s’ils sont d’accord ou non avec leur gouvernement », a affirmé M. Legault. « Je ne vois pas, là, le manque de transparence. Toutes les données que j’ai, je les donne ».

Il n’est pas question non plus de tenir des points de presse séparés du Dr Horacio Arruda, comme le réclame l’opposition. « Le Dr Arruda l’a dit, la journée qu’il ne va pas se sentir à l’aise, il va vous le dire. C’est sûr qu’il y a des débats, qu’il y a des échanges, qu’on essaie de peser le pour et le contre de toutes sortes de moyens, de nouvelles consignes, puis on essaie de décider ensemble. Mais, jusqu’à présent, on est arrivés aux mêmes conclusions », a-t-il assuré.

Un peu plus tôt mardi, les partis d’opposition ont été particulièrement critiques à l’endroit du gouvernement Legault faisant allusion à une perte de confiance de la population.

« Le gouvernement prend des décisions, mais on ne sait pas sur quelles bases ces décisions sont prises », a lancé la cheffe libérale, Dominique Angalde. « La conséquence de ça, c’est que la confiance des Québécois s’érode un peu plus chaque jour. La conséquence de ça, c’est que certains maintenant tanguent même vers une désobéissance civile. Alors, il faut à tout prix que le premier ministre se ressaisisse par rapport à la crise de la COVID-19, il en va maintenant de la paix sociale au Québec », a-t-elle ajouté.

Le Parti québécois réclame pour sa part la nomination d’un observateur scientifique indépendant au sein de la cellule de crise du gouvernement Legault, dont fait partie le Dr Horacio Arruda, qui pourrait « donner l’heure juste » au sujet de la prise de décisions « sur la base scientifique » et celles plus politiques.

« Tant que la Santé publique ne sera pas séparée du politique dans leur communication, tant que les avis de santé publique ne seront pas rendus publics de manière transparente, oui, il y a un problème de confiance pour moi comme pour le reste de la population », a fait valoir le chef Paul St-Pierre-Plamondon.

« La confiance, ce n’est pas un sens unique », a souligné pour sa part le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. « François Legault nous dit : faites-nous confiance, ça va bien aller. Ce que la population demande en retour, c’est qu’on lui fasse confiance pour comprendre sur quoi on se base pour prendre des décisions. »

Il estime que tant que le gouvernement « ne fera pas confiance à l’intelligence » de la population, son message « va passer plus difficilement ».