Québec dépêche des équipes spécialisées en matière d’infections, surnommées « SWAT », dans quatre CHSLD où il y a eu perte de contrôle d’éclosions de COVID-19.

Les quatre établissements visés font partie des 42 CHSLD sous surveillance par Québec en raison de la présence de la COVID-19 entre leurs murs. Ils sont classés au palier rouge, parce que plus de 25 % de leurs résidants sont atteints de la maladie. Leur situation est jugée «critique».

•CHLSD Lambton en Estrie : 22 personnes infectées (76 % des résidents) et six décès depuis le début de l’éclosion

•CHSLD Fargy à Québec : 38 personnes infectées (69 % des résidents) et cinq décès depuis le début de l’éclosion

•CHSLD Isidore-Gauthier au Saguenay-Lac-Saint-Jean : 16 personnes infectées (47 % des résidents infectés) et sept décès depuis le début de l’éclosion

•CHSLD Sainte-Croix en Montérégie : 37 personnes infectées (32 % des résidents infectés) et treize décès depuis le début de l’éclosion

Fait à noter, Québec envoie une équipe SWAT au CHSLD Lambton alors que cet établissement se trouve en situation critique, au palier rouge, depuis déjà le 10 septembre, il y a six semaines.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, est mécontent de la gestion dans ces quatre établissements et insatisfait des réponses qui lui ont été données pour expliquer la situation.

« Nous avons obtenu des réponses à l’effet que les protocoles ont été suivis pour les quatre cas rapportés. Par ailleurs, on nous indique que d’autres facteurs pourraient être mis en cause dans ces cas précis, par exemple la vétusté des établissements ou encore la pénurie de main-d’œuvre. Nous tenons à préciser que le ministre n’a pas été satisfait de l’étendue de ces réponses », a expliqué son attachée de presse, Marjaurie Côté-Boileau.

Les équipes « SWAT » sont formées de spécialistes du ministère et des centres régionaux. Elles ont déjà été déployées lors d’éclosions aux hôpitaux de Saint-Jérôme et de Saint-Eustache afin de resserrer les mesures en place.

Elles sont chargées de maîtriser les éclosions et de faire rapport sur les problèmes survenus dans l’application des protocoles en matière de prévention et de contrôle des infections. « Le ministre a demandé à recevoir une chronologie complète des événements pour ces milieux, ce qui est en cours d’élaboration. Nous prenons la situation excessivement au sérieux. Les réponses aux questions doivent être claires et complètes », a ajouté Mme Côté-Boileau dans une déclaration écrite.

Constat d'échec, selon l'opposition

Pour les partis d'opposition à Québec, l'envoi de ces équipes spécialisées dans quatre CHSLD est un exemple que le plan du gouvernement Legault pour combattre la deuxième vague de la pandémie est un échec. «C'est un constat d'échec», a lancé la cheffe de Parti libéral, Dominique Anglade.

«Comment on en est arrivés là? On a vécu une première vague où on a eu des éclosions dans les CHSLD. On a dit qu'on avait compris tout ce qui s'était passé. On nous a dit qu'on était vraiment sous contrôle, qu'il y avait un plan de match. Je rappelle que le premier ministre nous a dit, le 25 août dernier : "Nous avons un plan, nous sommes prêts"», a soulevé Mme Anglade.

Selon elle, la situation justifie une fois de plus la tenue d'une enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie par le gouvernement du Québec. «Je ne conçois pas qu'au Québec, on est en train de vivre un moment aussi difficile avec autant d'impacts, qui va avoir des impacts sur les décennies à venir et qu'on ne soit pas capables de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Pour moi, c'est inconcevable, et c'est inconcevable que les Québécois n'aient pas réponse à ces questions-là de manière publique», a-t-elle souligné.

«On est exactement dans le même film», a lancé pour sa part le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon. «On était conciliant durant la première vague, [...] mais là, je ne sais pas ce qui s'est passé cet été, en termes de préparation, à la CAQ. [...] On est dans les mêmes problèmes, le même degré d'improvisation, les mêmes problèmes», a poursuivi le nouveau chef péquiste.

À ce sujet, il est revenu sur le sondage Léger-Le Devoir, publié mercredi, selon lequel 74% des Québécois se disent satisfaits de la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault. «Je ne l'explique pas», a-t-il admis. «C'est un gouvernement qui a des beaux messages enrobés, qui a mis je ne sais pas combien de dizaines de millions avec Cossette Communication pour nous faire du beau marketing politique sur la gestion de crise mais qui, dans les faits, est toujours aussi brouillon, en retard, puis on a les mêmes problèmes que durant la première vague», a ajouté M. St-Pierre-Plamondon. Il estime par ailleurs que l'appellation «SWAT team» est un exemple de «mise en marché politique».

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a dit de son côté qu'un sentiment de peur l'habite devant la recrudescence de cas dans les CHSLD.