Le gouvernement et les responsables de la santé publique devraient outiller les jeunes dans la vingtaine pour réduire leurs risques de contracter la COVID-19, plutôt que de les blâmer parce qu’ils sont surreprésentés parmi les personnes atteintes du virus, selon des spécialistes.

Deux expertes en neurosciences soutiennent que les autorités devraient s’adresser aux jeunes en reconnaissant que ceux-ci adoptent possiblement des comportements risqués et en donnant des instructions plus claires sur la façon dont ils peuvent se conformer aux règles de distanciation physique.

« Le désir de sortir et de sociabiliser avec les autres est inhérent à nous tous », soulève Kim Hellemans, directrice du département des neurosciences à l’Université Carleton à Ottawa.

« Mais chez les jeunes et les étudiants, en particulier, ils se définissent par leur socialisation, souligne-t-elle. La pandémie et le fait de devoir socialiser dans de plus petites bulles sociales va vraiment à l’encontre de cette envie biologique et sociologique d’être avec leurs pairs. »

Selon la mise à jour épidémiologique hebdomadaire du gouvernement fédéral, le nombre de nouvelles infections a augmenté de 26 % à l’échelle nationale durant la semaine du 30 août au 5 septembre. « Depuis la fin juillet, les taux d’incidence ont diminué dans toutes les tranches d’âge ; cependant, les adultes âgés de 20 à 39 ans constituent toujours la proportion la plus importante de tous les cas », peut-on lire dans le rapport.

Depuis le mois de juillet, les personnes âgées de moins de 40 ans continuent de représenter la plus importante proportion d’infections. Ils constituaient 62 % des cas signalés au cours de la première semaine de septembre, la plupart touchant de jeunes adultes de 20 à 29 ans.

L’experte en neurosciences et vulgarisatrice scientifique Samantha Yammine, de Toronto, convient que les jeunes adultes doivent mieux respecter la distanciation physique, mais les messages gouvernementaux en font trop peu à ses yeux pour cibler ce groupe d’âge et les défis auxquels il fait face.

Après avoir sondé de manière informelle des centaines de jeunes dans la vingtaine sur Instagram, Samantha Yammine dit avoir constaté que beaucoup d’entre eux ont du mal à retourner à l’école, que ce soit en tant qu’étudiants ou enseignants.

« Beaucoup de gens emménagent dans un nouveau logement avec de nouveaux colocataires. Alors, la question de la cohabitation est un autre gros problème dont on ne parle pas vraiment. »

Selon Mme Yammine, les autorités pourraient fournir des instructions plus claires, notamment sur la façon dont les jeunes en colocation peuvent maintenir leur bulle sociale, car les attentes et les limites de chacun s’avèrent parfois difficiles à concilier.

« En parallèle, il y a des gens qui vivent seuls et qui ne savent pas qui ils peuvent voir parce que plusieurs de leurs amis socialisent beaucoup », illustre-t-elle.

Les stratégies de communication comptent pour beaucoup, insiste la neuroscientifique, toujours dans un souci de réduction des risques.