Respirateurs
La grande différence non médicamenteuse est l’utilisation plus tardive de respirateurs. « Nous avons connu un changement de paradigme pour le traitement de la maladie », explique Gordan Samoukovic, intensiviste au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Nous comprenons mieux comment la COVID-19 progresse, par rapport à d’autres infections respiratoires. Au début, nous placions très rapidement les patients sous intubation, en suivant la recette pour d’autres infections comme la grippe. Mais comme il y a des dommages à d’autres organes à cause de l’inflammation et aussi un risque de caillots sanguins, l’intubation durait longtemps, ce qui causait des dommages aux poumons à cause du volume et de la pression de l’air des respirateurs. Nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait la retarder si on suivait de très près l’état des patients. » L’utilisation d’oxygénation par canules, des petits tubes qui entrent peu profondément dans les narines, est privilégiée.
Antibiotiques
Pour s’assurer qu’il n’y a pas d’autres problèmes que la COVID-19, des doses importantes de plusieurs antibiotiques sont données aux patients. « Ça évite qu’il y ait des infections secondaires bactériennes qui compliquent le traitement », dit le Dr Samoukovic.
Anticoagulants
Quand les médecins se sont rendu compte du risque de caillot sanguin, qui mène à des thromboses et à des AVC, ils ont introduit des anticoagulants. « Contrairement aux autres virus respiratoires, il y a des dommages aux vaisseaux sanguins au niveau de la microcirculation, qui génèrent des caillots, dit l’intensiviste du CUSM. Ça crée les dommages aux autres organes, comme le rein, ça cause des crises cardiaques et ça fait des embolies pulmonaires. On s’est rapidement basés sur des algorithmes de traitements mis au point dans des pays touchés plus tôt, et on a commencé à être très agressifs pour les anticoagulants en prophylaxie. Et s’il y avait le moindre doute qu’il commençait à y avoir des caillots, on était très, très agressifs avec des anticoagulants intraveineux ou sous-cutanés. »
Stéroïdes
Le premier médicament spécifique pour la COVID-19 a été un stéroïde appelé dexaméthasone. « On en donne une dose pendant 10 jours au début, ça diminue le risque d’intubation et de mortalité, dit le Dr Samoukovic. On diminue l’inflammation et les dommages aux poumons et aux autres organes. Les membranes des poumons sont moins affectées. »
Antiviraux
Le président Trump a eu droit à plusieurs antiviraux expérimentaux, dont le remdésivir de la société Gilead et des anticorps monoclonaux mis au point par Regeneron (deux entreprises américaines). Ces deux médicaments ont été élaborés pour d’autres maladies, mais testés rapidement pour la COVID-19. « Ici, on s’en sert pour des essais cliniques, mais pas au niveau standard, on attend de voir les résultats », dit le Dr Samoukovic. Même chose pour le plasma de convalescent, un extrait de sang de patients guéris de la COVID-19 qui fait encore l’objet d’essais cliniques au Canada et ailleurs. Le Dr Samoukovic pense qu’il est très probable que d’ici quelques mois, il y aura plusieurs autres médicaments pour traiter la COVID-19.
Poumons artificiels
L’intensiviste montréalais supervise un essai clinique pour un poumon artificiel, extérieur, sur lequel sont branchés les patients les plus malades. « On a essayé ça pour dix patients qui étaient presque sûrs de mourir, et on en a sauvé six. On apprend à moduler les paramètres du poumon artificiel, les cinq derniers patients ont tous survécu. »
De 0,2 % à 1 %
Taux de mortalité moyen d’une infection à la COVID-19
Source : MedrXiv