(Montréal) Alors que les cas de COVID-19 sont en hausse, des médecins craignent de manquer à nouveau d’équipement de protection individuelle, comme des masques et des gants.

La situation avait été critique lors de la première vague au printemps, alors que le manque d’équipement de protection avait été montré du doigt et que les gouvernements faisaient des pieds et des mains pour acheter du matériel à l’étranger.

Les médecins au Canada sont toujours inquiets de ne pas en avoir assez pour affronter la seconde vague de la COVID-19, soit 58 % d’entre eux, selon un sondage mené par l’Association médicale canadienne (AMC).

Parce qu’encore récemment, ils avaient de la difficulté à se procurer de l’équipement de protection individuelle : au Québec, c’était le cas de près de 44 % des médecins répondants à ce sondage, mené à la fin du mois d’août.

Au niveau du Canada, ils étaient 54 % à avoir rencontré des difficultés d’approvisionnement de masques, de visières et de gants, à la fin août. Les embûches les plus nombreuses ont été rapportées au Manitoba, par 61 % des médecins sondés.

Certains ont signalé que les délais de réception étaient trop longs, que les fournitures envoyées étaient de mauvaise qualité, et d’autres, qu’il était difficile de trouver un fournisseur qui en avait en stock.

La crainte d’une pénurie d’équipement de protection est encore là, surtout pour les masques N95, a indiqué mardi en entrevue Dr Abdo Shabah, urgentologue et membre du conseil d’administration de l’AMC pour le Québec.

Lui-même a travaillé récemment dans des salles d’urgence affichant un « code jaune » pour l’équipement de protection individuelle (EPI), ce qui signifiait à cet endroit qu’il n’y en avait que pour trois ou quatre semaines.

La hausse des nouveaux cas d’infection à la COVID-19 va accroître encore plus le besoin d’EPI, explique-t-il.

Au Québec, le gouvernement de François Legault a octroyé bon nombre de contrats pour qu’un maximum d’équipement soit fabriqué dans la province.

Le sondage révèle que le pourcentage de médecins québécois qui craignent de ne pouvoir mettre la main sur l’équipement nécessaire est le plus faible parmi les provinces sondées, à 33 %. L’inquiétude est la plus élevée au Manitoba et en Colombie-Britannique, à 68 %.

Les conséquences d’une pénurie d’EPI sont « majeures », explique le Dr Shabah.

« Cela accroît le risque de contamination et il ne faut pas que le personnel de santé soit un vecteur de la propagation de l’infection.

« Le moindrement qu’il y a une faille dans le système, ça vient court-circuiter l’ensemble des efforts. »

Et puis, si le personnel soignant tombe malade, cela a des répercussions sur les soins donnés à toute la population, ajoute le docteur.

Il faut que le système soit bien approvisionné, à tous les niveaux, insiste-t-il.

Malgré leurs inquiétudes, les trois quarts des médecins sondés estiment que le système de santé est mieux préparé à faire face aux prochaines vagues de COVID-19, comparativement à la première.

Le sondage a été mené du 19 au 24 août 2020 par l’AMC et 1459 médecins membres y ont répondu, autant des médecins exerçant en milieu hospitalier que dans des cabinets privés.

L’Association médicale canadienne se décrit comme la porte-parole nationale de la profession médicale au Canada.