(Vancouver) Près de 20 % des personnes atteintes de la COVID-19 à la fin de juillet travaillaient dans le système de la santé au Canada, un chiffre supérieur à la moyenne mondiale.

Dans un rapport publié au début de mois, l’Institut canadien d’information sur la santé indiquait que 19,4 % des personnes déclarées positives au 23 juillet étaient des travailleuses de la santé. Douze d’entre elles — neuf en Ontario et trois au Québec — sont décédées, a-t-il mentionné.

L’Organisation mondiale de la santé avait dit en juillet que les travailleurs de la santé comptaient pour 10 % des cas de COVID-19 à l’échelle de la planète.

Selon la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières, la situation canadienne est attribuable à la réponse lente à la pandémie, à une pénurie de main-d’œuvre et à un manque d’équipement de protection individuelle.

Linda Silas, la présidente de la Fédération canadienne des infirmières et infirmiers, qui compte 200 000 membres dans l’ensemble du pays, sauf au Québec, dit que les hôpitaux avaient approché la pandémie en se fiant aux conclusions d’une commission d’enquête sur la crise du SRAS en 2003.

« Je pensais que nous étions prêts, reconnaît Mme Silas. Et puis au début du mois de mars, et à la mi-mars, nous avons réalisé à quel point nous n’étions pas prêts. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons l’un des plus hauts taux de travailleurs de la santé infectés. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Un porte-parole du ministère de la Santé de l’Ontario, David Jensen, dit que les leçons tirées du SRAS avaient été mises en œuvre, notamment en donnant plus de pouvoirs au médecin-hygiéniste en chef pour donner des directives aux travailleurs et aux organisations.

L’approche du nouveau coronavirus a été adoptée sur une base de précaution, car peu d’informations étaient disponibles sur sa transmission et sa gravité, ajoute-t-il.

« La majorité des cas est liée à une transmission par contact direct étroit avec une personne atteinte de la COVID-19. Il n’y a aucune preuve que la COVID-19 est transmise par voie aérienne. »

L’Organisation mondiale de la santé a reconnu en juillet la possibilité que la COVID-19 se propage dans l’air sous certaines conditions. Selon elle, les personnes les plus à risque sont les médecins et les infirmières qui effectuent des procédures spécialisées, telles que l’insertion d’un tube respiratoire ou le placement des patients sous un respirateur.

Michael Brauer, professeur à l’école de santé publique de l’Université de la Colombie-Britannique, dit que la COVID-19 ne correspond pas au modèle aérien traditionnel où les virus restent infectieux sur de longues distances et pendant de longues périodes.

« Il y a eu une petite évolution dans notre compréhension de la transmission », signale-t-il, ajoutant qu’il y avait des preuves qui démontraient dès le mois de mars que le virus pouvait être transmis par voie aérienne.

Si une plus grande attention a été accordée à la transmission de surface au début de la pandémie, il semble maintenant que la voie aérienne soit plus importante, convient-il.

Le gouvernement du Québec a déclaré que le taux élevé de contamination communautaire dans la province et la pénurie de main-d’œuvre dans les établissements de santé de longue durée avaient plus exposé les travailleurs de la santé à la COVID-19.

« Au cours des derniers mois, le Québec a traversé une crise sanitaire sans précédent », souligne Robert Maranda, un porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Le plan de lutte contre la COVID-19 a principalement reposé sur l’expérience tirée de la pandémie de grippe porcine de 2009, explique-t-il. « Cependant, la grippe H1N1 n’est pas le même virus que celui contre lequel nous luttons actuellement. Une personne atteinte de COVID-19 peut transmettre le virus sans présenter de symptômes, ce qui n’est pas le cas de la grippe. »

Mais comme on en sait plus sur le nouveau coronavirus, la riposte a changé. En principe, les travailleurs de la santé ne peuvent plus travailler dans des endroits différents.

Mme Silas dit que la Fédération a lancé une enquête sur les raisons pour lesquelles les travailleurs de la santé n’avaient pas été mieux protégés au Canada. Un rapport est attendu d’ici la fin de l’année.

Elle reproche aux autorités fédérales d’avoir mal recueilli des données sur les travailleurs de la santé infectés par la COVID-19.

« Il y a un manque d’informations », soutient Mme Silas.

Natalie Mohamed, porte-parole de l’Agence de la santé publique, a déclaré que 25 % de tous les cas signalés concernaient des personnes qui se décrivent comme travaillant dans le secteur de la santé. Les données ont été collectées auprès des provinces et des territoires depuis mars.

Ceux qui s’identifient comme travailleurs de la santé comprennent des médecins, des infirmières, des dentistes, des physiothérapeutes, des travailleurs à domicile, des préposés à l’entretien et des bénévoles.

Certains travailleurs de la santé peuvent également être infectés en dehors du travail, dit Mme Mohamed, bien que les données d’exposition soient incomplètes.